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«

REVUE

DES

LANGUES ROMANES

r-

MONTPELLIER, IMPRIMERIE CENTRALE DU MIDI

Ricateau, Haroelin etCie.

REVUE

DBS

LANGUES ROMANES

PUBUBB

PAR LA SOCIÉTÉ

POUR L'ÉTUDE DES UNGUES ROMANES

TOME SIXIÈME (JoUlat at Ootobn 1S74)

Gt num^o contient 252 pagei de suppUmenl

-MONTPELLIER ! PARIS

! BUREAU DBS PUBUCATIONS j A LA UBUAIRIB DB A. KRANOC

PB LA SOCIÉTÉ (TnWBB, pnprUUIt*}

•OQil'Rn» DUUiSDll iDKtni 67, HDB nicnBi-iBD, 67

UDUGCLXX1V

Création de deux Chaires de langue et de littérature provençales

Quand la Roman ta a paru en 1872, nous nous en sommes réjouis et nous lui avons souhaité bon succès, sachant bien qu'il y avait place pour deux dans le vaste domaine de la philologie romane, en France, et que la science n'avait qu\^ gagner à cette loyale concurrence des phi- lologues du Nord et du Midi. Nos souhaits se sont réalisés. Cet excel lent recueil , dont nous n'avons cessé de recommander la lecture aux amis des études sérieuses, a pris, lui aussi, une extension considérable, et son succès, comme le nôtre, témoigne de Timportance que le pu- blic intelligent attache aux études qui nous sont chères.

La Revue ile^ Langues romanes est devenue l'organe des savants et des poètes du midi de la France, et la Roma nia celui des principaux ro- manisants, non-seulement de Paris, mais encore de l'étrangei, del'Ita- lie, du Portugal et de TAUemagne même. Ainsi, par la force des choses, et grâce à l'initiative de quelques travailleurs de la province et de Paris, la France reprend le goût et, en quelque sorte, la direction do ces études qu*on peut dire nationales, puisqu'elles ont pour objet princi- pal notre littérature et notre langue antérieures au XVII* siècle. Mais cela ne suffit pas. A côté de l'enseignement écrit, représenté par la Revue des Langues rotnan^s et par la Romanin., il faut organiser l'en- seignement oral de la philologie romane

VI

La langue et la littérature des provinces de langue d'oïl ont, dans M. G. Paris, professeur au Cîollége de France, un interprète digne d'elles. Pourquoi n'y aurait-il pas dans ce même Collège de France une chaire spéciale pour la philologie provençale? Nous nous servons à dessein du mot philologie, pour mieux indiquer le caractère purement scientifique de cet enseignement. Non pas qu'il faille en exclure les appréciations littéraires, mais parce qu'il serait nécessaire d'exiger de celui auquel on le confierait une préparation spéciale et complète, l'étude de la langue méridionale tînt la première place et la plus consi- dérable.

Comme ces travaux n'ont repris faveur que depuis quelque temps, les hommes en état de suffire & cette tâche sont encore bien rares. Aussi ne demandons-nous pour l'enseignement de la philologie pro- vençale que deux chaires nouvelles : une à Paris, au Collège de France, l'autre à Montpellier. La chaire]de Montpellier serait considérée comme une annexe de celle du Collège de France. Le titulaire serait nommé, comme ses collègues de Paris, sur la présentation des autres professeurs du Collège de France ; il jouirait des mêmes avantages et prendrait les mêmes engagements. On éviterait ainsi de modifier en quoi que ce soit l'organisation des Facultés universitaires, et la nou- velle chaire de provençal serait à la Faculté, sa voisine, ce qu'est 'le Collège de France à la Sorbonne.

Cette mesure donnerait satisfaction à notre amour-propre national et provincial. N'est-il pas humiliant, en effet, de penser qu'on soit réduit à demander comme une faveur la création d'une ou deux chaires de philologie provençale, quand on sait que l'Allemagne en compte plusieurs, et cela depuis des années ?

Il faut enfin que notre double littérature, comme l'a dit si heureuse- ment M. Nigra au centenaire de Pétrarque, la littérature du Midi, comme celle du Nord; que les œuvres des troubadours, comme celles des trouvères; que la langue de Goudouli, de Jasmin et de Mistral, comme celle de Racine, de Lamartine et de Victor Hugo, soient étudiées au^ même titre et avec le même soin. Il faut aussi, il faut surtout pourquoi ne pas le dire? que la langue des paysans, que les patois en un mot, soient étudiés sur place, dans le milieu qui les a vus naître et qui les voit vivre, et, autant que possible, par les per- sonnes qui les connaissent le mieux pour les avoir pratiqués dès leur enfance. La science a le devoir de ne rien négliger, et la philologie qui laisserait de côté les idiomes populaires ne serait pa.s plus une science que la botanique qui dédaignerait les plantes sauvai^es, les humbles fleurs du buisson, pour ne s'occuper que des plantes de nos jardins et des brillantes fleurs de nos serres.

La France n'a que des avantages à retirer de ces nobles études. Ses

VII

dÎTers gouyemements ont si bien senti qu'il fallait diriger vers les choees de Teeprit le réveil de la vie provinciale, qu'ils ont soutenu toutes les Sociétés savantes qui s'y sont formées.

Que Ton persévère donc dans cette voie, et Ton fera tomber du même coop ce qu'il peut y avoir d'excessif dans certaines revendica- tions ; que l'on donne le nécessaire, et personne ne sera plus tenté de réclamer le 8ux>erflu, surtout le superflu qui peut être nuisible à tout le monde.

f

BEVUE

DB3

LANGUES ROMANES

DIALECTES ANCIENS

LES SUBSTANTIFS VERBAUX

FORMÉS PAR APOCOPE DE L'INFINITIF

Observations sur un procédé de dérivation * trés-fréquent

DANS LA LANOUE FRANÇAISE ET DANS LES AUTRES IDIOMES NBO- LATINS.

2* édition, revue, corrigée, augmentée

AVANT- PROPOS

Le mémoire qa'on va lire a été publié pour la première fois, en 1864, dans les J/emoîres de l'Académie des inêcHptioiis et belles- lettres, après avoir subi, dans le sein de cette compagnit,. Tépreuve des lectures réglementaires.

* On disait encore au XVI' siècle dérivaisontei cela était beaucoup plus conforme & Tanalogie, puisque l'on dit de même raison, déraison, termi naison, dédinaison, etc.» tous provenant de mots latins terminés on atio, ationis. Jaques de la Taille, en 1573 (la Manière de faire des vers fran- foi»), p. 9 et suivantes, traite en un ohapitre spécial : de la Dérivaison.

6 DULECTËS ANCIENS

L*auteurde IsiLogiqtuf de Port-Ro,yal dit, dans le deuxième Discours préliminaire :

(( Il seroit à désirer que Ton ne considérât les premières éditions d'un livre que comme des essais informes que ceux qui en sont les auteurs proposent aux personnes de lettres, pour en apprendre leurs sentiments, et qu'ensuite, sur les différentes vues que leur donneroient ces diférentes pensées, ils j travaillassent tout de nouveau pour mettre leurs ouvra- ges dans la perfection ils sont capables de les porter. » Il y a dans ces paroles un grand fond de vérité. Le présent mémoire était, je puis le croire, quelque chose de mieux qu'un «essai informe», quand il obtint l'approbation de l'Académie des belles-lettres. Mais l'analyse historique des langues fait sous nos yeux de si rapides progrès que, pen- dant ces dix années, une attention souvent reportée vers cette première étude m'y a fait découvrir bien des lacunes et des erreurs. La critique de mes amis m' aidant aussi à me corriger, j'oâEre aujourd'hui aux curieux et aux connaisseurs en ces matières un travail plus complet et plus exact que n'était celui de 1864. Sans avoir atteint à la « perfection », moins que personne j'ose prétendre, on trouvera, j'espère, que j'ai utilement enrichi la collection des dérivés qui font le sujet de cette étude et que je les ai analysés avec plus de rigueur et de précision. Ces améliorations scrupuleuses sont le meilleur titre que je puisse avoir à la bienveillance de MM. les roma- nistes de Montpellier, qui m'ont libéralement ouvert, pour la réimpression d'un mémoire déjà connu du public, l'hospita- lité de leur savante Revue.

Paris, !•' mai 1874.

INTRODUCTION

Du originibua Terborum qui multa dixerit com- mode, potins boni caosalendum, quam qui aliqidâ ncqnlverit, reprebendendam ; pnesertim qnnm dicat etymologice non omninm verborum dlci poese caumm .

(Varaon, df Lingua Intina, VIT, !• édit. Otfr. Mttlkr.^

Depuis qu'il y a en France des grammairiens et des gram- maires de la langue nationale, Tétymologie des mots français

I,ES SUBSTANTn>S VERBAUX 7

n'a guelfe cessé d^étre recherchée avec ardeur. Bile Ta été quelquefois avec succès dès le XVI® siècle, H. Ëstienne, par exemple, dans ses Hypomneses de gaUiea Ungua, offre, sur ce sujet, des rues ingénieuses et vraies; elle Ta. été au XVn* dans les écrits de Ménage, dans un opuscule fort ori- ginal de J. Catherinot*, enfin dans quelques parties du pre- mier Dictionnaire de l'Académie françoiee. Au XVIIP siècle;, on peut dire que les principales règles de Tétymologie scienti- fique sont assez clairement posées par Falconet, dans un mé- moire lu à TAcadémie des helles-lettres*, et par le célèbre Turgot dans un article de V Encyclopédie^ ; ces mêmes règles sont appliquées avec beaucoup de sagacité à Thistoire des langues romanes dans de curieux mémoires de Bonamy et de LaOume de Sainte-Palaye* . Au commencement du XIX® siè- cle, Butet, dans des leçons qui furent alors remarquées et en- couragées par la troisième Classe de Tlnstitut, présenta sur les rapports étymologiques de notre langue et du latin des idées encore utiles à recueillir aujourd'hui, et le livre il les ré- sume ne mérite pas Toubli il semble tombé'. Des idées justes et heureuses sont aussi répandues dans le Dictionnaire étymologique de Roquefort et dans la préface ajoutée par M. Ghampollion-Figeac à l'édition de ce livret

Mais, quel que soit le mérite de ces travaux divers, c'est plus récemment que Tétude des origines de notre vocabulaire a été fondée sur une juste alliance de l'analyse grammaticale et de l'histoire. En général, la méthode purement lexicographie que suivie par nos anciens étymologistes n'est pas la plus favo- rable au développement de la saine critique en matière d'éty-

' Les Doublets de la langue (Bourges. 1683}.

* 1745, t. XX des Mémoires de l^ Académie des inscriptions et beUes- lettres.

' Réimprimé dans les Œuvres de Turgot (Paris, 1808), tome lli, avec quelques pages inédites sur les mêmes matières.

1751, t. XXIV drt-i Mémoires de l'Académie des inscriptions et bellts- lettres.

' Abrégé d'uH cours complet de leooicologie, Paris. (1801t 1 vol. in-8^ sous le même titre, sans numéro d'ordre.)

Dictionnaire étymologique de la langue française, précédé d'uii<i dissertation sur l'étymologie. Paris, 1829,2 vol. ia-8*; voyez surtout p. xxxui .

8 DIALëCTBS AN0I1W8

mologie : elle rapproche trop souvent certains faits qui n'ont qu'une ressemblance accidentelle, elle éloigne Tun de Tautre des faits qui sont unis par une intime analogie ; enfin elle laisse trop au second plan Tétude des formes grammaticales. U ne faut donc pas s'étonner si, malgré les progrès accomplis dans ces études, il y reste encore bien des difficultés à résoudre, bien des questions à approfondir.

Parmi ces questions, il j en a une sur laquelle je voudrais attirer l'attention. Il s'agit d'un principe d'étjmologie, déjà signalé, il est vrai, en termes précis, par M. Diez dahs sa Grammaire des langues romanes*^ et par M. E. Mâtzner dans sa Grammaire française ^ mais qui, néanmoins, ne paraît pas avoir pris dans la théorie historique de ces idiomes la place qu'il mérite d'y occuper. Comme, d'ailleurs, ce sujet touche à des questions d'un ordre plus général et d'un grand intérêt pour l'histoire des langues, j'ai pensé qu'on pouvait en faire le sujet d*un mémoire spécial^.

Quand on ouvre lapremiere édition dix Dictionnaire de V Aca- démie françoise^^ les mots, comme on sait, sont rangés par ordre de racines, on remarque qu'un grand nombre de mots simples s'y rencontrent subordonnés à des mots qui en sem- bleraient plutôt les dérivés : par exemple appresl se lit au- dessous d'apprester, comme si le substantif n'était qu'un dé- rivé du verbe, au lieu d'en être la racine ; de même :

Appel so lit au-dessous do appeler.

AnnoncOt annoncer.

Arrest, arrester.

Cousty couster.

* P. Dicz, Grammalikder romanisclien Spra^lien, t. II. p. 232 (!'• M., 1838); t. H, p. 2G3(2« éd., 1858), et Elymoîogisches Wûrterbuch, 1853, Vorrede, p. xxiii.

^ Franzosische Grammatik mit besonderer Deûcksichligung des La

teinischm (Borlin. 185G), p. 268.

' L33 rôàullals gC'nôraux du présent mônniro ont été admis par M. Bro- chet dans V Introduction do son Dictionnaire étymologique de la langue française, p. xxxii-xxxiii (1870). M. LilirôetM. Brachel ont signalé dans lecoursdelours dictionnaires le plus grand nombre des sabatantif^ ver- baux que nous étudions ici (note de 1874).

«Paris, 1694,2 vol. in folio.

LES SUBSTANTIPS VERBAUX 9

Comtet, eomtaitrê.\

Débat, débaUre. Sdans l'article battra

Rabat, rabattre. )

Descharge^ descharger,

Élêoe, élever

Estime, estimer.

Recours, recourir. I . _*. ,

^ . > dans l article courir,

becours, secourir. (

Cet arrangemeQt ne peut être Teifet du hasard ; il atteste une intention, mais une intention dont la préface des rédac- teurs ne nous dit rien.

Si les rédacteurs du Dictionnaire ont voulu constater que dans les exemples ci-dessus le verbe est historiquement anté- rieur au substantif qui y correspond, il faudra leur faire hon- neur d'une observation aussi juste qu'elle était neuve alors, et qui depuis a été longtemps négligée.

Ce qui est certain, c'est que le principe en question se trouve assez régulièrement appliqué dans le Dictionnaire de 1694 ^ Quant à nous, pour mettre ce principe en pleine lu- mière et en suivre méthodiquement les applications, nous embrasserons d'abord d'une vue plus générale les rapports étymologiques de notre langue et de la langue latine.

PREMIÈRE PARTIE

n est évident aujourd'hui pour tout le monde que le latin a fourni les principaux éléments de notre langue. Hais lorsque, dans une page écrite en français, on rapproche de chaque mot le mot ou les mots latins auxquels il remonte par voie de dé- rivation plus ou moins directe, la première impression qu'on

* Toutefois, onylit demeure avsini demeurer, loge ùvaniloger. déclin avant décliner , amenfie avant amender, débauche avant débaucher, etc , ce qui laisse voir au moins quelque incertitude dans l'esprit des rédac- teurs. De même quelques lexiques modernes, comme celui do Roquefort (au mot erre, de errer, errare] et celui de Burguy la suite de sa Gram- maire, au mot faillir), offrent des exemples isolés de dérivations comme celles que nous ôtudiouB dans ce mémoire ; mais on voit que les auteurs de ces lexiques n'ont encore l&-dessu3 aucun principe flxe et dont ils aient reconnu rapplieation dans un grand nombre d'exemples.

10 oiâlbctbs anciens

éprouve de ce rapprochement est celle d'une concision étrange. Prenons pour exemple quelques lignes deBossnet, dans le Dis- cours sur l'Histoire universelle :

A J'àge de trente- trois ans, au milieu

Ad illum œtaficum de triginta très annos ', ad iUummedium loeum

des plus vastes desseins qu*uD horoine eût jamais

de mis plus vastis de-signis ' quœ unus homo habuisset jam magis

conçus et avec les plus justes espérances d'un. heureux

coTKXpla et apiid hoc (?) Mis ptus justis sperarUiis de uno auguroso

succès, Alexandre mourut sans avoir eu le loisir d'établir

stuccessu. Alexander morivU sine habere habilum illum Ucere de stàbilire

solidement ses affaires, laissant un frère imbécile et sol idch mente sua ad faoere, laxantis unum fratrem imbecUlum H

des enfants en bas âge incapables de soutenir un si

de iUos infantes in hasso adatico incapabiles de sustinere unum sic

grand poids. grande pensum.

Ne semble-t-il pas, à première vue, que les mots dont se compose cette belle phrase soient sortis comme au hasard d'éléments latins pris à tous les âges et comme à tous les de- gré.^ de corruption et de barbarie? Ne semble-t-il pas qu'ils se soient souvent déformés ou agrégés de la façon la plus gros- sière; qu'aucune règle, aucun principe, n'ait dominé le travail de décomposition par notre langue est sortie du latin? Il n'en est rien cependant. Plus on étudie, plus l'ordre appa- raît sous ce désordre ; plus on voit se dégager des lois con- stantes du milieu des faits qui paraissaient d'abord fortuits et irréguliers. Et les radicaux et les flexions ont subi l'action se- crète, mais puissante, d'un principe qui n'est plus précisément celui des langues synthétiques de l'ancienne Europe, mais qui s'y rattache par de profondes analogies. Le seul chapitre que

' Le lecteur remarquera de lui-môme que l'application que nous faisons ici de la syntaxe des cas avec les propositions latines a quelque chose d'arbitraire, puisque Toubli de ces règles est précisément un des traits caractérisques d^ la décadence du latin au moyen &ge et de sa transformation en dialectes néo-latins.

* A la rigueur, il faudrait dire ici desigtiare, oomme on le verra par la suite de ce Mémoire. Presque chaque mot du texte exigerait des expli- cations du mémp genre, auxquelles suppléera la sagaoilé de nos leotears.

LES SUBSTANTIFS VRRBAUX 11

je vais esquisser d^une histoire grammaticale de la langue française suffira pour montrer clairement ce que j'appellerais . volontiers la méthode secrète en vertu de laquelle notre lan- gue s'est formée, et, sur quelques points, continue à se déve- lopper sous nos yeux.

Les grammairiens distinguent facilement entre les mots latins qui ont produit des mots français: Un fonds de mots communs à toutes les périodes de Thistoire de la langue latine et qui forme encore aujourd'hui le principal fonds de la langue française; il serait superflu d'en citer ici des exemples. 2* Des mots qui ne se retrouvent que dans le latin populaire, dans le latin technique et dans celui de la décadence, par exemple :

Minare (Apulée. Ausone, saint Jérôme), qui a produii mener .

Corbicula (Palladios) corheiUe,

fliliaiKtfr (Isidore de SôviUe) fiiàiire.

Patraster (Inscriptions) parâlre.

.Eramen (Priscien et les Codes), airain (cf. examen essaim). Nutritura (Gasaiodorej nourriture,

3** Des mots qui existent dans le latin classique, et cela dès les temps les plus anciens, mais qui s'y rencontrent rarement, tandis que leur introduction dans notre langue prouve qu'ils ont être jadis d'un fréquent usage. Ainsi aiguille vient cer- tainement de acieula, que l'on ne voit plus employé que dans un texte du Code théodosien *.

La même observation s'applique aux huit mots suivants :

AbetUê, qui vient de apieuto (Plante et Pline l'Ancien), apicèlla?

Oiseau (oisel), avicula (Aulu-Gelle), avicella ?

Agneau (agnel) agneUus (Plaute).

Menaces, minatiœ (Plaute).

Dompter, domitare (Virgile el Pline).

Haleter^ haXitare (Enniusl.

Couverdê, cùopercxAum (Pline l'Ancien).

TaUle iaiea (Gaton TAnc); cf. interUAiare (Nonius) .

4^ Enfin des mots latins dont l'existence très-ancienne ne peut être aujourd'hui démontrée que par une certaine ana- logie avec d'autres mots qui se retrouvent dans les auteurs.

111, XVI, 1, 00 lit aussi aciicula.

\t DIALBCTH» ANGIBN8

et surtout j^ le mot même qu^ils ont produit dans quelque idiome nëo-iatin. Tels sont :

SomniciUus, qui a produit sommeil, et qui d'ailleurs a prôoéder en latin fomniculosuSt adjectif connu fmr des témoignages classiques. Soliculust qui a produit . soleil.

Spicare ^espier (cf. conspicare^ despicare).

Sedica siège (cf. pedica— -piège) ' .

Tauréilus taureau

Vascellum vaisseau.

Husiores (pluriores) plusieurs.

Pendicare pencher (cf. daudicare clocher) .

Abimere aveindre (cf. adimere, eximere, etc.)

iMcellux luisA, luiseau ^.

Quelquefois ce n'est pas le mot latin lui-même, mais une forme particulière de sa déclinaison ou de sa conjugaison, qui nous est attesté par le dérivé français. Par exemple, le géni- tif carniê et les autres cas obliques de caro n'expliquent pas bien notre mot populaire carogne ou charogne; une déclinaison inusitée, comme carônis, earôni, carônem, carône, en pourrait seule rendre compte, et pour le son et pour l'accent de la pé- nultième. Les inûnitifs suivre, naître, et l'infinitif archaïque iraislre, ne peuvent être dérivés de sequi, nasei, irasci, mais bien de sequerej nascêre^, irascere, comme pailre vient de pas- cere, croître (creitre) de crescere^ et paraître de parescere , Notre inûnitif vouloir (voloir) ne conduit pas au latin velle, mais bien à volëre, ou plutôt à votëre, comme douloir répond à dolëreet rarchaïque sauloirksolëre. De même, pouvoir ne peut se dériver de rinfinitif classique posse, qui aurait produit en français un mot comme puisse ; mais il se rattache facilement à quelque forme telle que potere, ou plutôt polëre. Or potere et volerene sont, à vrai dire, que d'anciens infinitifs de possum etàevolo, ponr pot '686, vol-ese, selon l'étjmologie générale-

* Je ne puis maintenir ces deux exemples-ci sans renvoyer aux objec- tions que M. Diez me fait Thonneur de m'adresser en œ qui les concerne, dans une noie de sa dernière édition, 1. 1*', p. 25 de la traduction française. Cf. plus bas, p 37, note 3.

^ J. Quicherat, dans le BuUeêin de la Société impériale des Antiquaires, 1863, p. 139.

' Celui-ci est attesté par Ce ton, de Re rustioa. c. 151, du reste la leçon eal douteuse.

LES SUBSTANTIFS VERBAUX IS

ment admise aigourd'hui par les latinistôs^ Bien plus^pel^Mf se lit encore dans de vieux auteurs latins. Cela posé, Taifaiblis- sement, puis la suppression de la dentale (, s'explique dans poiere comme dans succuteref qui donne secouer, et dans les autres cas semblables; Tinsertion du t; dans pooir, ou pœir, s'explique comme dans pleuvoir, qui vient de pluere, et dans les autres cas semblables. Or poeir, pooir, povoir, pouvoir, sont précisément, dans notre orthographe française, les formes suc- cessives d'un même dérivé de poiere*.

De même, notre infinitif o//rfr se tire moins facilement de offerre que de offerere (puis o/ferire?), qui rappelle légère deve- nant en français lire, dueere devenant duire, et vingt autres semblables ^.

Quelquefois ( on le voit par les déductions mêmes qui pré- cèdent ) c'est une chose plus subtile encore qui nous est attes- tée par la forme des dérivés français, je veux dire la variation de l'accent et de la quantité dans la langue mère. On a re- marqué plus haut que nous admettions des infinitifs polère et volére à pénultièmes longues, et par conséquent accentuées; le rapprochement des faits qui vont suivre ôte à cette conjec- ture ce qu'elle semble avoir de trop hardi au premier abord.

On s'explique sans peine la forme et l'accent des mots sui- vants:

toisir, dBiicere; nusir (pour : nuire), àonocere; gésir, dejaeere; laisir (pour : taire), detoc^e; moisir, de mucere; plaisir (pour : plaire), de placere;

qui nous offrent d'ailleurs le changement régulier du c en $, comme dans /c«ard( lézard), de lacertus ; raisin, de racemus, etc. Mais les infinitifs taire et plaire, seuls usités aujourd'hui,

* Voir le résumé de ces opinions dans un savant mémoire de M. L. Latige : Ueber die BUdung des lateinischen Infinitivuni prcBseniis passivù (Extrait du tome X des Mémoires de VAcad. de Vienne, 1850, in-4*.)

' Voir quelques bonnes observations sur ce sujet, dans l'Origine de la langue française, par M. de Chevallct, t III, pag. 198 et 206.

* Le changement de Ve en t a déjà lieu pour quelques finales en ère dans le latin de la décadence. A.insi gemire pour gemere^ que Ton a ré- oemmeoi Irouvé dans une inscription de Vienne {BuUetin de la Scciélé des âniiquaires, 1860, p. 147 et suiv.), explique le dérivé gémir ^ tandis qufi gémerefi donné geindre Cf. eurrêre, qui a donné courra et courir.

14 l>lÂl.BOTfiS ANCIENS

supposent, par leur accent, des formes telles que tâcëre, plâ- cere, accentuées sur la syllabe radicale. L'ancien infinitif /otr^? se rattache mal à la formé licëre^ mais il se rattache fort bien à la forme licêre, comme bùire kbibëre^. Les deux infinitifs ardre et ardoir répondent régulièrement, le premier à drdëre, le se- cond à ardëre, qui est seul attesté par des exemples. Les ver- bes tnceo, plaeeo, licet^ ardeo, semblent donc avoir eu jadis un infinitif conforme à la troisième conjugaison, comme Tavaient certainement fulgeo, ferveo, seateo et quelques autres*.

De même notre verbe mordre ne s'explique pas par mordëre, qui, ainsi accentué, donnerait mordir ou tnordoir ; mais bien par une forme môrdëre.

De même semondre, s'il vient, comme on le pense, de submO' nere, nous induit à croire qu'on a prononcé jadis submônëre, au moins chez nos ancêtres les Gallo-Romains . Il en est de même du vieux verbe espondre, si on le compare au latin spon- (lëre, et de répondre, si on le compare à respondëre '. Concipëre, percipëre, recipëre, nous conduisent naturellement aux infini- tifs romans conceivre, perceivre, reeeiwrê, mais non pas aux for- mes concevoir, percevoir, recevoir, qui, comme savoir, de sâpëre, semblent supposer des infinitifs latins à pénultième longne et, par conséquent, accentuée^.

Si l'on songe à quoi il tient souvent qu'un mot latin, qu'une forme d'un mot latin ait disparu ou se soit conservée jusqu'à nous, on se sent encouragé à quelque hardiesse en ces sortes

' Il esl vrai que videra a donné veotr, voir, par Teifet d'une conlrac- tion dont on donnera plus bas d'autres exemples.

Voir le livre de Struve, Ueber die lateinische Deklination und Konju- galion (Kœnigsberg, 1823), pag 188 et suiv.

s 11 se pourrait aussi que répondre vint tout simplement de repofiere, qui signifie aussi, en bon latin, « répliquer d et dont l'accent convient mieux avec la fbrme de cet infinitif français. (Comparez d'ailleurs pondre, deponere). Si cela est vrai, on n'aurait jamais écrire respondre; on ne devrait ni écrire ni prononcer correspondre, mais bien corrépondre. Il y a dans Thistoire de ces mots quelque confusion qui n'est pas encore éclaircie. Au reste, ce verbe ponere a subi d'autres confusions avec les verbes pausare (d'où poser ) et repausare (d'où reposer) .

* Il est bien entendu qu'il s'agit ici de mots formés par le peuple ; car les mots de formation savante contredisent fort souvent ces lois de l'accent.

LES SUBSTANTIFS VERBAOX 15

de coigectures*. Modemus, mot très-bien formé selon l'analo- gie de démmus, hodiernus, hesternns ( pour heritemus, hésiter- nus ), ne s^est trouvé jusquUci que dans Prlscien et dans Cas- siodore ; caminare, qui se lit dans Siçulus Flaccus; htUuere, qui se lit dans Plante, n'auraient pas produit les mots changer et b(Uire, s'ils n'avaient été pour les Gallo-Romains que ce qu'ils sont aujourd'hui pour nous, des raretés lexicographiques. Moriri n'aurait pas donné mourir, ni halitare, haleter, si nos ancêtres n'avaient pu que les lire dans Plante, dans Ovide ou dans Ënnius.

Il est donc permis de croire que, si une partie de l'ancien lexique latin a pour jamais disparu, quelques parties en res- tent encore cachées au fond même des langues romanes, et que ces parties peuvent en être dégagées par l'analyse éty* mologique. Mais c'est un travail la critique doit apporter beaucoup de prudence, car il offre des difdcultés nombreuses, entre autres celles qui tiennent au principe dont je vais mon- trer les nombreuses applications. Avant d'y arriver, je dois d'abord rappeler quelques définitions élémentaires. On a tant abusé de l'étymologie, que cette science, pour marcher sûre- ment, ne saurait trop rendre compte, à chaque pas, de la ri- gueur de ses méthodes.

Le mot dériver désigne, chez les grammairiens, deux opéra- tions différentes. Dans une langue donnée, dériver c'est for- mer un mot d'un autre mot par l'addition ou d'un suffixe, ou d'une terminaison, ou de l'un et l'autre à la fois. Ainsi, en grec, de ^oxifioç (recevable, valable), dérivent âoia[iâiu ^ùTuitoLtria. ^oxt^TTfiç* Ainsi, en latin, de lœius dérivent lœtor lœtitiay etc. Voilà le procédé vraiment organique de déri- vation, celui qui domine dans les langues la synthèse grammaticale s'est développée avec une sorte de conscience et de réflexion ; il est encore assez actif dans les langues néo- iatines.

Mais on appelle aussi dérivation le changement par lequel un mot passe d'une langue dans une autre et y passe, d'ordi- naire, plus ou moins altéré. C'est la dérivation que j'appellerais

* Voir !à-dM8Ufl les remarques de M. LiUré, dan» le Jown^ fU^s Sa- ^anU de 1855, pag. 301 eisuiv.

16 I)T\LBCTB8 ANCIENS

volontiers inorganique, parce que, le plus souvent, ou bien elle brise et détruit les produits délicats de la synthèse an- cienne,ou du moins elle les défigure. Par exemple, dans le fran- çais aumône, dérivé de è\tYitio<nfvvi^ par l'intermédiaire du latin eleemosyna^ comment reconnaître la composition savante du mot grec dont il est venu ? Comment reconnaître reXoivffcov, te- lonium^ dans toniieu ; TcokitirTv^oç dans le français pouUlé, qui pourtant en dérive par les altérations successives : poly tiens, politicus, poleUcus et polegiuin ? Comment reconnaître chirurgus dans Tanglais-normand surgpon ? le composé trisyllabe securus dans notre monosyllabe «lir? Que reste-t-il du principal élément de benedicere dans le français bénir?àemalediceredB,iïs\e vieux français maleir? de obedire ( autrefois oft-attdtrc) dans o6«r? du vrai radical de avimcu/u^, dans le français oncle, qui n'en reproduit plus que la terminaison altérée ?

Dans la transition du latin au français, ce second genre de dérivation comprend des phénomènes grammaticaux assez divers : changements de forme et de sens ; changements de catégorie; production de mots français qui répondent symé- triquement à des séries de racines et de dérivés latins ; produc- tion irrégulière et sans symétrie, etc. Dans la diversité de ces phénomènes, quatre cas surtout doivent être signalés ici.

I. Le latin nous a fourni distinctement le mot primitif et le mot dérivé dans :

8enSy de sensus, et sensible, de sensibUis. Vis (visdgo), de visus, et visible, de visibiliê Armes, de arma^ et armer, de armare. Cercle, do circulas, et circuler, de circulare. Bon, de bonus, et bonté, do bonitas-âtis. Plaindre, de plangere^ et plainte, de planetus^a.

Seulement le latin nous fournit quelquefois les mots de ces deux séries par deux procédés différents, Tun plus populaire, et par conséquent plus ancien, l'autre plus réfléchi, et par con- séquent plus moderne, de façon que le primitif et le dérivé se rapprochent tour à tour ou s'éloignent davantage de la forme latine originale. Exemples :

Sur, qui vient de super par une forte contraction, et suprdme, qui

vient de supremus par le seul changement de la terminaison, bûr, de securus, et sécurité, de securUas-étis.

IJBS SUBSTANTIFS VBKBAUX 17

Ëoole, de Mftoto, et ediolaire, de seholarU.

Étude, de studium, et studieux, de studiosus.

Etincelle, do 8cintUlaf et scinliller, de scintUlare,

Veille, devigUia; veiller, de vigilare, et vigilance, de vigUanUa.

Tact, de tadus, et tangible, de tangihUis

Gioiro, de credere, et crédule, de credtdus,

II. Le latin donne le mot racine sans le dérivé. Exemples :

Gène vient de ccpna, mais nous n'avons pas de verbe dérivé de cœnare.

Pable fabuia, fabulari, œnfabalari.

Mœurs mores, moratus.

Vorace. ...... voraXy vorare.

Neuf. novus, notxire, renovare.

Dans ce dernier cas, c'est le diminutif novellus qui a produit en français nouveau ( nouvel), d'où renouveler.

III. Le latin donne le dérivé sans le mot racine. Exemples:

Oiseux, de., otiofu^, sans que nous ayons le dérivé direct de otium.

frascible.. . . . irascibilis irasci.

Belliqueux. . . bellicosus, . fidlum

Vulgaire vulgaris, vulgus

Spectacle ipectaculum, speclare.

Buslique rusticus, rus, ruris.

Détruire .... destruere, )

^ ^ , 5 siruere

Construire... construere, )

Quelquefois, dans ce cas, le défaut de symétrie vient de ce que Tusage a laissé se perdre un des dérivés. Ainsi, comme /ira- gilis avait donné frêle, frangere avait donné fraindre; mais ce dernier n'existe plus que dans l'histoire ancienne de la langue et dans le composé, encore usuel, enfreindre. Soudre de solvere s'est conservé dans la langue jusqu'à La Fontaine; nous ne possédons plus aujourd'hui que les composés absoudre, dissou- dre, résoudre.

IV. Mais en général, et surtout dans les deux catégories étroitement unies des verbes et des noms, notre langue s'ef* force d'avoir, pour toutes les idées qui en sont susceptibles, les deux termes correspondants. Quand le latin no lui fournit pas ces deux termes, elle supplée celui qui manque, tantôt verbe, tantôt nom, et c'est alors surtout qu'elle se montre in- g^énieuse à retrouver, par des procédés plus ou moins imités de la langue mère, les mots dont elle a besoin. Far exemple,

18 DTALBCTBS ANCIENS

après avoir reçu du latin le verbe attendre [aftendere]^ elle y rattache le nom abstrait attente, de attenlus-a, qui remplace ainsi chez nous le latin expectatio, nom abstrait correspondant à expectare. De même, elle a fait un substantif du participe la- tin dans les mots suivants, lorsqu*à

Prendre, de. prendere, elle rattache . . prise, de. prensus-a;

ËQoeindre, . . incingere, enceinte, incincttis-a:

Teindre. . . tingere teinte. . . tinctw-a:

Vendre vendere vente. . . . venditus-^i;

ce qui n'est que Textension d'un procédé tout latin, puisque les Romains rattachaient volontiers au participe passif ou au supin de leurs verbes un nom abstrait formé sur le même ra- dical, comme dans :

Mordere morsuSf morsus-ùs.

Fremere. fremitum, fremitus-ûs

Offendere, offensas, offensa-œ.

Defendere, defensus, defenscHs.

Audire, auditus, auditus-ûs.

Mais, une fois engagée dans cette analogie, notre langue ne s'arrête pas, et elle y conforme une foule de noms abstraits dont chacun est inexplicable par le participe ou le supin cor- respondant. C'est ainsi que fente se rattache au verbe fendre, dérivé du .latin findere, mais ne peut être directement dérivé du participe fissus; il le serait seulement d'un participe finditus, dont on ne trouve aucun exemple. Il en est de même pour la série des exemples suivants :

Etreinte, qui ne peut venir de strictus, quoique étreindre vienne de

stringere. {Strictus nous a doimn l'adjectif ^^roi^ )

Empreinte, impressus: empreindre, imprimere.

Feinte, fiotus; feindre, fingere.

Ponte, positus: pondre, ponere.

Tonte, tons us; tondre, tondere.

Fonte, fusus; fondre, fandere.

Tente, tensus; tendre, tendere.

Crainte, craindre, tremere^.

il me semble qu'on ne saurait trop remarquer ce jeu in-

' Voir sur cette dérivation, qui peut paraire louteuse au premier abord, les observations décisives de M. Littré, dans son Dictionnaire, au mot craindre.

LKS SUBSTANTIFS VBRBATTX 19

atinctif et fécond de rorganisme seoûndaire qui ae déTeloppe aur les débris d'une langue morte et en fiait sortir un idiome nouveau.

Mais un autre moyen, peu observé jusquUci, par lequel notre langue a enrichi la classe des noms abstraits, consiste à re- trancher ou abréger la terminaison d'un infinitif, pour faire de cet infinitif un nom qui prend alors à Tégard du verbe le rôle apparent et quelquefois trompeur d'un mot racine à Tégard de son dérivé.

La liste suivante* comprend les nombreux exemples, dont ressort clairement la loi, ou plutôt le principe d^étjmologie ^ qui est l'objet spécial de ce mémoire.

Aboi (les abois, aux abois), aboyer, adbaubari (basse latiniié) \

Accord et autrefois accorde, accorder, accordare (b. 1.).

Accueil, accueillir, cueillir, coUigere.

Achat, acheter (achater), accaptare (b. 1.) ou accepUire.

Acquit, acquitter, quitter, quietare (Priscien).

Adresse, adresser, dresser, droit (vieux français: dreiasy dreice), di-

rectus. Affiche, afficher, ficher, fiœare (b. 1.) Affront, affronter, affrontare (b. I.). Aggrave, aggraver, aggravare. Aide, aider, adjutare {aidar en provençal). Air (v. f ), aïrer, adirare (b. L). AUôge, alléger, cUleviare (b. 1.). Allonge, allonger, aUûngare (b. 1.). Amas, amasser, masser, moisare (Prû^ciea), inassa. Amble, ambler, ambulare.

* Bile s'est fort augmentée dans la présente édition de ce mémoire, no- tamment par les exemples nouveaux que m'a fournis le Dictionnaire étymologique de M. A. Brachet. On verra pourtant que je n'ai pas cru pouvoir admettre tous les mots signalés par l'auteur comme « substantifs verbaux».

* Il est bien entendu que l'on prend ici le mot loi ou le mot principe dans le sens l'emploient les physiciens et les naturalistes. La loi, c'est la formule qui exprime le caractère commun de tous les phénomènes d'un même genre; elle constate donc et résume des ressemblances dans l'ordre des faits historiques, elle tixe la tradition du passé ; elle ne prescrit rien pour l'avenir; tout au plus nous autorise-t-elle à prévoir le retour de cer- tains phénomènes sous l'action continue d'une même force .

> Voir sur œ mot les nouvelles observations de M. Bouclierie, dans la Retme des langues romanes, t. V, p. 353-S54.

tO DIALECTES ANCIEN»

Amende, amender, enandare.

Annonce, annoncer, annurUiare^ .

Appel (v. f. appeau), appeler, appfUart.

Applique, appliquer, applicare.

Apport, apporter, apportare.

Apprôt, apprôler (rendre prêt;, prœstus, a, um (b. 1.).

Approche, approcher, appropiare (8t Jérôme et Sulpice Sévère).

Appui, appuyer, appodiare (b. !.)•

Arrêt, arrêter (arrester), rester, restare (ou directement arres-

tare, b. 1.)- Arroi, arrei, arroyer, arrêter arrigare (b. 1.)*. Atour, atournor (v. f.), tourner, tornare ou directement aUomart,

(b. 1.).

Avance, avancer, avant, alh^nte.

Aveu, avouer, advocare.

Baisse, baisser, bas (bais), ba5^u9(b. i.).

Balan (dial. saintongeois), balancer, balance, bilanx-cis. Cf. <lan,

élancer).

Blâme, blâmer (blasmer), blasphemare (b. 1.).

Cache, cacher, coactare (b. 1 )

Cnsloi ou chasloi (v. f.)t castoyerou chastoyer, castigare.

Gussc, casser, quassare^ cassare (Code Justinion).

Cesso (sans), cesser, cessare.

Charge, charirer, |

r>. . ^ ï carricare, carruca.

Charroi, charroyer, )

Cherche (v. f.), chercher, cercare, circare ?

Claim et clam, claime, clamer (v. f.), damare.

Clin, cligner, clinare.

Combat, combattre, œmbatuere (b. 1.)

Coromand (v. f.) commande, commander, commendare.

Compas ', compasser, passer, passare (b. 1.), passas.

Concert, concerter, concertare.

Confort, conforter, confortare (b. 1.).

Conroi, conrei, conroyer, conreier (v. r.), v. Arroi'.

Conserve, conserver, conservare.

Consigne, consigner, consignare.

Consire, consirer (v. f.), considerara.

Consulte, consulter, consultare.

i II est, toutefois, & remarquer que losubstantifannuntiuf se trouve déjà dans Apulée.

' Cf. le Glossaire de Burguy, p. 327, qui oublia que riga, par ses dé- rivés rlgarc, arrigare, œrrigare, derigare, peut fournir une étymologte plus naturelle des mots arroi, corroi, desroi.

' Voir sur ce mot l'article du Diotifmnaire de M . Littré.

LES SUBSTANTIFS VIBRBAUX 2t

Conte, conter, ownpiÊtar& '

Conteste, contester, amiestari.

Contonr, contourner, tourner, tomare.

Contraste, contraster, oontrcutarê (b. 1.).

Contreuve, controuver, trouver ^

Gonvine(v. f.), convenir, nmvenite.

Convoi, convoyer, conviare (cf. voie, «le via).

Couche, coucher (colcher), eollocare.

Coupe, couper, coup (de colpw, h. J., pour colapus, calaphwt)

Goût (coust), coûter, constare*

Craime, crieme (v. f.), cremîr, tremere.

Cri, crier, quiritare (cridar en provençal).

Crêpe, crêper, crispare.

Croupe, croupissure (dans Est. Pasqiiier), croupir, dérivé hii-mème

de croupe avec le sens concret ^. Guide, cuidor (v. f.). cogUarp. Cueille, cneillir, coUigerp. Déb&cle, débAder, dc^AcuJara (b 1.) Débarras, débarrasser, barre {barras ?) Débat, débattre, debaiitere (Pétrone). Déblai, déblayer, debladare ou debladiare (b. 1.). Débours, débourser, bourse, bur8a{h. l). Décharge, décharger, charger, carricare (b. I.). Déchaus (deschaus, v.f.), déchausser, discalceare. Décompte, décompter, compter, compiUare. Déconfort, déeonforter, conforter, nonfortare. Décor, décorer, decorare. Décri, décrier, crier, quirilarp. Dédain, dédaigner, dedignari. Defrait, défrayer, frai, fredum (b. L). Dégaine, dégainer, gaîne, vagina. Dégât, dég&ter (v. f., pour dévaslpr), tlevasiare. Dégel, dégeler, geler, gelare. Dégoût, dégoûter, goûter, gustare. Délai, délayer, dUatare. Délit (v. f.), déliter, délétère. Délivre (a4j. et subst. v. f.), délivrer, livrer, Uberare. Demande, demander, demandare (b. 1).

Demeure (demor, demour), demeurer (domorer, demoiiror). domorari Déni, dénier, denegare. Départ, départir, partir, partiri.

* Compte, qui dérive de œmputare, doit être une contraction directe du bas latin compiUus,

^ Ms. fr. n. 785 de la Bibl. nat.. cité par Joly, BpnoU de Sainte-More, p. «2.

' Voir sur ce mot rarlicle du Dictionnaire de M. Liltré.

22 1>IALECTBS ANCIENS

Dôpôche, dôpôcher, depedicare ? (CL impedicare, pedica.)

Dépense, dépenser, dispensare (voyez dispense) .

Déport (v. f ), déporter, deporlare.

Dépose, déposer, poser, pausare.

Dépouille, dépouiller, dtspoiiare.

Dépri, dôprier. deprecari.

Dérive la), dériver, derivare.

Désaveu, désavouer, avouer, advocare (ou: aveu, ad wtum ?).

Désir, désirer, desiderare,

Desloz (v. f.), desloer, loer, louer, laudare.

Desroi, desrei *, desroyer, desreier (v. f. V. Arroi).

Dessein et dessin, dessiner, designare

Destin, destiner, destinare.

Détail, détailler, taiUer, taleare (b. l. Gf. toille, de talea) .

Détour, détourner, tourner, tomare.

Détourne, détourner, tourner, tomare .

Détrempe, détremper, tremper, temperare.

Devance (dialecte blaisois), devancer, devant.

Deuil, doloir ou doubir, doter e.

Devis et devise, deviser, divisare (b. 1.).

Diffame (v. f.), diffamer, diffamare^.

Discord, discorder, discordare.

Dispense, dispenser, dispensare.

Dispute, disputer, disputare.

Doute, douter, dubitare.

Drecie (v. f. voie, chemin), drecier, dressier, dres, dreit. directus

Duplique, dupliquer, duplicare.

Ébat, ébattre, battre, batuere.

Ecart, écarter, carte, charta.

Echange, échanger, changer, cambiare.

Echeveau (échevel), écheveler, chevel, capUlwt.

Eclair, éclairer, exdarare (Vitruve).

Ecorce (écorche), ôcorcher, excorticare (b. l.)-

Ecorne (arch.), écorner, corne, cornu^.

Ecoutes (être aux), écouter (escolter), auseultare ^

Effort, efforcer, forcer, force, fortia (b. 1.).

' Même sens que désarroi^ aujourd'hui seul usité.

^ Voyez Nicot, qui dérive étourdiment ce mol du grec ojc^jyj^eïv Quel- ques personnes alors, trompées par cette fausse étymologie, voulaient écrire d y (faîne.

3 On ne sait comment Roquefort a pu, dans son Lexique, donner pour racine de ce mot le verbe lai in sperno; c'est un exemple des aventures s'égare l'étymologie sans méthode.

* On a dit autrefois escot^ esœut, escui^ eschut, avec le sens d'espion, guet. Burguy, Gramm. rom.^ I, p. 293; II, p. 138.

LBS SUBSTANTIFS YfiRBAUX 23

Effroi (effreij, eflfrayer, efferare? ou plutôt exfrigidare, effrigidare

(selon M. Brachet). Egout, 6goutter, goutte, guUa. Elan, élancer, lancer, laiMearê (Tertuliien). Elève (maso, et fôm.)» élever, elevare. Embarras, embarrasser, barre (barras ?)

Embrasse, embrasser (embracier, embrâchier), imbraeehiare (b. 1.). Emmanche (dialecte blaisois), emmancher, manche, manica. Emploi, employer, implicare. Empois, empeser (empoiser), impicare (Columelle). Emprunt, emprunter, in-promiUtiare? (b. i.) Encaisse, encaisser, caisse, capsa. Enchère, enchérir, cher, canu. Enclave, enclaver, indavare (b. L), Encombre, encombrer (encombler), combler, cumulare. Endos, endosser, dos, dorsum. Engrais, engraisser, incrassare (Tertuliien). Enhort (v. f.), enhorter, inhortari (Apulée). Entaille, entailler, tailler, taleare (b. 1.). Entosche (v. f. poison), entoscher, intoxicare (b. !.)• Entrave, entraver, inirabare?^ traba-bis. Entrelacs, entrelacer, lacer, laqueare, laquews. Entretien, entretenir, iiUertenere (b. 1.). Envi l'envi), envier (v. f. enchérir), invUare ', Envoi, envoyer, inviare (b. 1 ).

Epouvante, épouvanter, expaverUaref expavens-tis, expaveo. Epreuve, éprouver (éprouver), prouver, prtjbare. Epure, épurer, pur, pwrus. Equerre (esquarre), esquarrer, exquadrare ? Escompte, escompter, compter, computare. Esme (v. f. pour estime), esmer, œstimare. Espie (espion), épier (espier), spîcare (v. simple, d'où conspicare,

despicare). Espoir (v. f. espeir), espérer, sperare. Essui, essuyer, exsuoeare. Eveil, éveiller, evigilare, Event, éventer, venter, ventare (b. 1. de Vêntus). Excuse, excuser, emusare. Faille, faillir (v. f. faudre), /oi/^rtf'. Parce, farcir, (ardre.

Fauche, faucher, falcare (b. 1. Cf. faux de faix-cis). Fatigue, fatiguer, fatigare.

' Méconnu par Burguy, démontré par G. Paris, dans la Bibliothèque de VBcoU des charUs, YI* série, T. I, p. 175.

* Voir, sur ce verbe et sur Falloir, la dissertation spéciale de G. Backe (Stralsund, 1869, in-4*).

24 DIALECTES ANCIENS

Ferme (en archit , piôoe qui ferme), fermer, (irmare.

Fiche, ficher, ftxare.

File, filer, fil, fUum.

Flaire, flairer, fragrare.

PorioDge, forlonger, foris-Umgare (b. 1.)*

Fouille, fouiller, fodicularef fodioare.

Foule, fouler, fuUare (b. 1.).

Frai, frayer (froyer), fricare.

Fret, fréter, frelare (b. 1 . ) .

Gast (V. f. pour dégftt), gaster, vatftare.

Gonfle (adj. etsubsL), gonfler, conflare.

Gouverne, gouverner, gubemare.

Greffe (la), greffer, greffe (le), graphium.

Groin (groing), grogner, grunnire.

Haleine, halener (v. f.)t anhelare.

Hausse, hausser, aUtiare? (b. 1.) aUus.

Intrigue, intriguer, Mricare.

Invite, inviter, inviiare.

Jeûne et jeun jeun), jeûner, jejunare .

Joute, jouter, juxtare (b. 1.)-

Juge, Juger, judicare (cf. la forme ancienne : juis, de judex).

Lais, laisser, laxare.

Legs, léguer, legare.

Lézarde, lézarder, lézard, kusertus

Ligue, liguer, ligare.

Loue, louer, loeare.

Maintien, maintenir, mamt4enere.

Manque, manquer, mancare (b. ].), mancus.

Mardie, marcher, marcare (*? fouler, battre le sol), marcM(marteau).

Mépris, mépriser, priser, preUare (Gassiodore).

Mine (chemin souterrain), miner, tninare (b. 1 ).

Montre, montrer, monttrare.

Mue, muer, mutare.

Nage la), nager, navigare.

Nargue, narguer, narire (b. 1 ), naricare ('?s naris.

Nolis, noliser, naulisare (b. 1 ).

Octroi, octroyer, attctorare.

Offre, offrir, offèrre (pour offérere, puis offerire ?')

Pactis, pactiser, pactixare (b. l.)>

i^arcours, parcourir, percurrere (puis percurrire?

Pardon, pardonner, perdonare.

Parfum, parfumer, perfumare? fumare

Passe, passer, pas, passus (Cf. outre-passe, en vieux fï^nçais, K

outre-passer).

Paye, payer, pacare (Cf. paix, de pax). Poche, pécher, piscari. Pense (v. f.), penser, pensare.

LES SÏÎFSTANTIPS VERBAUX ?5

Plant, planter, plantare (Gf. plaale, de fdoÊfUa).

Pleur, p'eurer. plorare.

Pli, plier, plicare.

Port (sens actif)} porter, portarê (Gf. port, de poriiiâ).

Pose, poser, païuare (Gf pause, de pauM).

Pourdias (v. f.), pourchasser, chasser, ct^ptaret capHare ?

Pourvoi, pourvoir, prooUiere.

Pousse, pousser, piAsare (Gf. pouls, de pvAsiU),

Prêche, prêcher, prœdicare.

Présent (don), préSMiter, prœsentare (Gf. présent, 9à'j.,deprasens).

Presse, presser, ffressare.

Prêt, prêter ^^prcBgtare,

Procure, procurer, procwmre.

Prolonge, prolonger, proUmgare (PHnc).

Protêt, protest, protester, pt^oUslari.

Purge, purger, purgare.

Rabais, rabaisser, baisser, bas, bossus (b. 1.).

Rabat, rabattre, battre, haUtere,

Raccord, raccorder, accorder, accordare (b. !.)•

Rachat, racheter, acheter, accepîare.

Ragoût, ragoûter, regustare

Raie, rayer, radiare, radius^.

Rallonge, rallonger, allonger, alkmgare (b. l.).

Ramas, ramasser, masser (m&cher), massarr (Priscien), ma^sa

Rappel, rappeler, appeler, appeUare.

Rapport, rapporter, apporter, apportare.

Recel, receler, celer, celare.

Rechange, rechanger* changer, catubiare.

Réchaud (orthographe vicieuse), réchaolfer, cfaaufTer, calefacere.

Recherche, rechercher, chercher, cercare{b. \.), ctrcaf a (Tibulle^

Récit, réciter, r9oUare.

Réclame, réclamer, reciamarf.

Récompense, récompenser, compenser, oompensare.

Réconfort, réconforter, conforter, eanfartaré (b. l.).

Record (arch.), recorder, recordari.

Recours, recourir, recurrere.

Recueil, recueillir, raootfi^ere.

Recul, reculer, cul, otiiuf.

Rédime (v. f), rédimer, dimer, dêcimare

Reflet, refléter, reflectere.

Réforme, réformer, refarmare.

Refus, refuser, refutare ou plutôt refuHare ? <

' Ack/ta, que M. Brachet suppose pour expliquer raie, es* inutUe, dès que le verbe rayer peut si facilement rendre compte de ce substantif.

- Voir les remarques de M. Boucherie, dans la Rmme, des Langues ro- fnanes, t. IV, p, 538, et t. V, p. 354.

26 DIALECTES ANCIENS

Regret, regretter, reqruintare (Plante).

Rejet, rejeter, jeter, jactare.

Relâche, relâcher, reUioxire,

Relai, relayer, rdigare (dans le sens négatif de délier).

Relais, relaisser, relaaare.

Relaxe (terme de droit), relaxer, relaxare.

Relief (bas ou haut), relever, reievare.

Remblai, remblayer (voyez Déblai).

Remonte, remonter, monter, mont, moru-tis.

Rempar (t), remparer, emparer, parer, parare.

Rencontre, rencontrer, encontrer (v. f.)} encontre, in-conira.

Renfort, renforcer, forcer, force, fortia (b. 1.).

Renom, renommer, nommer, nominare.

Renonce, renoncer, renunUare.

Renverse la), renverser, verser, versare.

Renvoi, renvoyer, envoyer, inviare (b. 1.)

Repaire ou repère, repairer ou repérer, repatriare (b. 1.)-

Repart (v. f.), repartir, partir, partiri.

Repli, replier, replicare.

Réplique, répliquer, replioare.

Report, reporter, reportare.

Repos, reposer, repausare (b. 1.)-

Réserve, réserver, reservare.

Respir », respirer, respirare.

Ressaut, ressauter, saulter, saUare.

Ressort, ressortir, sortir, «or^tri; peut-être resartiri (b. 1.).

Reste, rester, restare.

Rester (v. f.), restorer, restaurer, restaurare.

Retaille, retailler, tailler, tàieare (b. I.).

Retard, retarder, retardare.

Retour et retourne, retourner, tourner, tomare.

Revanche, revancher (revanger), venger, vindicare.

Réveil, réveiller, veiller, vigilare.

Réverbère, réverbérer, reverberare.

Ruse, ruserî reeusare ?

Sacre, sacrer, sacrare.

Saute (de vent), sauter, saltare (Cf. saut, de saitus).

Scie, scier (v f. sîer), secare.

Secours, secourir, siuxsurrere.

Séjour, séjourner, subjomare (b. l.)«

Semble (v. poitev.), sembler, simulare.

Séquestre (action de séquestrer), sequestrare.

Serre, serrer, serare.

Signifie (v. poitev.), signifier, significare.

Souci, soucier, soUicitare,

Respir de vie. De Laudun Daigalliers, AH poétique (1597), IV, 9.

LES SOBSTAOTIPS VKRBAUX n

Solde, solder. «Mdare i ^ ^^ ^^ ^, ^ ,^y^)

Soude, souder, «oitdaré P Souffle, souffler^ sufflare. Soutien, soutenir, susUnere- Supplique, suppliquer? (supplier), supplicare. Support, supporter, supportare. Surcroît, surcroitre, croître (creitre), crescere. Surget, surgeler (surjeter), jeter, jtu^re. Surverse, surverser, verser, versare. Taxe et taux, taxer, taxare. Tourmente, tourmenter, tourment, iormentum. Tourne (nom féminin), tourner, tomare. Trace, tracer, tractiare ? (cf. trait, de tractus). Traîne, traîner, train, tragmen ? Traite, traiter, tractare.

Tranche, trancher, truncare? (Cf. tronc, de trunous). Transfert (orthographe vicieuse), transférer, tr ans ferre Transport, transporter, transporiare. Traverse, traverser, transoersare (b. 1). Trempe, tremper, temperare. Trépas (trespas), trespasser, transpctssare (b. 1 ). Treiour (trestour, v f.), trestourner, tourner, tomare, ou plus di- rectement transtomare (b 1.)- Tri, trier, tritare (b. 1.).

Tribol (triboul. triboil), triboler (v. f.), tribulare '> Trot, trotter, toliUare.

Trouble, troubler, turbtUare? (Cf. turbula ei turbulentfAs) Trousse, trousser (torserj, tortiare ?, tortus. Verse, verser, versare. Viol, violer, violare. Visite, visiter, visUare. Vocalise, vocaliser, vocal, voccUis Vol (des oiseaux), voler, volare. Vol (action de dérober), volare (b. 1.), vola.

Voilà donc environ 330 substantifs verbaux dus au même procédé de dérivation. Le nombre pourra en être diminué par des restrictions que je n'ai pas prévues, ou augmenté par des observations nouvelles, soit sur le langage parlé, soit sur les vieux textes, sans que la vérité du principe général soit ébranlée par quelques additions ou quelques suppressions.

Dans cette longue liste, considérée au point de vue logique, on remarquera d'abord que, sauf deux ou trois exemples, comme déchaux, délivre, gonfle, tous les dérivés sont des sub- stantifs ; puis que, sauf de rares exceptions (comme espie, escout, gr<nn, juge, présent^ etc.), tous ces noms ont un sens abstrait

2S DIALECTES ANCIENS

et répondent comme noms d'action au verbe avec lequel ils ont commune racine *. Au point de vue purement grammatical, on remarquera d'abord que tous les verbes, sauf une quinzaine d'exceptions', appartiennent à la première conjugaison». Tous offrent, d'ailleurs, par rapport au substantif correspondant, un même phénomène que la comparaison avec le phénomène opposé fera d'autant mieux comprendre.

Souvent un nom latin, après être passé en français, y a produit un dérivé verbal, comme :

(MîDiam oubli, qui nous a donné o'àblier.

Ppcten i>eigne peigMr.

Swfpicio^nis soupçon soupçonner.

Simiua singe singer.

Passio-onis— psi9sion passionner.

Murus mur murer.

Au contraire, dans les cas nombreux que présente notre liste, c'est le verbe qui le premier dérive, plus ou moins direc- tement, d'un mot latin, soit classique, soit populaife ou de basse époque, tandis que le substantif n'a pas de nom qui lui corresponde en latin ; ou, si le substantif français répond à un nom latin, c'est à un nom formé tout différemment et le plus souvent d'une autre racine. Par exemple :

Au mot: Aide, répond le mot., adjumentum, ou le mot auxilium*

Appel appellatio. . . provocalio.

Aveu confessio.

Blâme vituperium.

Compte suppuUUio.

Déni denegatio

Demeure commoratio^ etc.

Bien plus, non-seulement aucun substantif latin ne corres-

» Voyez M. Diez, Etymoi. Worterbuch, Vorrede, p. xxiii.

* Recueillir, recourir, etc. Encore le nombre des exceptions sera-t-il diminué si Ton remarque que recourir et parcourir, cueillir eirecumUir , entretenir et maintenir, se ramènent respectivement à la môme racine, currerCf légère, tenere

3 Cette conjugaison est d'ailleurs et de beaucoup !a plus riche dans notre langue, puisqu'elle renferme à peu près le^ quatre cinquièmes des verbes. On compte environ 700 verbes en ir, 135 eu re al 40 seulement en oir. Voyez M. B. JuUion, Cours mpérieur de Grammaire ( Paris, 1849), t. I, p. 112-113.

LB8 SUBSTA14TIFS YBRBAUX »

pond, pour la forme et la racine, au substantif français, ce qui pourrait provenir de ce que le substantif latin n'est arrivé jus- qu'à nous par aucun témoignage ; mais, dans beaucoup de cas, on s'aperçoit sans peine que ce substantif ne pouvait même pas exister en latin ,

Si Ton ne trouve à aucune époque de la langue latine les mots derivus, perdonum, pour expliquer déripe et pardon, il faut reconnaître pourtant qu'ils sont aussi conformes à l'analogie latine que les mots ile9iu$, per aides, etc. De même le substantif tUmoraf analogue pour la forme à moraet rémora, qui sont des mots bien authentiques, pourrait avoir jadis existé en latin. Le même raisonnement s'applique à percursus et à suceur - sus, qui répondent à parcours et secours: rapprochés de cursus, de concurstts et de recursus, qui sont d'un usage bien attesté dans le latin classique, de tels mots ne blessent aucune vrai- semblance. Dans tous ces cas, l'absence seule de témoigna- ges nous détourne d'admettre les mots de forme latine Ton serait tenté de retrouver l'origine du nom français cor- respondant.

Mais souvent aussi c'est la logique qui prononce, et une logique qu'il ne faut pas confondre avec les principes abstraits se sont trop longtemps enfermés nos grammairiens*; celle que nous invoquons s'appuie sur l'observation des faits et sur lee lois les plus visibles de l'étjmologie latine.

Ainsi le mot recueil ne peut se dériver que de recueillir; car, des cinq sjltabes de recolligere, il ne représente matériel- lement que les deux premières, recol, c'est-à-dire deux parti- cules invariables, re et ctim (cette dernière altérée par açsimi- lation), qui ne peuvent constituer un radical nominal en latin. Cueille est dans le même cas par rapport à cueillir; malgré la forme un peu plus pleine qu'il a conservée dans l'orthographe,

* Voir, par exemple, le livre de G. Henry, Histoire de la langue fran^ çaise {P^ria, ISlî, t vol. ia-8»), livre Ton trouve encore aujourd'hui quelque observations bonnes à recueillir, mais dont le modeste auteur se fonde presque toujours sur les théories abstraites de Girard et des autres grammairiens du XVII I* siècle. On remarquera surtout l'idée in~ complète ol fiausse qu'il s'est faite de la scienoe que^ le premier peut-être en France, il appaèle la qratnmaire comparée.

30 DIAI^ECTBS ANCIENS

il rappelle plutôt quHl ne représente le radical verbal, dont il enferme le sens comme nom d'action .

La chose n'est guère moins évidente pour recel, déni, appel, qui n'offrent que des tronçons du radical des verbes recelare, denegare, appellare,

Restare nous donne le français rester ; mais peut-il corres- pondre lui-même à un nom latin restum ou re$ta, qui serait l'origine du français reste ? Cela est contre toute apparence ; car les seuls dérivés connus de la racine sta se forment, soit en es ou idum, comme superstes, solsticium, etc. ; soit en atto, comme statio; soit en aculum, comme obslaculum, La même observation s'applique à un autre composé de stare, comtare, d'où le français coûter, par un changement de l'n en u, qu'on retrouve dans :

Goutauces, de Constantiœ.

Couvent, de conventus,

Moustier et moûlier, de monasterinm.

Epoux et épouse, de sponsus et sponsa, etc.

Coutume, de œnsuetudO'inis.

De coûter s'est donc formé, par suppression de la flexion infi- nitive,lemot coût, signifiant dépense . D'une façon semblable prœstare a produit prester, prêter, puis prest et prit,

Fatigare, en latin, ne paraît pas remonter non plus à un mot simple /a%-a; car on y reconnaît: Pie radical qui se retrouve dans fessus, et probablement dans/àltsco; 2^ le suffixe et la flexion verbale gare, que nous offrent encore :

Remigare dérivé de remus, Litigare dérivé do lis-tis.

Fumigare fumus. Fustigare faittis.

Lêvigare lèvis. Castigare^ castus.

Mitigare mUis. Navigare tuwis.

Jurgare {jurigare ) . . jus-ris. Purgare {purigare).. purus-

Fastigare, qui se rattache d'un côté à fastus, de l'autre à fastigiutn; enfin vestigare, dont le radical vest ne se retrouve plus que dans vestigium ; et caligare, dont le radical n'existe pas non plus à l'état simple, mais se retrouve dans le nom ruligO'inis.

' En rrançais, chcutoyer, puis chc^sUer, châtier; ce qui nous induirait à supposer un verbe latin niiidigare, pour expliquer le français nettoyer.

LES SUBSTANTIPS VERBAUX 31

Le mot fatigue ne nous autorise donc pas à snposer un nom latin fatiga ; il dérive plutôt de notre infinitif fatiguer.

On ne songera pas à tirer veille de veiller, parce que le latin vigilia, par sa forme et son accent, rend suffisamment compte d*un mot français comme veille: dans cet exemple, en effet, on voit la première syllabe se fondre avec la seconde qui por- tait Taccent, comme dans les exemples ci-dessous :

Regina, reine. CcUéna, chaîne.

Secûrus, sûr. AvûnculuSf onde.

Matûrus, mûr, VigifUi, vingt.

Vaginat gaine, Gehénna, gône.

RotûnduSt rond. Vidére, voir (veoir), etc.

Mais éveil et réveil ne sont pas dans le . même cas, et Ton n'en saurait rendre compte qu'en recourant aux infinitifs éveiller et réveiller. Par d'autres raisons, non moins faciles à déduire, le nom jE>eVA« (Faction de pécher) ne peut venir que du verbe pécher, quoique pisds préexiste en latin kpiscari; en effet pieds a un sens diferent, et avec ce sens il a passé dans les vieux mots français pets, pis, pison, pescion, puis dans le mot poiesofiy seul usité aujourd'hui, et le changement de la première syllabe en une diphthongue rappelle :

Loire, venant de Liger-is, Poire, de pin».

Voisin, de vicinus. Poivre, de piper j etc.

Autre exemple d'une décision nous conduit le rappro- chement des analogies grammaticales :

Nous dérivons dùuie de douter, parce que le diibium des Ro- mains, s'il était passé dans notre langue (comme il est passé en italien sous la forme duhbio)^ aurait produit chez nous quelque chose comme douje ou douge. En effet, Yi du latin se change d'ordinaire, dans les cas pareils, en un g onimj, comme on le voit par :

Singe, dérivé de simius.

Sergent sertHens^efUis.

Alléger cMeviare.

Goujon gobiO'Onis,

Sauge salvia.

Dijon Dfwo-onw.

Abréger abbreviare.

as DULKC^FKB ANCIENS

Sseini»^ réiuus par H. fistienae*, mais auxquels on pour- rait ajouter les suivants, qui, je crois, n'ont pas encore été rap- prochés :

Auge (Uveus (alvius) *.

Gage c€U)ea (cavia).

Galengier (calenjer) ccUumniari.

Cierge cereiAS (ceriusj.

Golonge, coulonge colonia.

Congé commeaias (commiaius).

Ëlrange ^OTtran^u^ (extranius).

Frange ^mhria (frimbia).

Gage vcuiium.

Grange (/rarMa (grania).

Lange laneurn Hanium).

Linge lineum (linium) .

Neige nivea (nivia).

Orge hordewn (hordiuni).

Pigeon pipio-onis.

Plonger plumbear e {pliimbiare).

Rage rabies.

Ronger p) ruminare (rumniare) ».

Rouge rubeus (rubius).

Sage sainus ( dans le composé nesapius,

seul connu par des exemples ) *

âaintonge Sant^mia

Songe somnium.

Longe lumbea (lumbia).

Tige .. tibia.

Vendange vindemia

Verger (verdier) viridariwn.

Puis quelques mots Tt se change, non en / ou g, mais en ch:

* Hypomneses deyaUicalivgua (Paris, 1582), p. 109; Diez. GrammaUk fier romanischen Sprachen,l, p. 168 {%* éd Bonn, 1864); L. Delàtre, la Langue française dans ses rapports aoec le sanscrit (Paris, 1854), In- troduction, p. XXIII.

* Les mots latini^ entre parenthèses sont les formes dont on n'a pas d*exemples dans les auteurs, mais qui paraissent faire transition du latin classique aux mots romans qui en sont respectivement dérivés.

^ Au moins est-il certain que ronger ne peut dériver de rodere, auquel je le vois rattaché dans quelques dictionnaires; il viendrait tout au plus ' un dérivé latin comme rodiaire. Cf. mander e mrnducnrp

* Comparer l'italien snbiOf qui i rouvc plus directement l'existence ilo la forme? sapiwi.

I.ES SUBSTANTIFS VERBAUX %^

Ache opium

Roche 4 rupeum (rupiumj.

Proche propius.

Sache (que je) sapiam.

Sôehe sepia,

Glichy .. Oitppiacum.

Les mêmes obserrations servent à expliquer pourquoi je dérive j>im ( dans la locution à jeun) ei jeune déjeuner, plutôt que du latin jejiifMtfm: c'est que, d'après Tanalogie qui résulte des exemples ci-dessus, Bijejunium avait produit directement un mot français, ce mot aurait été quelque chose comme junge. Le provençal àtjun, dérivé par apocope de dejunar, ajoute à la vraisemblance de ces déductions.

Appliquons encore à quelques articles de notre liste la mé- thode analogique, et en particulier Tanalogie qui repose sur les principes de Taccent latin, principes si longtemps négligés parles étjmologistes, et dont Timportance est aujourd'hui si bien démontrée dans la formation des langues néolatines*.

Désir semble, à première vue, un dérivé direct de deside- rium, dont il rappelle si bien le sens, et c'est ainsi que l'ex- plique M. Burguj. Mais une grave raison s'oppose à cette explication : c'est que dans desidérium l'accent est sur l'anté- pénultième, et que cette syllabe a pu résister à la contration; et, en effet, le nom propre Desidérius, qui a le même accent, a produit au moyen âge le mot Didier, selon l'analogie de

Ministérium, qui a produit inélier.

Monastérium moutier.

Seœtàrius setier.

PsaUérium psautier.

Voluntàrie volontiers.

Au contraire, dans le mot denderâre, l'accent est sur la pénultième, qui répond exactement à la syllabe finale et ac- centuée de l'infinitif français d^stV^r; donc c'est ce dernier mot

3 '

* Voir les articles de M. Littré dans le Journal des Savants, août 1857 Pi mai 1859, articles reproduits dans son Histoire de la langue françaisej Paria, 1863, 2 vol, in-8«; et, s'il m^est permis de me citer après M. Liltré, me> Notions élémentaires de grammaire comparée (6' édition. 1865), p. 17,18,164 ctsuiv. M. G. Paris a publié une Irès-iraportante Etude sur te râle de Vaccent latin dans la langue française (Paris, 1862. in-8*) .

34 DIALECTES ANCIENS

qui, en perdant sa terminaison, a nous donner le substantif désir.

De même, si examen me paraît venir d'examiner, malgré une légère différence d'orthographe, c'est que examen en latin est accentué sur a, même aux cas obliques (sauf le datif pluriel), et qu'il a produit, de plus, en français, conformément à cette accentuation, le mot essaim.

Une différence plus grande encore d'orthographe se montre dans entretien, maintien et soutien, comparés aux inûnitife entretenir, maintenir et soutenir, dont nous les dérivons. Par la suppression de la terminaison ir, Ve presque muet de la pénultième ien se trouvait un peu faible pour l'unique voyelle d'une finale accentuée ; il a été naturellement renforcé par la voyelle i, comme U l'est dans la conjugaison du verbe tenir et de ses composés, teneo^s^t donnent: je tiens, tu tiens, il tient; tandis qu'aux deux premières personnes du pluriel on revient, en français même, au radical simple : nous tenons, vous tenez, cette syllabe cessant d'être finale et accentuée.

Ces observations m'empêchent de croire, avec Ménage et M. Burguy, que le français rênes vienne de retinere (d'où reti- naculum dans le latin classique), devenu en français retenir. Ce dernier aurait produit un mot comme retien. Mais retina, que Ducange a trouvé dans une chronique du moyen âge, et retna, que M. Boucherie a lu dans un ms. du IX"" siècle, nous offrent l'intermédiaire naturel pour rattacher rcii« à reU*- nere. La pénultième de relever se renforçant, dans le dérivé relief, et parla consonne et parle son plus plein de la voyelle*, rappelle précisément l'effet euphonique que nous offrent entre- tien, maintien et soutien.

C'est par une raison analogue d'euphonie que Ve muet reste attaché à plusieurs dérivés de verbes en er, comme aide, amble, avance, etc., surtout à ceux dont la syllabe finale, après la suppression de er, resterait terminée par deux con- sonnes que notre langue n'admet pas volontiers à la fin des

' Il ne faut pas, d'ailleurs, confondre ce mot relief avec son homonyme dérivé de reliquus, dont il a gardé le sens. Avec relief, dérivé de reliqutÀS, comparez : veuft de viduus ; cuef, de coquus ; fief^ de feudum ,- mœuf, de modus; antief (v. f). de antiquus, Vu final a produit un f en fran- çais.

LBS SUBSTANTIFS VERBAUX 35

mots. Ainsi dans réverbère, de réverbérer, Te pénultième prend un surcroît de son marqué par notre accent grave. Par un effet contraire, dédain venant de dédaigner, a perdu par Tapocope la consonne finale g, qui probablement n'avait plus de son dans Fusage; il en est de même de dessin et de dessein, venant de dessiner, et qui, en outre, par une légère variation d'or- thographe, effacée aujourd'hui dans le verbe, se trouvent exprL mer des idées notablement différentes. La langue ainsi s'en- richit par les accidents mêmes qui rompent la régularité de son évolution organique.

Le sens et l'orthographe distinguent de mêmepose, venant de poser, et pause, venant directement du latin pausa, d'où pau- sare, qui a produit le verbe français poser. Mais le sens dis- tingue seul port, venant du français porter, et port, venant du latin portus. Le sens nous empêche également de dériver taxe, soit de taxa, qui signifie une espèce de laurier, soit de taxue, qui est a l'if » ; il faut recourir à taxer, dérivé lui-même du latin taxare. Vol, l'action de voler, ne peut venir directe- ment de vola^ « le creux de la main » ; mais, si vola forma jadis volare (d'où involare^ qui se lit dans la loi Salique), pour « prendre avec la main, ravir » , le dérivé français voler nous conduira sans difficulté au nom d'action vol, tout à fait sem- blable en cela au mot viol, dérivé de violer.

Parfois la différence d'orthographe que nous observons entre le verbe et le nom abstrait est tout accidentelle. Ainsi transfert a pris sans raison un t final, quoique dérivé de trans- férer, qui lui-même est un dérivé moderne et incorrect de l'in- finitif transferre. Ainsi, en comparant supplier et supplique, on devine facilement que ce dernier, au palais, rappelle le latin supplieare, non moins familier aux praticiens que son dérivé français supplier.

Au reste, je ne me dissimule pas que, dans ces analyses éty- mologiques, l'attention la plus sévère est exposée à quelques erreurs. Voici plusieurs noms abstraits, que je n'ose pas encore regarder comme dérivés par apocope des verbes correspon- dants:

GhauBse, de chausser, à cause du latin calceus.

Bain, de baigner, balneum.

Change, de changer, cambium.

Cintre, de cintrer, cinctus.

36 DIALECTES ANCTBNS

Gage, de gager, à cause du iaiin vadium.

Témoin, de lémoigneri testimoniwn.

Prélude, de préluder ^ proeludium * .

Sanglol, de saugloter, singuUus.

Serpe, de serper, sarpa (bA,).

Soupir, de soupirer, «usp^n'um.

Tour, de tourner, tamus.

Cegne, ceigne {segne, seigne; provençal, cenha; italien, cigna), peut-il être dérivé de ceindre? ou ne Test-il pas plutôt de eingere non encore changé en un mot roman ? En d'autres termes, qui sait s'il ne viendrait pas d'un substantif latinciti^a, dont il prouverait ainsi Tancienne existence .

Désespoir peut dériver de désespérer, comme espoir de espé- rer ; mais, notre langue ne se refusant pas à former directe- ment des noms composés avec la particule négative (ou dés dérivée de de-ex)^ il n'est pas impossible que le mot espoir ait ainsi formé désespoir. Comparez accord et désaccord, arroi et désarroi. De même peuvent s'être formés directement avec la particule négative mes, les composés mécompte, mégarde, mésestime, sans qu'il soit nécessaire de recourir à des infinitifs préexistants.

Tournoi vient-il de tournoyer, ou tournoyer de tournoi? Un classement chronologique et sévère des exemples que nous trouvons de ces deux mots, dans nos vieux auteurs, permet- trait seul de résoudre avec certitude cette question délicate.

Repas vient peut-èlre de repaître, repcUstre, verbe dont nous n'em- ployons guère que rinfinilif, le participe repu et les temps qui se forment avec ce participe uni à l'auxiliaire avoir.

Appas vient peut-être d'une forme appaUrej appaistre, les deux com- posés venant eux-mêmes de paître, paistre, et par du latin pascer e; mais il faut avouer que le participe paslus de pascere conduit, par analogie, à repastus et appastus, deux formes qui peuvent avoir produit repas et appas .

Soin (seing) soigner, somniare.

Jangle (jongle, cf jongleur) jongler, joculari.

Reproche reprocher, reprobare. reprobiare?

ou répropiare.

' Mol de basse latinité, mais qui paraît avoir donné prélude nu français dès la première moitié du XVII* siècle. ( Comparez Nicot, (îot^rave et Littré. )

LB8 SUBSTANTIFS VBRBAUX 37

Trafic... trafiquer, trafu/lAMiré?

DéduifU déchanter, discarUare.

Bril (éclat) briller (dérivé lui-même de béryl-

lareCi) eiberyUus).

Déroute . . dérouter, route rupla.

QuiUe quitter, gruiatore

Prône {pro9ne) prôuer, prosner, prœconare *.

Sonde sonder, suhundare (*f).

Émoi {esmoi) ... émouvoir, esmooir (y,f.),emovere.

Confesse confesser, confessare.

Festin festiner, festinare

Exploit exploiter, expU^itare'i^ *.

Siège siéger, sediare *.

Cnasse chasser, captare, capliare * ?

Équerre ou'^quarre équerrer, ôquarrer, quarrer, qua-

drare?

Dédin décliner, dedinare •.

Quelques exemples de notre première liste seront peut-être ramenés à la seconde par une critique plus attentive ; mais de la seconde aussi quelques-uns pourront rentrer dans la première après une information éclairée par des témoignages ou des inductions qui nous échappent en ce moment. Ainsi, en faisant même une large part à Terreur dans les précédentes démonstrations, il nous restera toujours assez de preuves cer- taines du principe que l'on peut résumer comme il suit :

' Dans ce cas le s serait ajouté au mot, contrairement à la vraie élymo"' lOj^io. comme le s dans throsne, de thronus; comme le c dans notre vieillo orthographe sçavoir, pour savoir, du latin saper e ; et, dans Torlhographc d'aujourd'hui, sceau de sigilium (autrefois seel, seau). On pourrait mitlti i»lier les exemples de ces accidents et de ces méprises.

^'J'est Toxplication de M. Brachel. Mais voir Ducanfço aux mots expLid et expUtare.

^ Cet infinitif latin, admis par M. Brachct. est sans autorité. Or sedica^ dériv»'' (sans exemple) de sedes et qui a lui-même pour dérivé sedicutar dont ou a un exemple classique, donnerait correctement siégOf comme pedicd nous a donné piège. Cf. plus haut, p 12

Pour expliquer ce mot, on pourrait songer aussi à quelque verbe dérivé de casseSf cassiuinf qui signifie en latin «filets pour la cha<;se ».

Avec le s»3ns moral iiu'il a, surtout aujourd Iiui. déclin se rattache n:i- turr>llement à l'infinitif c/t'c/tner; mais, avec le sens physiquo que ]o trouv(3 conslatôdans Nicot et Ootgrave, on avouera qu'il rappelle plutôt radjcctil latin dedinis.

3

38 DIALECTES ANCIENS

« De deux mots français, Fun nom et l'autre verbe, conte- )) nant la même racine, le plus long, c'est-à-dire le verbe, » n'est pas toujours dérivé du plus court, et cela par l'adjonc- )> tion d'une nouvelle terminaison. Souvent, au contraire, c^est )) le plus court qui est sorti du plus long, et une racine' toute » factice s'est dégagée, sur le terrain français, d'un dérivé » préexistant dans l'usage de notre langue. »

EooER (de l'Institut). (A suivre,)

ARCHIVES DE MONTPELLIER

LE MEMORIAL DES NOBLES

( Suite et fln )

CXIII (PMee. Ann. 1112) Ch. 520) Item super eodem sacrambntum quoC fecit

ARNALDUS GUILELMO DOMINO MONTISPESSULANl

Eu, Arnalz, fllz de Belisen, a te Guillelm fill d'Ermeniarz, d'aquesta hora adenant del castel de Popian, de las forsas que ara i son ni adenant isseran (sic), no't decebrai, ni'l te tolrai, ni f en tolrai, ni'l te vedarai, eu ni hom ni femena ab m'art, ni ab mon engen, ni ab mon consentiment , meu-n'escient. Et si om era ni femena que'l ti tolgues ni f en tolgues, eu ab aquel ni ab aquella fin ni societat non auria, si per lo castel arecobrar non o avia. E la on recobrat l'auria, en ton poder lo tomaria, sens logre e sens déception. E des aquella hora adenant, en eis sagrament testaria. Et aquest castel no't ve- darai per quantas ves tu m'en somonras, per te ni per ton messatgue, e del soraos no'm vedarai. Aissi con en esta carta escrit os, e clergues legir i'o pot, aissi to tenrai e to atendrai, meu-n'escient, per est sanz. Hoc sacramentum cum hac carta fuit factum, in presentia Ugonis Castri novi, et Poncii de Mon- telauro, et Raimundi Rostagni de Popiano, et Bernardi Beren- gamiy et Poncii Berengarii fratn siii, et Guilelmi Malcanet, et Armanni d'Omellaz, et Guiraldi Armannij et Raimundi de Carnaz. Régnante Lndoyco, An ni au incarnatione Domini M^ C^

40 DIALECTES ANCIENS

CXIV

(PMÔ?, v^— Ann. 1191) Ch. 524) Item super eodem recoqnicio quam fecit Adalais

QUILSLMO DOMINO MONTISPESSULANI

EU Adalaiz, que fui ûUa de Na Peironella de Monferrier, et euBertranz de Mondisdier, filz de N'Adalais sobrescricha, re- conoisem lo castel del Poiet a te Guillem de Monpesler, filz de Na Mateuz, e prenem t'en en Deu fe et en la nostra, que nos d'aquesta hora adenant no'l ti toUam, ni t'en tollam, ni hom ni femena ab nostre gen, ni ab nostr'art, ni ab nostre consenti- ment. E si hom era ni femena que'l ti tolgues ni t'en tolgues, nos contra quel dreiturier amie e dreiturier aitori t'ensiam. E per aquellas sazons que nos en somonras per te o per tun mes- satgue, nos lo te rendrem si far o podem. Et aurem tais Fre- dolo de Mondesdier, marit de me N'Azalais, e Bernart de Mondesdier, ûl de me N'Azalais, quand il lo te juraraun, e que Frezols sobrediz omenesc e servizi t'en fara. En aissi con en esta carta es escrit, e clergues legir i' o pot, aissi to ten- rem et to atendrem sans cngan, nostre cient, per estz sanz. Facta fuit hec recognicio et hec sacramenti prestatio Anante super aitare sancte Marie, anno Dominice incarnationis M"* C^ACI", VI kaLJunii. Inpresentia domini Gausfredi Biterensis episcopi, Hai- mundi Lodovensis episcopi, f:t domini Adeinari abbatis Anianensis, et Ugoni de Ginnaco, et Bernardi de Poiabun, et Klye precen- taris Lodovensis, et Pétri Raimundi sacriste d'Agnelet Michaelis deMorezen, et Poncii de Cocon, et Pétri de Piniano, etPoncii de Vallauques, et Guillelmi de Mesoa, et Berengavii Paliot, etFro- tardi de Ccrcona, et Berengarii d'Omelaz, et Pétri Guilelmi de Sancta Brigida, Oto sancti Johanis, Berengarii Montis Amaldi, Raimundi Aimerici, Rateini de Salve, Bertrandi de Maroiol, Guillelmi de Nozet, et Claudi de Lunel, Guilelmi Amaldi de Liveriis, Guilelmi de Conchi, Corsardi, Pétri Rascaz, et Rai- mundi de MosanOf qui hoc saci^amentum scripsit.

LE IfËllORlAL DBS NOBLES 41

CXV

■F« 168,v^— Ann.1058?) Oh. 528) 8acramentum fidelitatis super Castro de sancto

PONCIO, QUOD FBCIT RAIMUNDUS GUILLELMO PILIO BELTARDIS

De ista hora in antea, Raimundus filius Guidenelde, lo caatello de Sancto Poncio non tolra a Guilelmo, fitio BeUardis, ni nol li Tedara, ni non l'en decebra, de illas forcias quœ factas kii funt et que factas in antea ii oninl in ipso pogio, nec homo, ne- que femina apud suam artem, neque apud suum ingenium, neque apud suum eonsilium, et si est homo ont femina, aut komines aut feminas, que hoc fadunt, finem nec societatem non habuero ah illosy si pro amore de ipso castello non habuero ad recobrar» Et si egoTecohvsLt illum potuero, et tu illum mei queris per te, 0 per tua misso, ego tui reddam sine lucro et sine inganno, si tu ilhtm recipere volueris,

O serment fut prêté à Guillem IV, fils de Beliarde, qui domina de 1058 à 1068. II appartient donc au commeni^ement (\pi la seconde moitié du XI** siècle .

CXVI

(F« 168, v^ Ann. 1144)

Th. 529) Itbm sacramkntum super eodem quod FEcrr petrus

DE CORNONE GIJILLELMO D*0MELLAC10

Ego Petrus de Cornone, ôlz d^ Adalaiz, a te GuiUelm de OmellaciOy ûl de Hermesens, d'aquesta hora adenant del cas- tel de San Ponz que ai de te, de las forzas que arai son ni ade- nant fa itas i seran, no't decebrai, nilzte tolrai, ni t'en tolrai ni'lz te vedarai, eu ni hom ni femena ab ma art, ni ab mun engen, ni ab mon consentiment. Ë si hom era ni femena que'l ti tolfrues ni t'en tolgues, eu ab aquel ni ab aquella fin ni

42 niALBCTES ANCIENS

aocietat non aurai, si pe'l castel et per las forzas arecobrar non o avia. E la on recobrat Tauria ni podria, en ton poder lo tornaria, sans logre et sans déception. E des aquella hora ena- vant en eis sagramen te istarai. Et aquest castel ti redrai, e no'l ti vedarai per quantas ves m'en somonras per teo per ton mesatgue e fra quatorze joms pos lo somonement. E d'aquel somonement no'm vedarai, ni n'en sostrairai. En aissi con eu aquesta carta es escrit, e clergues o altre om legir o'i {sic) pot, aisi per bona fe e sans engan o tenrai et o atendrai, meun es- cient, per ista sancta quatuor evangelia, Factum est hoc anno ab incarnatione Domini M^ XL^ HII^ apud Montempes- sulanum, mense Septembris . Sub presentia et testimonio Guilelmi domini Monttspessulani, Guilelmi Airadi Berengarii Airadi, Ar- mandi de Omellacio, Raimundi de Castnis, Guilelmi Rostagni de Lunello, Pétri de MonteferranOy Bertrandi de Montelauro, Guilelmi de Fabrtcis juvenis, Rostagni de Popiano, Ricardi de Comone, Bertrandi Girberti, Raimundi de Silviniaco^ Raimundi de Ecclesiay Gaidalmari de Veiruna, Raimundi de Maroiol> Guilelmi de Sancto Martino, Guilelmi Pétri de Monte Amaldo, Raimundi de Podio Abone y etDurandi domini Guilelmi Montis- pessulani notarii qui hec scripsit.

CXVII (F* 181. Ann. 1168)

Ch. 535) Sacramentum fidelitatis quod feciï'petrus rai- mundi SUPER CASTEIiLO CLARIMONTIS, GUILBLMO DOMINO MON- TISPESSULANl,

Aus tu Guillem de Monpestlier, fil de Sjbilia, eu Peire Rai- munz fils d'Ermessens, lo castel de Clarmon, ni las forzas qu'ara i son, ni adenan fâchas i seran, no't vedarai, ni las te vedarai, ni t'en vedarai, ni'l te tolrai, ni las te tolrai, ni t'en tolrai, ni hom ni femena, ni home ni femenas, ab ma art, ni ab mon gien, ni ab mon consentiment. E se hom era o femena, 0 homen o femenas que'l te tolguesso ni'l t'en tolguesso, eu

LE MEMORIAL DBS NOBLES 43

ab aquel ni ab aquella, ni ab aquelz ni ab aquellas, fin ni so- cietat non auria, se per lo castel areoobrar non o avia. E la on recobrat l'auria, en ton poder lo tornaria, sans logre e sens déception, quan tn m'en somonras, per te o per tan messat- gue, et del somoniment no'm vedarai. Et adenant tots temps en eis sagramen testarai. En aissi con sobre escrit es, ni hom legir o pot, enaissi o tenrai et o atendrai, sans engan vostre, meu-n^ scient, per aquest sanz evangelis.

Ce serment f\it la conséquence de la donation en aleu du château de Glermont, faite en 1168 ( ch. 534 ) par Pierre Raymond, de Montpeyroux, sa femme Alamandina, et leur fils autre Pierre Raymond, à Guillem Y de Montpellier.

ex VIII (F* 173. Ann. 1160)

Ch. 538) Sacramentum fidelitatis quod fecit petrus de

NIBIANO SUPER CASTELLO DE NIBIANO GUILELMO DOMINO MONTIS- PESSULANI.

Ausz tu Guilelm, senner de Monpesler, iils de Sybilia. Eu Peire de Nebian, filz de Sjbilda, lo castel de Nebian, las forsas qn^ara i son, ni adenant fâchas i seran, no't vedarai , ni las ti tolrai, ni t'en tolrai, ni hom ni femena, ab mon art, ni ab mon gen, ni ab mon consentiment. Ë si hom era ni femena que las ti tol^ttes, ni t'en tolgnes, ab aquel ni ab aquella fin ni societat non auria, si per lo castel arecobrar e las forzas non o avia. E la on recobradas las auria, en ton poder las metria. E las ti liouraria sans logre et sans déception. Et eneus sagrament tes- tarai, per quantas vegadas, lo castel ni la forzas per te ni per to messatgue recobrar voiras, que las ti reda segon la toa vo- Inntat, et del somonement que per te ni per to messatgue me faras del castel ni de las forzas arecobrar, no'm vedarai, ni'm sotztrairai, per negun art, ni per negun engen, tôt enaissi con aisi escrit es, et clergues legir o'i pot, a la toa conoi- sensa : o tenrai et o atendrai et observarai si Deus m'ajut et aquisz sans evangeli, per bona fe, meu en ( sic ) cient. Aquest sagramensest fatzenTan de FEncarnaeion, M** LX^ el mes

44 DTALECTBS ANGIBN8

de Marz, a Monpesler, el castel, en prezenza e vezenza de Peiron Raimon, de Monpeiros. De n^Azemar de Murvel. De n'Araaut de Maroiol. De Guilelm de Teiseiras. De Peimn de ClarmoD. De Guilelm de Casolz. De Peire d'Avoiras. De Rai- raun Rotger. De Peire Brun Ricafar. De Poson de Garrigas \o ppeveire. De maistre Diiran. Et de Folco rescrivan que-z aiso escriz.

CXIX

(F*» 178, r\ - Ann. 1068?) Th. 541 Sacramentum fideutatis super castbllo d'omblla-

TIO QUOD FECIT ADEMARUS FILIUS Chienelz, OUILLELMO FIUO ERMENIARDIS.

De ista horain antea, ego Ademars, films Chienelz, non dece- berai Vtklmum filium Ermeniarz , de ipso castra quod vacant Rmellaz no'l li tolrai, ne l'en torrai (sic), no'l li vedarai, ni Ten vedarai, de illas fortezas quœ ibi hadie suât, et in antea et^unt, neque komo, neque femina pei^meum ingenium, necper meam ar- tem, neque per meum consiliurn. Et si komo erat aut femina qui te toliisset aut t'en tollisset, cum illa finemnec societatem non ha- buero ad dampnum de Vilhelmum suprascripto, et ajuderai ad Vifelmum suprascriptum usquequo habuisset recuperatum, et cum illa et sine illo adjudar Ten n'ai perfidem et sine inganno, et reddh- dero ad illum per illas vices quibm me commonuerit per se aut per missum stium, aut per missos suos, sine suo inganna et sine sfia deceptione. Ego Ademarâ suprascriptum ad te Vilelmum supra- saiptum, sicnt suprascriptum est, totvm fenebo per fiden/ ff sin^ inganno, mescienfe.

Serment prêté ft Guilhem V (1068-1121 ), et qu'on peut placer à son avènementf l'acte ne donnant pas d'indication contraire.

CXX (F* 178. —Ann. 1068?)

Ch. Oi'2) ItKM super EODEM sacramentum quod FECIT BER- TRANDUS FILIUS ALDIARDIS GUILELMO FILIO ERMENIARDIS

In nomine Dnmini nostri Jhesu Christi, De ista hora in ant$a,

LK ICBMOaiAL DBB NOBLES 46

êgo Bertrandus fiUm Heldiarz non dôzeberai Vilhelmum fiUum &meniarz de ipsum castrum d'Omellaz, neque de ipsas fortezas que modo Un sunt et in antea^ eruni ni no'l te toirai ni t'en toi* rai ni'l te devedarai, ni eu ni hom ni femina, ni femena ni homOy per meum consilium, neque pet' meum tngenium, neque per meam voluntatem. Ni ne Tel te devedarai per quantas vices m'en comonras per te ipsum neque per tuum missum neque per tuos misses ni de communir no m'en devedarai. Nisi homo eral.aut femina qae'l te tolgues ni t'en tolgues, ni'l te devedes. Ego Bertrandus suprascriptus ab illos neque ab illas finem nec societatem non ha- buero, neque tenuero, si propter castellum recuperare non o avia. Et si recuperare potuero eu to reddidero sine inganno et sine lucro (were. Et ego Bertrandus suprasciHptus drez adjutoHum tui ert per fidem et sine inganno et sine lucro avère» Et ego Bertranduo suprascriptus drez adjutorium tui ero per fidem et sine ingannos. Et sicut in istam cartam scjnptum est, sicul to tenrai et o aten- derai per fidem et sine inganno tibi Guillelmo suprascripto usque ad XV annos. Et si meusneps recuperabat castellum, fa- dam tibi jnrare. Et si facere nequeo, reddidero tibi Vilelmosu prascriptos sine inganno.

Même ol)6ervation.

CXXI

(FM 78. Ann. 1068?)

Ch. 543) Item dk bodrm sacramentum quod fbcit tigo guil- lelmo FILIO ERMENIARDIS

De ista hora in antea^ eu Kugofilius Petronille, non decebrai Yilelmum filium Ermemiardis de ipso Castro de Omellaz, neque de ipsas fortezas quœ ibi sunt, neque in antea erunt, non las ti toirai, ni t'en toirai, ni la ti vedarai, neque homo, neque femina, per meum consilium, neque per meam voluntatem. Et si homo erat aut fœmina qm'l ti tolgues, ni t'en tolgues cum illo finem neque focietatem habebo, neque cum illas, si per castellum recuperare non

* Bt iotea (ma).

46 DIALBCTB8 ANCIENS

habebam. Et si recobrar lo podia m tua potestate lo tornaria, sine lucro de avère et sine deceptione, et dreiturers adjutonsVen séria per ffdem et sine inganno, per aquestz sanz.

Même observation-

CXXII (FM78.— Ann. 1068?) Ch. 544 1 Item sacramentum super eodem quod fbcit Aranfres

OUILELMO DOMINO MOMTISPESSULAM

De ista hora in antea non decebra Aranfres, filius de Aimeld, Vilelmum, filium Ermengardis, de ipso Castro de Omellaz et de ï/>5aforteza quamibi habet necin antea kabuerit, noPli tolrani Ten tolra, nV\ li vedara. Et eu del comoniment no'm vedarai ad ei ni a son mesatgue. Et si homo erat aut femina que'llitolgues ni l'en tolgues, ab elz ni ab elas finem ni societatem non habtierit, si ipsa forteza arecobrar non o avia. E si recobrar lo podia, que'lli redes, sine lucro de aver, et dreic adjutoriesVen sia,per fide et sine inganno'pev aquestz sanz.

Môme observation.

CXXIII

(F° 181, et sq. Ann. 1187)

Ch. 556; Sacramentum fidelitatis quod fecit raimundus atto de muro veteri super castello de paollano et super

PLURIMIS ALIIS GUILELMO DOMINI MONTISPESSULANl .

Enom de Deu, eu Raimuuz At de Murviel, conoissenz me esser homen et fidel de te Guillem, sennor de Monpestlier, fil de la dona Na Matelz, duguessa, jur e jurarai, eu e li mei succcssor, a te G. de Monpestler, et a totz tos successors que sennor seraun de Montpeslier, o donas, tôt lo castel de Paol- lan, abtotas las forzas que ara i son, ni adenani seran, e totlo castel del Poiet ab totas las forzas que ara i son, ni adenan il

LE MEMORIAL DES NOBLES . 47

seran, e'I castel de San Ponz, e'I castel de Mont Arnalt, eU cas- tel de Pinnan, e'I castel de Monbazene, e'I castel de Frontinan, e la forza de Laval, e'I castel de Mazerns, et totas las forzas que ara son, ni adenan seraun en totz los sobreditz castelz, et en las sobredichas vilas, et generalmens totas las forzas nove- lasque eu oli meisuccessor farem oaltre pernos delflumd'Eraur alflum d'Amanzon, odel pon de San Guilelm, entre a la mar. Ë promet e covenc per bona fe et sens engan a te, que d'aquesta bora adenan delz castelz sobreditz e de las forsas que ara i son ni adenant i seraun, eu te non decebrai, ni las te tolrai, ni t'entolrai, ni las te vedarai, eu ni bom ni femena, ab mon art, ni ab mon engien, ni ab mon consentiment, ni mon escient, mas fidelment totas las te rendrai, e totz los te redrai, a te o a ton messat^ue, per paz o per guerra, iratz e pagats, a votre so- monimen et a la vostra âdeltat. E si hom era ni femena que'l ti tolgues, ni t'en tolgues, ni las te tolgues, eu ab aquel ni ab aquella, paz, ni fin, ni societat, non aurai, si per los castelz oper las forzas arecobrar non o avia. E la on recobratz o recobra- das las auria, eu e'iteu poder las tornaria, senslogre e sens déception, a bona fe. E d'aquella hora adenan, en eis lo sa- grament estaria et aquestz castelz sobreditz e las forsas que i son, ni adenan i seran, eu vos rendrai, e non las vos vedarai, per quantas vez vos m'en somonres, per vos o per vostre mes- satgue, et del somos no' m verlarai, ni m'en celarai, ni m'en estrairai, et tôt aizo promet per me e per mos successors. E pix)met et convenc a te, sennorGuillelm de Monpeslier, et a totz tos successors sobreditz, que eu del castel d'Omelaz, e del castel de Popian e del castel de Cornon-sec, de plaitz et de guerras, contra totz homes e de totz homes vol valrai, e vos ajudarai, e si far non o volia, debeo vohis et vostris successoribtis rendre e liurar aquestz très castelz, e'is plaitz e las guerras adobadas e paciûcadas, deves aquestz castelz rendre a me o als meus.

Et eu senner Guillelm de Monpeslier, per me o per totz los segnors de Monpeslier, promet e convenc a te Raimun Aton et a tos successors, que eu te valrai e t' ajudarai contra totz ho- mes per aizo, de plaitz e de guerras, fidelment, a ton somone ment.

Et eu Raimunz At promet e convenc, per me e per totz mos

4A DIALECTBS ANClK^S

9ucces8or«, que eu valrai et ajudarai a vos et als vottres suoea»- sors contra totz homes de plaitz et de guerras, per aizo, fidel- ment, al vostre somonement, et dels vostres. Ancara nos am- dui prometetem F uns a l'autre que si per aventura de la va^ lenza et de la mantenensa en ren falliam, que Deus gart que non sia, los dons e'is covinenz e'is sagramenz estanz ferms p«r totz temps, aizo et aquo e totas las fallas que avengudas i aé- rien, devem adobar nos e nostre successor per conoissenza de dos amix daus cadauna part. Et aizo, tôt aissi con sobre es*- crit es, atendre ôdelmentjuram sobre sanz evangelis de Deu. Et eu Raimun At jur vida et membra a te sennor G. de Mon- pesler e valenza contra totz homes, e sagrament et omenesc farai a vos et a vostres successors, a vostre somonemen, et a vostra voluntat, âdelmen, et a vostra ôdeltat. Et es asaber que si vos, en G. de Monpestler, totz aquestz castelz non voliasco- brar, aissi con sobre dighes, deigh vos valer et ajudar ab totz los sobre ditz castelz et ab las forsas, contra' tots homes, a vostra ôdeltat, e delz vostres successors, e de tôt aizo en laz, me e mos successors, a vos et a totz aquelz o aquellas que sennor o donas serion| de Monpestlier. Aissi con en aquesta carta es escrit, aissi con hom pot entendre o legir mielz, o laudam nos dui et autorgam en bona fe, et juram sobre sanz evangelis.Tot aizo fo laudat e jurât en la sala del castel de Mon- pealier. Anno Dominiceincamationnis M^C^ LXXX^ Vll^ in kalen- dasJumi, In presentia et testimonio R, Guilelmi abbatis Anianensù P. de Vabre, prepositi MagalonensiSf CruidonisdeYenisidoT prio- ris sancti Firmini, Michael de Morezen, Ugonis de Ulmis, P. Me- deci canonicorum, Raimnndi de RoccafoUo, B. deMontesquivo^B. Paliot, P. de Rocafurcada, R, de Pinnanno, Ermengavus (sic) de Pinnano, P. R, de za Lavenieira, G. de Mesoa, G. Aimerici, G. de SalviniacOy G. d'Albatterra, Berenganide Omelaz, Otonis de sancto Jokane nepotis ejus, /?. de Centrairanicis, BerengaHi de sancto Firmino, P, Pictaviniy Stephani de Conchis, R. de Nar- bona. G, Letirid, P. de Conchi», Berengarii Adalra, B, Medici, G, de Soregio, Patoii de Pinnano, Guiraldus Atbrandiy Johanetf Bertulfi, P. Petiti, Stephani de Porta, P. fratris ejus, G. Lam- herti, R. Lanberti, G, Benedicti, G, Bocados, Bertrandi de Vallanques, G, de Casa, Ugo Pulverelli, P, de Montebeliardo, R. de Morezen, Duranti merceni, Maurini Lanberti, Guiraldi

LR MEMORIAI. DBS MOBLIi^S 49

frairisêfm, el P, Lutiani, 9t Pétri LucimncêMêicKci, G. ée Ihnano, G. Titlandiy G. de Venranicis, B. Glieia, G, Johanim, G, Ran- curelli, P. Capelam, <?. Garelliy Rotberti blanquetii, R&maldi Eêtomeia, Séephani d'Oissa, Berlrandi de Scola^ Stefhcmide Teliu, G. Asiefracte, G. Boldroc, Stephani Arèerti, B. Paffom, B. Pincer, Poncii Gaschi, P, Martelli, P Gameriiy Gtérakha Bonas-Manus, Jacobi de Nivella, Stephani Yvemi, Stephani Elias, R, Conte, P, Neire, Baldoini peissanetii, G. de Fiexio canonici, P. de sancto Ypolito. B, Austrini, P. Vitalis, Jordani de Conchis, Camba-vaira, Guilelmi Raimundif scriptoris, etJoha- ni9 Laurencii, noiarii qui hec scripsit.

CXXIV

(F« 5.— Ann. 1190)

Cl». 505 I Sacramentum fidelitatis de reddendo castro dk

CASTRUS QUOD FECIT GAUOELMUS DE CLARETO GUILLELMO DOMINO MONTISPESSULANI ET SIMILITER SUCCESSOR QUI CASTELLUM DE CASTRUS HABUERIT DEBET LACERE GUILLELMO MONTISPESSU- LANI DOMINO.

Eu Gaucelms de Claret, filz de Seneguonz, a te Ouillem de Monpestler, ûl de Sybilia, ni a ton successor sennor de Mon- pestler, d'aquesta hora adenant del castel de Castrias et de las forzas qu'ara isson {sic) ni adenant faitas isseraun {sic\ no't decebrai, ni'i te toirai, ni t'en tolrai, ni'l te vedarai, eu ni hom ni femena, ni homen ni femenas, ab mon art, ni ab mon en- gen, ni ab mon consentiment. Ë si hom era o femena, o homen o femenas, que'l te tolgues, ni t'en tolgues, eu ab aquel ni ab aquella, ni ab aquelz ni ab aquellas, fin ni societatnon auria, ai per lo castel arecobrar non o avia. Ë la on recobrat T auria, en ton poder io tornaria, sans logre et sans déception. E d'à- qaella hora adenant, en eis sagrament testaria. Et aquest castel no' tvedai'ai, per quantas ves tu m'en somonras, perte o per ton messatgue, e del somonement no' m vedarai, e tôt enaissi con cobrar lo voiras, lo't redrai a te et a ton successor sennor (le Monpesler. Enaissi con en aquesta carte escrit es, et hom legir i'o pot, enaissi to tenrai e to atendrai, a te et a ton suc-

50 DIALECTES ANCIENS

cesBor sennor de Monpestler, e*l castel sobredig te redrai per quantas ves cobrar lo voiras, tu o ton successor sennor de Monpestler, tôt aissi to tenrai e to ateudrai, sens engan teun e dels teus, per hec sancta. Et ad aquestz sagi*ament afar en li mon successor per ja sempre, aquel qu'aura lo feu de Castrias el castel, a te et al teu successor sennor de Monpestler.

Ge serment suivit l'acte de constitution en aleu du château de Gastries, fait par Gaulcem de Glaret à Guilhem VII, en juillet 1159 (ch. 563).

cxxv

(po 27, r^ Ann. 1125)

Ch. 62) DlFPlNIClO FACTA INTER RAIMUNDUM COMITEM BT DOMINUM

G . MONTISPESSULANI

Hic brevis memoratio que est in ter Rairnvndo comité Sustan- cionensi et Guiilelmum de Monte pistellorio de ledda quem Rai' mundus comité a via messa et de ipsa ledda et de ipsns leddas, factum et placitum et finis, inter comitum suprascinptinn et Guii- lelmum sup7*ascripttun^ et est facta conventio de ipsos averos que passara per caminis, ni per las vias que veniunt ad Monte pis- tellarioy quem comité Raimundus non prendra usum nec leddà, nec homines pei^ illum, neque hominem, neque feminam, intro ad Monte pistellano l'aver sia, et de ipsos averos que in Monte pistellario venra, que Gmllelmm ledda aura, d'aquel aver, ni d'aquels avers, que venduz ni compraz i er, que Raimundus comité suprascriptum ledda non prenda, 7i^<? usum, ni pren- dre non faciaty ni de homines ni de feminas, que in Monte pis- tellario stau ni estarau, ledda, nec usum non prenda, ni de sal que in Monte pistellario cargarau ni die jovis n'ixirau, et de altos averos que in Monte pistellario vonra, de que Guillelmus ledda non a, comité non prenda, ni prendre non faciat. Sicut superius scriptum est, ego Raimundus suprascriptum si o ten- rai, vestri Guillelm suprascriptum et vestro infantes, aisi te giquisc, et aisi to dono per fenum et aisi to tenrai a ti et ad in- fantes tuos, sine inganno.

LE MBMORIÀL DBS NOBLES 51

Gel acte fut Tune des ooncIusioDS des difiéreads qui existaient, en 1 125, entre Guilhem VI et le comte Raymond de Melgueil, ou deSubstantion.V. d'Aigrefeuille, IlisL, I, p. 21. Il vient, dans le ms., immédiatement après leur transaction concernant B. Gandalmar, citée par tous nos iiistoriens, et avant la convention qu'ils conclurent.

CXXVI (P«27, Ann. 1125)

Ch. 63 ) CONVBNIBNTIA FACTA INTER RAIMUNDUM COMITEM MEL60- RIENSIS BT DOMINUM GUILELMUM SUIDER MONETA

Hoc est carta memorialù de placito et de conveniencia quam cornes Baimundm de Melgorio fecit Gxàllelmo Montispessulani et Rcàmundo Guilelmo episcopo Nemausenct et Bemardo Gutlelmo fratri suo et kominilms Montespesmlani que lur aver a la moneda de Milgor portarau ni trametrau et de los cors : Que aTanar ni al tomar, ni a Testar de la vila de Melgor ren lur en tollia, esters aquel que ab lo comte Raimun de Melgor guerreiaria, que non fos per engan d'aquest aver subrescriut a perdre ni a tolre. Et ab aquel ni ab aquelz que o fario finem ni benestancia non ligues Raimuns lo coms de Melgor. E queUs en guerreges ses engan dels ornes a cul T avers toltz séria, tro m drictum fos ad aquestz homes subrescriut, sens engan. Et si '1 coms Raimuns de Melgor non o fazia e non o ténia sicut in hac carta scriptum est et legi potest, quod propter hoc venisset sei ostagui in Montepes- suiano infra octo dierum quo Guilelmiis Montispessulani vel Rai» mundus Gnilelmus Nemausensis episcopus vel frater ejus Bemar- dus Gnilelmus monet vel monere facerel per se et per suas legatos, se aidz non avio.i?/ istud esset aidz non propter hoc nec contra hoc. Elas aidz trasannadas octo dies seguentre que tornesso in Montepessulano. Pos tornad i serio non desannesson in negunaguiza, scilicet Guiklmus Montispessulani et Raimundi Gui- lelmi episcopi Nemausensis et fratris ejus Beimardus Gnilelmus los en 8omo[n]rio, o'is n'alongario «m^ lur ingan et in lur reco- gnicione. lii sunt guf debent venire in Montispessulani, Dalmacius de Castrias, Rostagnus de Arsadz, Gnilelmus de Corno, Pondus de Montlaurt, Petrus de Corno, Gnilelmus de Vallauches, Bet^ (randus de Selvinag, Raimun No-men-cal per dicta que tant

52 DIALECTE» ANOIBNS

nemen co unus d'aquestz, Gmielmus Raimuns de Corno, Raimuns de la Veruna. Raimundus Airra fecit plivi per dicta que quant aquestz ostatgues tornarau o negus d'aquestz ostatgues, in os- tatgue, m Montepessulano que'] do ta pignora a Guillelm de Montepestler, et a Raimundus Guilelmus episcopus Nemausensis o a Bemardus Guilelmus suo frater, que ad illis nadaut a pren- dre. E tant co 11 ostatguiestarau, /an/um^^^a^ la pignora t!sAtt«« suprascripti cujus plivis est. Quant los ostatgues alonguaria om, la pignora siaalongada. Et quale queplacito unus de melioribtts fecisset que taie fecisset Raimundus Airras e fos delibrata la pignora. Archidjiaconus de Montebase, Raimundus Guillelmus de PinianOy Pondus Petrusde Gigan, Raimundus de Vallauches, AitTu de Dondras, Pondus d'Obilo, Pondus Jorda de Melgor, Raimundus de Vallauches de Fabregal, Girôertns de Melgor. Isti suprascj'ipti sunt fiducins et ostatids. Et Raimundus Airras, et Raimundus No-men-cal, per dicta et de istopladto près Raimun- dus comesde Melgor, Guilelmus de Afontepessulano, et Raimundus Guilelmus Memausensis episcopus , et Rei^nardtis Guillelm fratf^r ejuSf et hominihm Màntispessulani in Pomini fi de et sua.

Môme observation que ci-(iossus.

(^XXVll /po 60, r»— Ami. 1118?) Ch. 107; Glirpimentum gioD fecit I'oncil.s iolcun kt fratres

SUI ET SOROKKs HKRNARIX) GIILLFILMI

M nomine Domini. Ego Pondus Folcus et fratves mei Bernar- dus et Folcus et sorores meas, Florensa et Ricarda, nos simul in unum doncunus etguirpemus totum ortum et totam illam terram que Petrus Barralius liabuii de Folco Engeleno, Bemardo Guilielmo, sua uxore Senegunda et infantibus illovum. Et de istum ortum et de istam terram suprascriptam est unus capitis daus la vinea Ber- nardi Guillelmi Montispessulani, et de alla parte^MuXii oliveda sancte Marie et juxta ortum Guillelmi Montispessulani^ et istum ortum et istam terram suprascriptam donamus et guirpemus per alodium Bernardo Guilielmo et uxore sua Senegunda et infan- tibus illorum, ad omnes voluntates eorum fadendas sine engano^

LE MBMORIAL DBS NOBLBS 53

ego Pondus Fokus, et fratres met, Bemardus et Folcus et Borores mea$, Florensa et Ricarda. Et de hoc sunt testes Guillelmus de Yaimala et Raimundus de Ponz.

Cet acte fat la ooDsAquenœ d*une vente, faite au vicaire Bernard Guilhelm, par Pierre Barrai (ch. 106), in tnense ifodio,, régnante PhUippo rege, tont comme le ch. 108 ci-après.

CXXVIII (F^eO, r«.— Ann. 1118?)

Ch. 108) CaRTA VENDICIOMS FAGTB BBRNARDO OUILLBLMO A PETRO BARALO CUM FIUIS SUIS

In nomine Domini, Ego Petjuts Baralus et infantes mei^, Firmi» nti5 e^ Bonafos et Aldiardis^ atque Ermengardis '. Nos stmulin unum vendimus tibi Bemardi Guillelmi Montispessulani et ad uxor tua atque infantibus vestris totumortum et totam.terramquem^ ibi habemus ilîa ' quem tenemus " de Poncio Folcono et de fratri- bus suis, et afronta ad planterium '' Bemardi Guillelmi de vers cireiter, et dealia parte afronta a Foliveda Sancta Maria de Mon- lispessulani ^ davers^ altau, et de alia parte afronta adoiHum Bemardi Guillelmi qui est in terra que fuit Petro Vinofranc davers aquilone, et de alia parte afronta** a** terra Guillelmi Montispessu- lani dsLvers corina, totum quam ibi habemus vendimus vobis de voce, fundis , possessionis, ut ab hodierno die et tempore habeatis, teneatis et possideatis ^^ et omnis posteritas vesti^a et faciatis que- cum que facere volueritis, vendere, donare vel impignorare ubi vo- luerii **, c^ istud ortum *• suprascriptum et ista terra qui est supra- seripta non donat nullum censum nec ullum usaticum ad hominem nec ad feminam exceptai ss. de frumentum^^ , duas part de fru- ment, et tercia d'ordi *"' et 1 s. de ordi a Poncio Folco et ad frairibussuis. Etsi*^ era*' venduda*» ista honore qui est supra seripta, nec impigi)orada^*, habeanl Pondus Folconus et fratri ««i** locoQsel, et Raimundus Stephanus de Montepestelleret VI. d, et dédit Bemardus Guillelmus per islum ortum •' et pei' ista terra ** IIII libras et diynidium de denarios melgoires a Pctro Baral et a filii sui Firmini, et de isto precio, apud^ nos nichil reiaansit in debitu sed omnia nobis bene adimplestis. Fada carta

4

f>4 DIALECTES AhCIBNS

ùta in mense Madii, régnante Philippo rege, Signum Pefrus Baralus, et fiUisui Firmini^^ qui hanccartam mandaverunt scri- bere. Et si tantum erai que Pontius Folconus nec fratrisui ullum censura nec ullum usaticum alium demandavan in istam *^ hono- rem qui est suprascripta, a conogut ^' Petrus Baralus et filiisui Firmini*^ a Bernardum Guillelmum et ad uxor sua atque infan- tibus suis que per talem judicium om lor en donaria que fair endegesan que lor*° gueriscunt**, que Pontius Folconus nec fratri sui nullum^^ usaticum alium non i'aiunt", excepto qûod est scriptus **. Testes Latienfant de Pignan, Pétri Dalmadi de Castel novo, Pontio de Monte Oliu, Raimundum Aldebert, Ugo BBL^iizB,i,Guillelmi fiUi de Plazenza, 5/e/>Aanu« Rascat, ^ma/- dus scripsit, Et a convengut Fimiinus filii Pétri Baralii a Bemardi Guillelmi Montipessulani et ad uxorem suam atque infantibus suis si ullum encoboler avia facto de istam konorem qui est suprascriptam ad hominem nec ad feminam que illengeit, perfide sua plevida.

L'instrument de cette charte de vente se trouve au n* 106 de notre ms., avec ce titre-ci :

Instrumentum vendioionis eagte Bernardo Guilelmo Monti- pessulani A Petro Baralo et filus suis

Il 7 a entre les deux textes les différences que je vais indi- quer :

' Nomine. * Aldiarda. » Ermengarda. * Quam. * lUum ortum et Ulam ter- ram. Temumus (ms.)- ' De ipsum. Monte pessulano, De vers altan. *• Ad ortum ad ipsum. ** Adfronta. Ad. •• Vos. '* Voluerint Qui est. ** Las duas. *? Et unum. ss de ordi .«^ Si tantum. ■» Erat sia. *o Que sia venduda n«c impignorata. *' Istam honorem qui est suprascripta habent. •* Suis. '• Qui est saprascriptum, «< Qui e^ suprascripta. '* aput. ^'^ Et Bonafos filia Pétri Baralo •' Istum. ■• Ant convengut ambo. Et filius Firminus. »« Lur. »' Gueriscun. «Çwc nuUum. Aiun. •* Scriptum.

Jusque-là les deux chartes se suivent phrase à phrase ; il n*en est pas de même des deux dernières, dont Tordre a été interverti.

Et ant convengunt Pétri Baralii et filii sui Firmini et Bona- fos a Bemardi Guilelmi Montispessulani et ad mor sua, atque infantibus suis, si ullum encoboler aviam fait de istam honorem qui est suprascripta ad hominem nec ad feminam que illi supra-

IIBMORIAL DSI8 N0BLB8 16

scripHegecmt. Testes Guilletmi de BergoiseL^ Berenguerii Lam- berti Raimandi LamberH, Pontius de Baneras, Petro Dalmat de Casielno, Pontius de Monte oliu, Petrus Aundanz, Constantin macellarius. Arrialdus scripsit hanc cartam.

Cet acte appartient aux demiôres années du XI* siôcle ; le vicaire Ber- nard Gttilhon mourut vers 1118. (V. A. Oermain, Histoire de la commune, t. 1*

CXXIX

(P*67,v^ Ann. 1149?)

Ch. 134) SaGRAMBNTUM COSiPOSITIONISINTBRRAIMUNDUM

ET 6UILELMUM.

De ista hora in antea non decebrat Raimundus filius de Bone- foêGuilelmum fiUum Ermengardis de ipsa turre et de ipsa forteza quant habuit in Monte pestellario, nec in antea habuerit, no'l li toi rat niTen tolrat, ne'lli vederat. Etsikomo era au/ /emma qui-li tolgist, ni Ten tolgist^ cum illo finem et societatem non habuerit, iipropter ilia forteza nonhabebat recuperare. Et si recobrar la podia, c'um li rendest, sinelucro d' avère, EX àveiz adjutorium lo séria, perfidem et sine inganno.

Ce serment appartient à la domination de Guilhem VI, fils d'Ermes-» lens (1121-1149); il se trouve môlô à d'autres actes de la m6me époque.

cxxx

t

(F« 68, Ann. 1129) Ch. 138) Vbndicio pacte bernardo quintjni ab ugone

BERENGARIO.

Ego Hugo Berengarius vendo et solvo et prorsus relinquo, sine enganno, cum hoc carta, et sine omni retencioney tibi Bernardo Quintini et cuicumque dimisentis ad faciendas omnis voluntates tuas hoc quicquitsidquod ego vel aliquisper me habet invinerio de podio Aviller, videlicetin quarto et Yll saumadas et nnam banas-

^ DIALBGTISS ANGIQNS

tant racemorum per gardia, et totum hoc quod kabeo in troUat- gue, et e'is patis et e'I sennoriu et in consiUo venditianem et pi- gnorum et delz acaptes. Hoc est octava pars de toto m simul cum aHis parcionariis. Propter hane autem venditionem et solutio- nem per nominatam tu Bemarde Quintini donasti met Hugoni Berengario C XL sol, melgor. per empcione. Et ego Guillelmus de Villanova laudo et consilio tibi Bemardo Quentini et tuis totam istam emptionem pemominatam sine tuo tuorumque enganno ad faciendas omnes voluntates tuas, addandum et ad vendendum et ad impignorandum, cum consilio curie domino Guillelmi Montispes- sulani, cuicumque volueritis, exceptis sacerdotis et clericis et mili- tibus et etiam habui inde per consilio xxx soL melgor. Acta sunt hec anno Dominice incarnationis itf^ XXVII II, in mense Septembre. Item sciendum est quod si aliqua res tui inde evin- ceretnr, ego Hugo Berengarius restituam tibi et tuis jure, sine omni enganno. Testes sunt isti Petnis Girbaldi, Petrus Bellinus, Petrus Asta fracta, Petrus Guillelmus Maifredi, Petrus de Al- vemico, et Petrus Angélus, qui scripsit hec.

CXXXl

(P« 95, v«— Ann. 1190)

Ch. 244) Garta de l^usdis sbt et alio loco plbnius

INVENIETUR.

De leusdis, I) De singuliis peciis de panno lineo et laneo, I de- narium de leusda, excepto de canabaciis qui suntvenditi adcen- tum de quibus datur III d, de uno quoque centum ,

2) De fiUola, / d,

3) De befro, / d.

4i De luria, obolum,

5) De c, de leponnis, I d. de venditore,

6) Si in trosello ligantur ipse leporine, IIIP d. de quoque centum .

7) De centum conillis, obolum, si in colloportantur. S) Si in trosello fuerint misse III I d. de venditore,

9) De C. agninis Id. de venditore et de comparatore alium de^ narium si portantur in collo.

LE MEUIOHIAL DfiS NOBLBS n^

10) Si m troseilo Ugantw*, III d,

11) De C, escurolUs, Id. de venditore, et deeatnparatoreaUum,

12) De pellibus angninis factis et de miUiûmms, I oèoiuni.

13) De pellibus catinis faetky II d,

14) De bustis de lepore, I d,

15) De pellibus conilKs factis, I d,

16) De bustis de scirolUs^ I d.

17) De bustis de conillis, Id.

18) De dozena catorum, I d,

19) De dozena janetarum et vulpinarum et lupa cervarvarum, Ild.

20) De dozena martrinarum et fainarum, III d,

21) De dozena golarum, II d.

22) De camsilio et de fustaneo, Id.

23) De dozena camisiarum de Tolosa, // d.

24) De mille variis etgrisiis, IIII sol.

25) De timbra de cimbelinis, VI d. et ob.

26) De pellibus et pelliciis variis, IIII d.

27) De busto de catis, II rf.

28) De cohopertorio de putois II d.

29) De tapeto grandi, IlIId.

30) De almucela, // d.

31) De duodena caprinarum cum pilo, I d,

32) De duodena corvesorum, III d.

33) De duodena bazanarum, I d.

34) Decorio cervi cum pilo, I ob.; sine pilo, 4 d.

35) De collo cervi et de brusco, I d,

36) De ausbergo, IIII d.

37) De saumata spatarum, unam spalam.

38) Depallio, IIII d.

39) De tireto et cendato, II d.

40) De saumata de relUs et de aisadis, I d.

41) De saumata de gavenS; // d.

42) De miUe clavelUs, Id.

43) De Sarracetit) et Sarraceha, Il H sol.

44) De saumata cordarum, I cordam.

45) De saumata de canapis, III d.

46) De saumata de piscis, I cognum*

47) De saumata enaporum, I enaputn.

58 DIALBGTB8 ANOIBNS

48) De saumata scutellarum et cannarum, unam de coUairono : cannarum et scutellarum et canaputn, I d.

49) Etetiamcordarum.

50) De centum de acerio^ I estractum.

51) De barracano albo, I d.

52) Unusquisque blancherius qui facit blanchariam donat, an- nuattm, Il soL et dimidium .

53) Unusquisque coiraterius singulis septimatus quibus tabulant tenet, III d. et ob.

54) Barracan tintus in grana, // d.

55) Mulus et equus et roncinus et equa, II II d,

56) Pelles ermine, IIII d,

57) Lo cent de vulpinis, XVI d,

58) PorcuSy I ob.

59) Bsicon^ I ob, et macellarii donantlumbos.

60) Et média pectora vaccarum et bovorum.

61) Una queque saumada lignorum, unam asthm.

62) Saumada de carbon, /6f.

63) De piscibus scamalibus de XII d., unum obolum.

64) Centum de sipiis, I d.

65) Saumada de cepis, Iforcum.

66) Saumada de ravers, / ob,

67) De sestario universi bladi, la trentena, id est talem men- suram quod triginta faciant unum sestarium.

68) Cordoanumrubeum, III 4, ladozena.

69) Carga grane, II sol,

70) Lo quintal de omnibus aveiHs, III d. et de grana VIII d,

71) De fundendo sepo, de XII denariis, I ob. quod non audent fundere nisi homines domini,

72) Esmerum est domini et habety IIII d, de marcha, et pre- terea totas cenradas.

Cette première Charte de nos Leudes vient dans le manuscrit <ch. 243), après la seconde rédaction de nos coutumes : Ht sunt mores seu consuetu- dines MonUspessulani, etc. Elle n*en est évidemment qu'une suite.

Ces deux documents paraissent être de la fin de la domioation de Guii- hem IX ; ils sont placés après les serments du Bayle, du sous Bayle et du Juge, en 1190 (ch. 239, 240, 241). On peut donc leur assigner cette dernière date.

LE MEMORIAL DBS NOBLES f^

«

Cf. ainsi qae la seconde Gtuirte des Leudes qui suit (chap. 274. Y. n*CXXXlII ) avec l'Etablissement et la Déclaration des Leudes du Petit Thalamus, éd. de la Soc. archéol., p 27& et p. ^9. On remarquera que le texte est. tout d'abord, presque entièrement latin (ch.251), beaucoup moins ensuite (ch. 274), et qu'il est tout à fait roman dans le Leudaire du Petit ThaUÊfMU.

CXXXII

(F« 97 , V*. S. d.) Ch. 252) Item carta mansorum

De Vol. IIII saumadas de vindemia per gardiam.

De Lnirum^VI.

De Biars, II.

De Cairol, IL

De Cfiârolet, m.

De las Teiras, III.

De Comballols, VI.

De Lancea acuta, /IL

De Sancto Clémente, II.

De la Roca, VIII.

*

De Sostaniiono, VIII. De Botoneto, X. DePodio Agelager, VI. De Garas causas, V. De las Matas, VIII. De Grabels, X. De Fan, V. De ViUa Juds, X.

60 DIALECTB8 ANCIENS

cxxxm

(F* 102, V. Ann. 1204?) Ch. 274.) Carta tocius lbsde montispbssulani bt quantum

DE UTROQUE AVBRO AGOIPI DEBEAT

Hec est carta tocius lesde Montispessulani.

1) Unusquisque blanquerius qui facit blancariam donat an- nuatim II sol. et dimidium.

2) Quisque coiratarius donat in una quaque septimana qua teneat tabulam, III d. et oh,

3) Queque dotzena Cordoani, III d.

4) Excepto de Rossillon que donat. II, d, la dozena.

5) De omni panno de lana de duabus cannis in susum, I d.

6) De omni panno lineo quod valet de duobus sol, in susum, / d,

7) Excepto de cannabaciis qui sunt venditi ad centum; de qui- bus dantur de uno quoque centum, lll d,

8) Pecia fustanii^ ï d.

9) Estamene pecia, I d,

10) De fillola, I d,

11) De befro, I d,

12J De luria, /. mezallam,

13) Pelles de conils facte, I, d,

14) Lo cent de conils, / ob.

15) Centum de leporinis, I d.

16) Duodenamultoninis nîeLiieidi&j I d,

17) MiUarium de variis IIIl sol.

18) Pelles varie etpellicie varie, et pelles grisie etpellicie, IIIl d,

19) Pelles vulpinarum, H d,

20) Duodena vulpinarum II d,

21) Pelles de catis et vesHmenta de catis, II d.

22) Dotzena de catis, I d,

23) Dotzena de fainis etmartnnis del caus, / d,

24) Pellicie de conils et pellicie de lebres una quaque, I d,

25) Lo cent de anninis, I d,

26) Pelles et pellicie facte de anninis, ! ob.

LB MBMORIÂL DES NOBLBS «1

2Ti TrosseUus de annints « defertur extra viliam, ille qui corn- paratnt donat, Illl d.

28) Trossellus de Gonils similiter, Illi d,

29) Collerius qui cofnparat conillos vel anninas, si defertur suo coUo, l d,

30) Duodena golarum de martinis et f'ainiSf II d,

31) Duodena de loberinis, II d.

32) Duodena de f'anetis, II d,

33) Lo timbre de cembelins, VI d. et ob. '

34) Camsil, I d.

35) Casubla, I d.

36) Libra de seda Yspanie, I d.

37) De hac terra, I ob,

38) Galels desoHdo, I ob.

39) Dotzena caprinarwn^ I d.

40) Omne comiutn de bove et de vacca, et de asino et deasina, et de equo et equa, et de mulo et mula, et roncino, et cervo, I ob.

41) MaH et mule, equi et eque^ et roncini, quisque, III I d.

42) Asinus et asina, bos et vacca, I d.

43) Porcus et poi^ca postquam duodecim denarios valebit, lob.

44) Sarracenus et Sarracena, III sol.

45) Ausbergcfl et ausbergotz, un d.

46) Omnù espaza de Alammania, I d.

47) Espaza de Peitaus, I ob.

48) Coriiim cervt afaitadi, 1 d.

49) Collum per se afaitadvm, I d.

50) Corium bovis afachat si integrum est, I d,

51) Jlonus de solis si de duodecim en sus nia, I solas. 52j Saumada de ferro, II d.

53) Saamada de ponchis, II d.

54) Saumada de relHs et aissadis, I d.

55) Saumada de gavencs II d.

56) Miliarium de clarels de equo, I d.

57) Saumada de sartans de ferro, I d.

58) Lo cent d'acier, I estraig.

59) Sendati et samiti et tireti, II denar.

60) Trastotz draps de seda obrat, IIIT d.

61) Tapitzgran8,IIIId.

62) Almucella, U d.

& DULBGTB6 ANCIENS

63) Barracanm, I d.

64) Lo cent de sipias, I d.

65) La dotzena de moltoninas, I ob.

66) Lo fais de veire, II vaissels.

67) Baccon, I ob.

68) Saamada d'enaps, I enap.

69) Saumada d'escudellas, I escudella.

70) De grazals, I grazaL

71) Lo fais de collier de brocs, I d .

72) Saumada de erugas, II erugas.

73) Saumada de cannas, I canna.

74) Saumada de cordis, I corda.

75) Saumada de canbe, m d .

76) Saumada de sarrias en las quais porta hom fems, I sarria.

77) Lo fais de collier de cannas e canabe e de cordas, I d.

78) Totz hom dona de teigner d'un galabrun en grana, IIII d.

79) D'una saia de teigner en grana eissament, IIII d .

80) Una quaque canna de precet e d'escarlata de grana, doua de teigner en grana, I d.

81) Barracanus dona de teigner en grana, III ob.

82) Cobertor de putois, II den.

83) Totz avers dona del quintal apezar, II den.

84) Eissez grana que dona del quintal apesar, VIIl den.

85) Totz avers que dona de meiseis avers lesda, non dona mais aquel que vent.

86) Collier que porta pez a son col, 1 d.

87) Saumada de pez, si XVIII en sus n'i'a, 1 pegaz.

88) De tôt bou et de tota vacca et de tôt vedel que a 1 an, lo miegz pietz.

89) Saumada mm, lob.

90) Omnis ptscis escamals de soltdo, 1 ob.

91) Vel de C. pisciàus IIII pisces.

92) De anguillù et vairatz de C. IIII pisces,

93) De raiadas la saumada, I raiada.

94) Estorion 1 d. vel 1 nervillam.

95) Alec vel arènes de C, piscibus, IIII pisces,

96) Desepo fundendo de solido, ob,

97) Saumada de carbone, 1 d.

98) Sau. de tota fruita, 1 escudellam.

LE lléMORTAL DBS NOBLES 68

99) San. de ollis, / ollam.

100) Sau. de pergis, I pergam.

101) Sau. de circuits, i circulum.

102) Sau. de sepis, Iforcum,

103) Sau. de ravens, 1 d.

104) Sau. de dentals, 1 d.

105) Sau. de furets cum quitus ventilatur bladufn,'l furcam.

106) Sau. de palis, Ipalam.

107) Sau. de maigsz, 1 ob.

107) Sau. de caulibus et de porris que venit de forts, lob. vel obolatam.

108) Sau. de naps que venit de foris, I seudeUam,

109) Sau. de manegues de aissadis, 1 manegue.

110) Sau. de rompions, 1 rompion.

111) Sau. de copis de lignOy Icopam.

112) Sau. descriniis, I oboL

113) Sau. de astis, / astam.

114) Collerius qui deffertur, 1 d.

115) Sau. dedorcis de VI en sus, Idorcam.

116) Sau. debotellis, I botellam,

117) Collerius decirculis, 1 d.

118) Sau. de descz, I discum.

119] Sau. d'amigdalis, Iscudellam, et si non est t'Msaumada de sextario, t d. et d'emina aboi.

120) Amarine douant de obolata, I amarinam,

121) Saumada de leigna, / asclam.

Celte charte est placée parmi les documents de la succession de Guil- hem IX; on peut lui assigner pour date 1203 ou 1204.

Cette charte de la Leude de Montpellier se trouve aussi dans le Grand Thalamus, f* 38, v®, avec ce titre :

CARTA DB TOTA LA LEUDE DE MONTPESLIER

Les deux textes ont des différences que je vais indiquer, en suivant Tordre des articles : 1. Cet article manque.

4. Dozena, {. dotzena.

5. Susum, l. sursum.

^4 DIALECTES ANGIBNS

6. Même observation.

12. / mezallam, 1. unum obolum.

13. Cet article et le suivant sont ainsi conçtis : pelles de sirogrilU facte, I d.

14. Centum de cirogrillis^ I ob.

23. Caus, /. eau.

24. De lebres, /. de leporiims,

25. Centum de agninis, I d, 33. Cembelins, /. sembelins. 53. De ponckiê, L de ponchas. 56. De clavels, /. de clavis,

58. D'acier, /. d'aceir, I estrag.

59. Cendatz et samitz et tiretz, II d .

60. Obrat, /. obratz.

64. Sipias, /. sepias.

65. Duodena de multoninis, f ob. 67. Baccon, /. bacon.

69. Saumada de scutellis, unam scutellam,

77. Lo fait de colier de cannas et de scutellis et cambe et de cordas.

78. Teigner, /. tenher. Même observation aux articles 79, 80,81.

84. Eissez, /. esters. Â4>esar, /. apezar.

86. Pez, /. pehz.

87. Pez, /. pehz.

88. Miegz pietz, /. meichs pechs. 93. Saumada de raiadas, 1 raiadam.

95. Alec vel, manque.

96. Sepo, /. cepo.

97. De carbone, l. de carbon.

98. Escudellam, 1. scutellan, 105. Bladuniy 1. bladus,

107. Maigsz, /. matz.

108. De forù, mB.nqne,

109. Saumada de manictsde nissadis, l manegue.

114. Qui deffertur, manque.

115. En sus, /. en sus nH'a. 117. Colkrius, 1. colerius. De même au 114.

LE MAMOJUâT. DSô nobles 65

119. Scudellam, 1. seutellam. 121. Leigna, /. legna.

CXXXIV

(P«I03, V». - S. d.) Cb. 276) Carta mansorum qui dbbbnt facbrb ALraROVOS «UIL-

LBLMO DOUmO M0NTIPES8ULANI. (ËXtraits)

Sec est carta memorialis dealbe^^gis que debent homines Guil- lelmi de Montepessulano.

In primù Astramundus de Cairol Alberg ad VI caballarios,

Lo mas de Cairolet alberc ad VI cahallarios

Ipsum Vilanus, per Tapendaria Martin Ouido alberc, II ca- ballcarios, . . .

L'apendaria Durant Gornum de Juviniac alberc. Il cabal- larios

Lo mas del Frigoler alberc, VI caballarios.

Lo mas de T Oliver de Sancto Ckmento alberc, VI cabaUa- rio8

Aquist de val Ariberti per unum mansum de sancto Jorio alberc UII cabalarios.

Los mas de Riu Colum que Bisbas Gibos tania alberc, VI ca- baliarios.

Las apeadarÂas de Podio Agut alberc, VI caballarios

La balia de Peret d'Asrat, alberc, XII caballarios,

La bailla de Morilan aberc, X/I caballarios.

cxxxv

(F*» 113, v°. S. d. )

Ch. 302) Item db censu et albergis mansorum. (Ëx.trait3)

A la Tallada alberc, IIlï cavalers, porc de // solid, moltun, agnum, per espatla VI d., II galluns, 1 gallina, I pan.

66 DIALECTES AIhCIHMB

A la Roveira, porc de il soL, agnum, II gallons, 1 gallina, 1 pan.

Lo mas de la Crux, alberg IIII cavalers^ pord de II sol. y mul- tun, agnum, II galiuns, 1 gallina, 1 pan, per espalla VI d... .

Apendaria de Sere-sech, agnum, II galiuns, 1 gallina, 1 pan.

Apendaria de la Fraiseneda, agnum, II galiuns, 1 gallina. . .

Bardaria Bricii, 1 gallina. . .

Acenton alberg YI cayalers, porc de II soL, multun tundut, agnum, 1 sest. ordei

A la Muta alberg, X cavalers per bailiage.

Carcares alberg XII cavalers per bailiage. . . .

Sancto Amancio monachus, alberg, XII cavalers, 1 servent per bailia. . . .

AdAbunantcus Andreus Mainart alberg, II cavalers, 1 agnum, 1 gallina, 1 pan, 1 sest. de civada censal.

IPeireDurantalberg II cavalers, 1 agnum, 1 gallina, 1 gallun 1 pan, 1 sest. de civada censal

Pons Ug alberg II cavalers, I agnum, 1 gallon, 1 gallina, 1 pan, I sest. de civada censal

Lu mas Bernart Pons alberg VI cavalers, porc de JJ soi,, multun, agnum, auca, fogacia, 1 gallina, 1 pan, 1 sest. de civada censal, per espatla VI d

Lu mas de Peirun Martes alberg VI cavaler8,porc de // soL, multun, agnum^ II auca, fogaza, 1 gallina, I pan, II sester de civada censal, per espatla VI den.

Unusqutsque mansus de Sancto Paragorio et de Milciano debent unum quemque annum per oblias VI d., III boers, 1 segador, 1 ventador.

Las apendarias III d. per oblias, et I segador, et 1 venta- dor, et 1 bovum.

Durantus d'Elzet alberc, V cavalers per bailia. Pondus Raimum de Plaisan alberc, V cavalers per alo...

CXXXVI (PM32, ro. Ann. Ill5?) Ch. 358) Vendicio db quondam logali quam pecit petrus de

BESANO DALMACIO DE CASTRIJS.

In nomine Ùomini. Ego Petrus Lambh-tus de Bezan sumus

LE MEMORIAL DES NOBLES 67

tiln Dalmaz de Castriù atque uxor tua et infantes tut venditores unum logalem qui est a la porta de Castriis, et tenet istum loga- lem del soler qui fuit de Rostagno Gafor^ usque a la porta del castel, excepta de sus e Tentrar del soler en la carreira, totum quod ibi habeo vendimus vobis de voce, fundis, possessionis ut ah hodiemo die et tempore habeatis, teneatis vos et omnis posteriora vestra etfaciatis quecumque facerevolueritis habeatis pienissimam potestatem et dedisti mei in precium. L sol, denar. melgoriensis monete. Et fuit facta cum consilio fratris Petro de Bezan, Pon- dus Lambertus, Raimundus Lambertus, Guillelmus débet Petro Lamberto facere laudare ad uxor sua et ad infantes sui, Jsta carta per fiogena. Testes Pondus de BezdLïï sua, Effre de Castriis, Guillelmus de Burgetis e Rostag Ugo.

Acte placé entre deux documents de môme sorte, de 1115 et 1114 (ch. 357 et 358).

(A continuer.)

1

ACTE DE PROCURATION

(dialecte béarnais; (1409)

L'acte suivant n'est donné que comme texte de langue. C*est une procuration générale . donnée par Arnaud de la Abadie, du lieu du Bosc d'Aros (aujourd'hui Bos d'Arros, près de Pau), pour recouvrer les biens de feu Guillaume, son fils, décédé àElne, en Roussillon. L'acte a été fait àNaj, en Béarn^ le 19 septembre 1409. La succession fut délivrée au frère du défunt par acte reçu à Elne, le 5 octobre suivant (Jacques Bolosum, notaire).

Alart.

Conegude cause sie a totz que Ar[naulton* de la Abadie deu Bosc d'Aros* en la dioseze de Lascar en Bearn, constituât per- sonaumentz en la presencie de mi notari coadiutor e deus tes- timonis de jus scrijtz, a fejt constituit e ordonat son sert beray* e lejau procurador attor domandador recebedor e def- fendedor speciau e generau, es assaber Gassiot de la Abadie, son âlh, speciaumentz e expresse a domandar crubar* pre- ner e recebertotz los bées e causes de quinhe condition ques sien qui son de Guilhem de la Abadie, son filli sanrere e fraj deu dijt* Gassiot, cum es aur argent deutes o bestiars audijt G" aparthientz o aparthier ppdentz en lo temps que biue, ube en losloc d'Eune o de Perpinhar oen au tes partz; E generau- mentz en totz e sengles caas e negossijs que eg ha aôar ni ha

* Ce nom est écril en abrégé dans l'original . L'acte latin du notaire roussillonnais donne Arnauton de la Abadia.

* Les actes du notaire d'Elne portent m lœo deAnbogc Derrosin Beamo, et ailleurs de Aubosc Derros.

< Le notaire n'a pas distingué le b du v, dans ce mot et dans quelques autres.

* Recouvrer.

^ Ce mot est toujours ainsi écrit dans ce toxte. Un autre «iocutnent de Utl, déjà publié par la Revue, écnt partout diit.

ACTE DE PROCURATION

deliurar, ab quai se bol persone o peraones, per dauant totz senbors judges ordenaris extraordenaris delegatz o subdele- gatz, tbientz offici seglar o de gleie, ab poder de substituir aute o autes procurador e procuradors en son loc; Prometent e au- tre jant, lo medixs constituent, que tôt. quant que per lo son dauant dijt procurador o per lo substituit o substituitz per Inj sera fejt quitat recebut crubat e deffenut, a luj sera per ferm e per durable e agradable: noremenh stote cause aberfermju- djat absobr {sic) ab totes sas universaus clauses. Prometent e autreyant, lo medixs constituent, a mi notari de jus scrijt stipulant e recebent per totz aquetz aus quaus s'aparthiej ni aparthier se pod, cause judjade pagar e complir, relevant a relevar; prometent de tote carque satisdar, en obligation de totz sbosbees e causes, E qu'en autre ja carte. Fejt foau Bosc d'Aros en Bearn xix jorns en setenre Tan m cccc ix; testimonis son d'asso Berthomiu de Gelibert*, Bertran d'Aris, deu Bosc d'Aros, e jo Guilhem de Sacase, coadiutor d'En Goalhard Doroys', notari public de.Nay, qui aqueste carte retengu (sic) fi e senhe de mon senhau.

(Original sur parchemin; Archives du d,épartement des Pyr. Or,)

Le dénombrement général de la vicomlé de Béarn, en 1385 {Archives iies Basses-Pyrénées, p, 107), mentionne déjà, au Bosc d'Arros, les ostaus d'Arnauton do l'Abadie, de Berdolo d'Arts et de Gelibert,

' Coadjularem Gallardi Deroys, dans l'acte du notaire d'Elne.

ARCHIVES 1)Ë MONTPflLLIKR

LE CÉRÉMONIAL DES CONSULS

Le manuscrit que nous allons publiera un très-grand inté- rêt au point de vue historique. Non-seulement il indique, jour par jour, pour ainsi dire, quelles étaient les fonctions et les habitudes municipales vers la un du mojen âge, mais encore il constate quels furent les efforts de nos pères pour mainte- nir, contre les empiétements de la royauté et de ses agents, les coutume^ et les privilèges la cité.

Il est facile de comprendre, d'après cela, que la rédaction du Cérémonial des consuls ne fut pas une simple affaire d'éti- quette : elle répondait à une nécessité évidente, flagrante aussi, puisque les occasions de se défendre contre ces empiétements étaient journalières, et qu'il fallait à toute heure se tenir à la brèche pour en repousser de nouveaux.

Il sort donc entièrement, par son caractère, de l'esprit ordi- naire des cérémoniaux, qui n'ont pour but que de satisfaire de simples vanités ou des prétentions personnelles.

Il suffit, indépendamment de ce que nous avons dit ci-des- sus, de rappeler les circonstances qui le firent rédiger.

A partir de la grande charte de 1204, la ville de Montpel- lier avait vécu avec un ensemble de coutumes, de franchises, de privilèges, qui lui assuraient des droits si nombreux, si importants, qu'ils lui constituaient en quelque sorte une exis- tence toute républicaine *.

Lorsque les rois de France en acquirent la seigneurie, leur pouvoir trouva par conséquent, à son exercice, des limites et des entraves qui l'arrêtaient ouïe gênaient.

Aussi leur autorité n'eut-elle rien de plus pressé, tout en

' Pour connaître l'esprit et la manière d'être de cette constituUoD, vo\ . V Histoire de la Commune de Montpellierf de M. A. Germain. Le premier volume la commente et l'explique, les deux suivants la montrent en action. Cf. Grasset, les EtablissemenU, Petit Thalamus^ éd. de la Soc. archf p. xvii et sq., pour les autres parties de notre droit communal.

LE CBRÉMONUL DBS CONSULS 71

jorant de respecter et d'observer nos coatumes et nos fran- chises, — qHe d'essayer d'en ébranler Tensemble pa^ des atta-, qne% directes^ et d'en distraire peu à peu, par des empiéte- ments successifs, violents ou non, les parties les plus essen- tielles *.

Elle réusait si bien, si complètement, dans son œuvre de destruction, que de cet ensemble de droits que la ville possédait au mojen âge, il ne restait plus rien en 1789.*. La constitution si libérale de 1J204, dont le maintien avait été tant de fois juré par les rois, avait disparu de fait ; les fonctions munici- pales étaient données pour de l'argent, et la ville se trouvait à la merci de l'Intendance '.

£n outre des coutumes et des privilèges, qui formaient la masse principale de leurs droits, nos franchises étaient appuyées sur des titres sérieux, positifs, des instruments in-' contestables, que Ton conservait avec un soin extrême dans nos archives et qu'on se hâtait de produire dans toutes les occasions de litige. Il était rare que, lorsqu'une prétention se présentait avec netteté, elle ne fût pas repoussée de suite.

Mais bientôt les exigences s'acoiOirent ; l'on en arriva à cette extrémité d'être obligé de disputer point par point, lambeau à lambeau, chacun de ces droits.

L'autorité eut bien vite raison des moins essentiels ; elle frappait les autres par les explications équivoques qu'elle en douAait, les modifications ingénieuses qu'elle y apportait, la crainte continuelle de conflits avec ses agents naturels, la dé- suétude aussi. Ce fut de sa part, pendant plusieurs siècles, une guerre de subtilité et de ruse, qui mériterait bien d'être racontée tout au long.

^ Les rois d'Aragon, du reste, n'avaient pas attendu leur exemple. Voir ÏBiitoire de la Commune, t. I, p. 21 etsq.,, Janme l*' le Conquérant, etc., t n, p. 19 et sq., par M. Gh. de Tourtoulon.

* C'est œ qui a été déjà parfaitement remarqué par M. d* St-PauL Voy. sa remarquable introduction au Petit Thalamus, ôdit. de ia Soc. arch., pag. XVI.

' On Irouvera Thistoire de la décadence progressive df^s pouvoirs consu- lai! es dans une publication de M. F. Pegat, les Consuls de Montpellier nous VautorUé des fonctionnaires royaux, notamment pendant leè années 1640 à 1657, d'après un ms des archives de la ville. Montpellier, Boehm et fils Voy. surtout p. 26 et sq.

lit DIALBCTB8 iLNCIBKS

Dans une telle situation, il était très-difficile à Fadminis- tration communale d'agir en quoi que ce soit sans engager les droits de la ville et les compromettre, quelle que fût la sagesse de nos magistrats.

Aussi, à chaque nouvel acte, exigeant une initiative quel- conque, pour si peu importante quelle dût être, on était forcé de rechercher dans les archives de quelle manière on avait agi dans des circonstances de même sorte, et on s^'appujait de ce précédent acquis pour ne pas aller au (lelà.

Quand on avait à prendre une décision pouvant avoir des coBséquences graves, on avait recours au Petit Thalamus, contenant les coutumes et les franchises ; au Grand Thala- mus, — se trouvent d'importants privilèges ; aux chartes originales aussi.

Mais, lorsque Tautorité à son système d'attaques directes eut suhstitué celui des interprétations juridiques, pour défaut de forme ou de procédure, il ne suffit plus à nos consuls de savoir ce qu'il fallait faire : il leur fut non moins indispen- sable de savoir comment il fallait faire.

Avec des adversaires aussi vigilants, ausjii insidieux que le fisc, le domaine ou la sénéchaussée, il était de la plus haute nécessité de prendre garde à ses moindres démarches, à ses moindres paroles, à ses moindres actions.

On sentit le besoin d'un vade mecum qui, sous une forme concise et rapide, indiquât, dans tous les cas possibles, ce qui était convenable et les précédents à invoquer. La rédaction du Céi^émonial des Consuls en résulta.

Ce fut une affaire de sauvegarde et non d'étiquette.

Notre manuscrit n'est très-certainement qu'une recension. Il est plus que probable qu'il j eut d'abord plusieurs rédac- tions successives, dont on retrouve des parties dans le texte que nous donnons.

Cela résulte de passages l'on cite des faits appartenant au moment présent, quoique se rapportant à des dates diffé- rentes, ce qui ne peut provenir évidemment que d'une succes- sion de rédactions.

Ily a tout lieu de croire que le texte primitif n'était qu'une simple énumération des actes municipaux, et aussi qu'il était en langue romane, tant à cause de phrases entières (^ui s'y

LB CénÉMONIAL DBS CONSULS 73

retrouvent, que parce que la langue delà rédaction française en est fortement imprégnée.

Cette dernière paraît appartenir aux premières années du XV siècle.

 cette époque, les pouvoirs consulaires avaient été déjà fortement atteints ; aussi trouvera -t;>on dans notre manuscrit, à coté d'indications précieuses, de traditions et d'usages, beaucoup de formalités devenues insignifiantes, parce qu'elles n*avaient plus de raisons d'être.

Âa seul point de vue de la philologie, le Cérémonial des Con- suls a aussi de l'intérêt. Avec lui, la langue du pays, que nous avons vue apparaître dans le Mémorial des Nobles, fait place à la langue française, tout en influant sur elle d'une façon très- appréciable et qui mérite d'être remarquée spécialement.

Je compléterai cette publication par une étude sur cette influence du languedocien sur le français en usage dans notre province.

J'ai ajouté au texte, en faveur des personnes qui n'ont pas Thabitude de la vieille langue, une glose continue, en atten- dant que je puisse donner un glossaire.

J'y joindrai diverses pièces justiflcatives concernant lesdéli- bérations municipales qui touchent au cérémonial, et une no- tice succincte sur les Mémoriaux consulaires^ qui forment une

suite naturelle du Cérémonial des Consuls.

A. M.

S'ensuiT LA FORME et manière comment se doit gouverner le notaire du Consolât ', sur les sérémonies qui se doibvent tenir et observer audit Consolât *, commençant le derrenier* jour de février.

1. ^ Dernier févribr. Annonce de l'arrivée du délégué DU roi pour l'élection des consuls

Premièrement le derrenier jour de février, ledit notaire doit avizer les seigneurs Consulz, que a icellui jour doit venir un tremys * par le Roy n" Sire, pour estre présent et tenir le lieu du Roy en icelle partie de l'élection des Consulz qui se

* Consulat > Id. > Dernier. « Envoya, délégué.

74 DIàLBGTBS ANCIBN8

doit faire pour Tan énsayvant, selon la teneur du previleige donné par le seigneur de Montpellier et confermé par le Roj de France nostre sire, et script au Grand Talamus, feuillets xxxvi, xxxvii, xxxix, ccv, gxxix.

2. Id. Arrivée du délègue

Item si le Roy nostre Sire ne tremect * aucun pour tenir son

lieu pour estre en la dicte élection, les seigneurs Gonsulz le

doyvent attendre tout le jour jusque à Yave maria. Et si vient

le doyvent recevoir en honneur et révérence, en hostant leurs

chapperons et faisant révérence aux lectres du Roy nostre

sire. Et si ne vient aucun tremys*, le notaire doit faire troys

foys proclamation devant la porte du Consolât', presens tous

les seigneurs Consulz et presens tesmoingtz qui ne soient du

Consolât. Et que de ce, se face (f I, sr^) instrument. Et se mecte

dedans instrument qui fera de le élection des Gonsulz. Et la*

dicte proclamation doit estre telle :

A y S aucun tremys^^, par le Roy nostre sire pour estre en la élection des Gonsulz qui se doyvent faire *f

Et ce doit faire troys foys. Et à la tierce foys doit respondre ledit notaire en personne des seigneurs Consulz telles paroles :

Les seigneurs consulz qui sont icy présens protestent que au cas que aucun tremys ^ par le Boy nostre sire viengue ^ en la forme que doit, selon la teneur dudit previleige, que ilz le recevront en honneur que doy- vent, autrement si ne vient ilz procéderont à leur élection selon la teneur dudit previleige.

Et doit dire la derrenière ' chose, icelles paroles :

B vous autres, seigneurs, me demandes instrument ?

Et ilz doivent respondre que u ouy ». Et d'icellui jour ne se

doit plus rien faire.

3. Premier mars. Élection des vn électeurs

Prima Mardi

Item. Le premier jours de mars, le notaire du Consolât* doit recevoir des Consuls des mestiers électeurs des Consuls ma- jeurs, au casque les viennent rendre, et s'ilz n'y viennent, les- ditz seigneurs Consulz les doivent eslire ; et qui soient de les

' Envoie.— ' Envoyé.— «Consulat. * Y a-t-il.— * Délégué. Id. T Vienne.— ' Derniôre,.^ Consulat.

LE CÉRBIffONIAL 1>E8 CONSULS 75

sept eschelles < et des mestiers acoustumez de ruiler * et y en doit avoir trente-cinq. Et iceuU doivent ruiler' de cinq en cinq par les sept eschelles, en la forme et manière que (P 2, v®) roUon * les seigneurs consuls. Et des trente cinq non j restent que sept, que ne est que ung de chaque cinquinc*. Et doivent avoir six enfans, les cinq quiàoientassiz aux piez des seigneurs consulZy et chascun doit tenir devant lui une escudelle * de bois, et le sixiesme enfant, que doit estre le plus petit et le plus ignoscent, doit estre devant les cinq enfans, pour bailler à chascun desditz enfans, cinqrutles^ de cere* blanche, chascun d*une grosseur et d'ung poix. Et icellui qui tiendra le lieu du tremys •jdoit tenir les bons rutles, lequel doit estre le premier Consul au cas que n'y ait aucun tremjs, et ung autre seigneur consul doit tenir les mauvaiz rutles. Et le notaire doit tenir deux escudelles de bois, et les doit tenir en deux mains Tune sur Pautre quasi entrecouvertes. Et ce doit faire vers cellui qui tient les bons rutlons*® et icellui y doit mectre ung rutlon ; et cellui qui tient les mauvais rutlons ne ** doit mectre en lesdites escudelles quatre rutlons, et font cinq. Et ledit notaire doit bien ce remener*' en toutes les deux escudelles, et les mectres devant Tenfant qui ne sera assiz. Et Tenfant doit prendre les cinq rutlons, tous en une poignée, et en doit mectre ung en chascone escudelle des cinq enfans. Et chascun desditz cinq enfans doit mordre sur son rutlon en telle guise que se trouve ung escript (f* 2, v"), que doit estre en ung des cinq rutlons. Et cellui qui aura Fescript, icellui sera le Electeur.de consul. Et ainsi doit courir jusques que tous les sept électeurs soient complitz*' de rutler.Toutefoiz devant que procedissent** àicelle acte*' des électeurs doyvent faire une proclamation devant la porte du Consolât*', en la forme et manière que icelle du jour de devant*^.

4. Id. Sermbnt des sept électeurs. Élection des consuls Item. Ce fait,les seigneurs consulz doyvent parleurs escuyers

' Section 61ectoral6. ' Rouler, dans ie sens de passer à tour de rôle. » Id * Roulent.— * Groupe de ciaq.— Ecuelle. ' Boule de rou- lement— • Cire. Envoyé. '• Boule de roulement ''Ne. avec Tdeur affirmative. '* Remuer. *• Accomplir, achever. •* Procé' daitenl. " Acte au féminin. ** Ck)nsulat. •' Précédent. '

I

76 DIAI.BCTB8 ANCIENS

mander quérir* leurs sept électeurs, et quant ilz sontyenuz là, les sept électeurs se do jvent monter sus en la Sale, et assiz les seigneurs consulz, les sept électeurs se doivent assoir. Et se doit assoir premier, derrière les fenestre^, celui qui est pour le dLmenche\ et après le lundi, et ainsi en ensuivant jusques au samedi que doit estre- le derrenier •. Et présent le peuple, les seigneurs consulz, et le lieutenant du tremjs*, et les sept électeurs, dojvent jurer et faire leurs sacremens*, que sont acoustumez de faire selon la teneur du previleige, lesquels sacremens doit lire cellui qui sera notaire du consolât a haulte voix, présent tout le peuple la estant avant que facent le sa- crement. Et leu le sacramental', le lieutenant du Roj prent le Livre en ses mains, et si est consul, jure comme consul ; et en après prend le sacrement "^ des autres consulz, et puis après des sept électeurs, et de ce dojvent (f* 3**, r') les seigneurs consulz demander instruments. Et ce fait, tout le peuple yssi ' hors de la Sale, et les portes se ferment en telleguise que per- sonne petite ne grande ne demeura ' leans, ce non tant seu- lement le tremys^^, s'il y est, les seigneurs consulz et les sept électeurs, \i procedissent " à faire leur élection de dix-huit hommes pour rutler" pour consulz. Vérité est que les sei- gneurs consulz de Tan mil quatre cens et dix obtindrent lec- tres du Roy nostre sire, que attendu la diminution des bons hommes, que aqui*^ ruUayent par chascun rutle** cinq bons hommes que doresnavant ne rulleriont que trois, par qy** rullayent trente bons hommes, doresnavant ne rulle- riont quQ dix huit, et s'en feist estatut** et ordonnance. Et quant on comply et sont tous d'accord, que ont leurs dix huit bons hommes et suffisans, les portes se ouvriront, et le peuple entra*"' dedans. Et les enfants se assiétent*' comme fassoient*' quant rutlaient les électeurs, et s'observe la manière de bailler les rutlons** comme aux électeurs, et se publiquent*' la en ung cartel de papier par le notaire dudit consolât *• les ditz dis huyt bons hommes. Et rutlent par consulz en

m

' Envoyer chercher. ' Dimanche. « Dernier. * Délégué. » Serments. « Formule de serment. ' Serment. Sorti. « Demeurera. *o Délégué. *' Procèdent •* Voter. ** Que là. Tour de rôle. «Que là.— Statut.— •' Entrera.— '• Assoient. ^" Pesaient. Boule de roulement. ** Publieot.— ^' Consulat.

LE CéRÉMONIAL DES CONSULS 77

telle guise que des dis hnjt demouront* six consuls. Et ce complj rejttèrent de public* les noms des six consulz {P 3, V®). Et de ce demandent les seigneurs consulz instrument; et le notaire, de tout ce, fait instrument.

5. II* Mars. Prestation de serment des nouveaux Consuls

Item, le second jour ou le tiers de Mars, les seigneurs con- sulz vielz * dojve.nt mander quérir* les seigneurs consulz nou- velz', et la doivent faire sacrement' en leurs mains lequel est acoustumé de faire. Et doit recevoir le sacrement celluj des consulz qui est lieutenant de monseigneur le bajle. Et la mesmes les seigneurs consulz vielz nottiôent aux nouvelz toutz les négoces^ et affaires du consolât^ ou leur assignent ung jour certain pour les leur faire assavoir'^

6. Id. Première assemblée des consuls

Item, ce fait, les seigneurs consulz nouvelz, la mesmes si leur est advis, ou au chef® de deux jours ou de trois, se doy- vent mectre en la chapelle du Consolât, et dojvent traitter de leurs robbes, et de tous les affaires** du consolât.

7. Id. Dispositions concernant le costume des consuls

et des notaires

Item, chascun des seigneurs consulz ont pour leur robbes et folradures*' et le notaire quarante livrez, et l'an mil cccc et quinze, les seigneurs consulz par délibération de conseil tour- nèrent** leurs gaiges et de leurs successeurs de quarante livres à trente livres, et pour ce que ordonnèrent (f*4,p*) Tofûceque tenoitmaistre Jehan de Cornille et ordenèrent** que le notaire pour icellui ofdce tiendroit à ses despens ung cler, car aùroit trop grand travail, et pour le salaire du clerc ne diminueroient point ses quarante livres. Et les seigneurs consuls dojvent faire robbes et chapperons tout d'une couleur, et se doyvent vestir le jour de Nostre Dame de Mars qui esta vingtième de mars.

* Demeureront.—^ Ratèrent la publication » Vieux.— * Envoyer chercher. » Nouveaux Serment. ' Négociations. Consulat. •Savoir. »• Du bout. *' Affaire au masculin . Fourrures. ^t Changèrent Ordonnèrent.

7fl DIALEGTHS ANCIENS

8. > XXIV MARS. DsRTnÈRE ASSEMBLÉE DES CONSULS SORTANT

POUR LE RÈGLEBfENT DES GOICPTBS

Item, le XXIV* jours de mars, les seigneurs consulz vielz se dojvent a^jouster * au consolât, ou devant* si leur est advis, pour tauxer^ les travaulx de leurs clercs et autres qui auront travaillé pour le consolât^. Et le notaire j doit eatre pour es- cripre ce en* fe Livre de Clavaire^. Et doit monstrer aux sei- gneurs consolz'' les travaulx que auront fait ceulx qui auront travaillé pour le consolât. Et si peu ou' taxent, ledit notaire leur doit dire se que lui semble.

9. XXV MARS. Le GOUVERNEUR REÇOn* LE SERMENT DBS

NOUVEAUX CONSULS

Item, le jour de Nostre Dame, que est le xxv* jours de mars, les seigneurs consulz vielz et nouvelz se doivent a^jouster' au consolât, et la doyvent ojr leur messe. Et oj la ditte messe doyvent mander au Palajs se*® monsei- gneur le gouverneur (f 4, v®) est prest pour s'en venir, et non romains^' doyvent mander un escuyer à la Pelisserie^* pour veoir si monseigneur le gouverneur ou son lieutenant veura". Et tantost que le dit escuyer veura qui viendra, tan- tost de grant cours ** s'en viendra aux seigneurs consulz leur dire (que) ouy. Et adoncques les seigneurs consulz vielz et nouvelz, touchant**^ les menestriers davant **, et iront pre- mier au aller ^^ les seigneurs consulz vielz, et se doyvent rencontrer avecque monseigneur le gouverneur au canton ** de Nostre Dame de Tables, devant l'osteP' de sire Guillaume de Ribaute, monseigneur le gouverneur bien accompagné de monseigneur le baille et de tous ses officiers, et s'en entront ^ à Nostre Dame de Tables tous ensembles. Et s'en montent a mon^ en la trebune. Et tout ce est abeure qui se dit la grant messe. Et le notaire du consolât^, estant la ou se cbante l'evvangile à l'Ange, lit à baulte voix le sacrement ^' que est

* Réunir.— 'Auparavant. * Taxer. De taux, comme taxer de taxe.

* Gk)nsulat. Dans. « Receveur municipal. ' Consuls. Le. » Réunir. 'o Savoir si. Demeure.— Rue des PéUssiers.

«» Verra. •* CSourse, hftte. •» Jouant. '• Devant. «' En 'allant. «> Coin. «• Maison, bétel. m Entreront. En haut. ' Consulat '* Serment.

LE GERÉMONIAL DES CONSULS 79

acconstumé. Et leu ledit sacrement*, ledit notaire lit les noms des seigneurs consulz nouvelz. Et le notaire est devant mon- seigneur le gouverneur lequel fait de tout instrument, lequel lui baille* le Livre ou est leu le sacrement. Et ainsi quant les lit ung après l'autre viennent jurer entre les mains (f 6, r**) de monseigneur le gouverneur; et quant tous ont juré, s'en descendent et ejsson* de Fesglise. Et la se sontencontrez^ à rentrer, prennent congé de monseigneur le gouverneur en lui demandant s'il lui plaist que lui facent compagnie, de quoj monseigneur le gouverneur leur remercie la compagnie. Et adoncques les seigneurs consulz nouvelz et vielz s'en vont au consolât, et les nouvelz vont tous premiers, et les menestriers leur vont devant touchant *. Et quant sont à la porte du Con- solât, les seigneurs consulz vielz prengnent congié -des nou- velz, et chascun s'en va en sa maison. Et adoncques les sei- gneurs consulz nouvelz s'en entrent en la chappeile du Conso- lât. Et la se dévissent ' les escu jers. Et ordonnent quelz "^ deux des seigneurs iront à Lates, de quoj est acoustumé que les deux derniers j vont pour repevoir sacrement * des consulz nouvelz de Lates, et y dojvent aller devant disner. Et doi- vent 7 aller avecque le notaire du Consolât et deux escujers. Et cessament * les accompagnent leurs amis. Et quant son[t] à Lates, la son appareillé le baille du lieu et consulz. Et la sur lesfons de l'esgUse le notaire du Consolât*^ est an mj** des deux seigneurs consulz de Montpellier, et lit le sacrement (r 5,v^) que dojvent faire les consulz de Lattes. Et leu le^iit sa- crement^, lesditz consulz de Lates jurent entre les mains des seigneurs consulz de Montpellier de faire selon la forme qui se contient au dit sacrement. Et ce fait les ditz seigneurs consulz de Montpellier de tout ce en demandent instrument. Et la prengnent congié les ung des autres et montent à cheval, et s'en viennent chascun dessus en sa maison. Et icellui (jour) ne procèdent en autre chose quant au fait du consolât.

* SennoQt ^ * BaillenL ^ Sortent. * Rencontrés. *- * Jouant. * DiTiaent. partagent ' Lesquels. ferment. * Incessamment. «• Coiuulat. " Au milieu. «« Serment

80 DULBCTES A17CIBN8

10. XXVI icAKS. Les consuls assistent la. messe du saint- BSPAiT. Assemblée pour l'attribution des affaires, le

DON FAIT AUX PAUVRES, LE SERMENT DBS CONSEILLERS CLERCS, LES VISITES OFFICIELLES.

Item, lendemain que est xxvi* de mars^ les dictz seigneurs consulz se adjoustent^ au Consolât, et la ojent une messe du Saint Esprit, et ouj messe se adjousten tous ensemble, et se serrent detras ^. Et le notaire les informe de se que ont affaire, et la prengnent sacrement de tous leurs officiers comme sont le notaire et les escujers. Et le notaire lit son sacrement, et icellui des escuyers, et ung chascun d'eulx jure en les mains des seigneurs consulz, et tout ce fait les escujers s'en vont dehors, et- les seigneurs consulz demeurent céans, et devisen' entre eulx les(r 6, r^) les offices du Consulat*, comme est des patrons des hospitalx, de contreseigner les albarats ' de blé et de vin, de tenir les clefs de la sacrestie ' et des Livres quarett. Et le notaire leur doit nottifier comme est de bonne acoustume'' que doyvent donner aux pouvres (des hospitaulx), affin que Nostre Seigneur les advisse ^ en tous leurs faiz, que onl afaire toute icelle année pour la université. Et icellui jour mesmes, ou le lendemain, si leur semble bondoyvent faire ettraitter de leurs conseillers clercz, tant de cette ville comme de Paris, et les seigneurs dojvent mander quérir* leurs conseillers clercz, et doyvent prendre sacrement <• d'iceulx en instrument, et aussi bien ledit notaire les dojt âdviser, comme est de bonne coustume que les seigneurs consulz au commencement du régime** de leur office, avecques les Ouvriers" ou aveucque Tung d'eulx dojvent aller faire révérence à monseigneur le gouverneur en *3 leurs robbes du consolât** ou aveucques leurs escujers et serviteurs. Et en après * par semblable manière à monseigneur Fevesque de Maguelonne, au cas que soient en ceste ville.

' Réunissent. ' Derrière; le bas de la chapelle. « Divisent, parta- gent. — * Consulat. » I^aissez passer. Sacristie. ' Coutume. Avise, iaspire.— » Envoyer chercher.^ 'o Serment.—** Administra- tion.—*' Administrateurs de l'œuvre de la Commune Clôture. *' Avec.— Consulat Immédiatement après.

LE Cl&RéMOMIAJL DBS CONSULS 81

n. Id. Choix paît parmi lbs Consuls du lieutenant - DO Baille. ~ Nomination de gardes des métiers.

(F^ 6, V.) Item, que icellui jour mesmes ou le lendemain, au plus tost que pourront, se dojvent tirer devers monsei- gneur le baille qu'il lui plaise de faire ses lieutenans, c'est à savoir deux des seigneurs consulz ou troys, ceulx que bon semblera audit monseigneur le baille. Et do j vent estre au mains les deux premiers, et quant leur aura octroyé, le notaire doit aller devers ledit monseigneur le baille, et doit prendre instrument de la lieutenance en la forme et manière que est accoustume *. Et la mesmes, ledit notaire doit expliquer audit monseigneur le baille que pour ce que en icellui temps se doj- vent recevoir consulz et gardes des mestiers, que donne po- voir au notaire lequel reçoit les dictz consulz et gardes que puisse prandre * le serment accoustume, et de ceulx que ne vouldront jurer ne payer leur carité *, de la les arrester ou de les faire gaiger. Et que dudit povoir ou régie que donnera ledit monseigneur le baille receuvra ledit notaire instrument en la forme et manière acoustumez.

12. Id. Prestation de serment des peseurs publics

Item, que le plus tost que pourront [P 7, r°) prengnent les seigneurs consulz le sacrament* dels meturaires et pezaii^es des poix des blés et des farines. Mais que se gardent bien que ne prengnent sacrement jusques que monseigneur le baille ara faitz ses lieutenans.

(Le ms. a ici trois lignes biiTées et illisibles.)

13. Id. Prestation de serment des portaliers

Item, que le notaire doit dire aux seigneurs que ilz doy vent recevoir le sacrement des portaliers ' pour raison de les tas- sides * et du vin que ne entre dedans ladicte ville, et les sei- gneurs consulz le doyvent commectre au notaire, car ils ne doyvent pas jurer au consolât ', mais aux portaulx, et pour

* Coutume. ^ Prendre. > Charité, cotisation de secours 'mutuel. * Sonnent ' Mesureurs. * Peseurs. ' Gardes des portes de U ville. «Taxes. ~ •Consulat.

82 DIALBCTB8 AKGIBNS

ce est de oostume, que le dict notaire j voise * avecques deux tesmoingts, deux esouyers ou autres, et d'iceulx sacremens le dit notaire en doit faire aux seigneurs consulz relacion.

14. > Lundi saint. Demande patte a l'ëvAqub

D*UNB lettre de COMMUNION

Item, que le lundi ou le mardi sains ledict notaire doit avi- ser lesdictz seigneurs consulz de avoir de monseigneur de Ma- guelone la lectre de la communion pour la sepmaine sainte et pour le jour de (f 7, v®) Pasques, et de les octaves, qui donne licence aux curez de Saint Fermin et de Saint Denis que puis- sent donner licence de cumerguer *; et doit faire faire la lec- tre a son clerc, et puis les envojer au notaire de la Sale pour contreseigner «, de quoy doyvent avoir quatre gros *, et en après ' les faire contreseigner par monseigneur de Mague- lone ou par son vicaire, et en après les faire sceller et payer le scel encore quatre gros. Et après le mardi ou le mercredi sains par ledit son clerc ou par ung des escudiers ' du conso- lât '^ faire le présenter aus dictz curez à cause de ceulx qui vouldront se cumerguer le jeudi sains et les autres ^ours en- suivans.

15. Id. Nomination des xxiv conseillers

Item, que les seigneurs consulz dojvent faire leurs xxiiii conseillers laiz et clercs et quant les ont faitz, les doyvent mander quérir •, au consolât, par leurs escujers, affin que viengnent faire le sacrement *• qui est acoustume** de faire. Et ne doyvent pas venir en nombre que (f 8, r*) au plus ne soient ne doyvent estre leur venir, mais que d'eux pour ce les gens du Roj ne puissent dire- que feissent coUuzion ou congrégation de gens ou manipoli *'.

16. 1*' AVRIL. Nomination des syndics

Item, dedans le mojs de mars les seigneurs consulz doy- vent traitter de faire scinditz. Et se doyvent faire le pre-

' Aille. - * Communier, faire communier. - * Contresigner. * Petite monnaie. ^ Immédiatement après. ^ Ecuyers. ' Consulat * Laïques. Envoyer -chercher. *o Serment.— ** Coutume. '< Réunion illicite.

LE GBRBMOMIAL DBS CONSULS 63

mier ^joiir d'avril . Et se font solempBeQement^ en cloche eo- nante, au porgae * du consolât*, mais que * les seigneurs con- sak soient d'acordz le dernier joar de mars. Et le lendemain, qui est le premier jour d'avril, se publiquent^ en solempnité, comme dessus est escript. Et en sonnant les deux cloches, au clocher de Nostre Dame des Tables, comme est de la grosse cloche, et de la cloche de les heures. Et se fait une petite col- lacion' par ung du procureur du consolât, et non pas par autre des seigneurs clercs, car icelle collacion ne. doit pas estre si solempnelle comme les autres qui se font des Ouvriers et autres. Et ainsi quant s'en entront ' pour acommencer '' la collacion, ung escujer du consolât s'en doit montrer au clo- cher du Consolât et frapper cinq ou six coups (f^ 7, r®) à la cloche, affin que la grosse cloche de Nostre Dame sonne, et que le peuple viengne au consolât, pour ojr la publicacion des scinditz '. Et quant ladicte publicacion est complic, ung des seigneurs consulz baille par escript au notaire les noms des scinditz, en quoj ne dojvent estre que deux. Et ledit notaire les récite, présent le peuple, en la forme que se doit réciter ung scindicat * Et avecque le povoir qui est acoustumé de don- ner aux scinditz de sept ou de huit ans en çà, qui est de Tan mil trois cens nonante ou nouante cinq. Et icellui récité, les seigneurs consulz en demandent instrument, et le notaire fait l'instrument, et dojvent estre presens le notaire du consolât** et les deux seigneurs chappellains, ung chascun en** leurs robbes d'icellui an . Et aussi les seigneurs consulz y doyvent estre en ** leurs robbes du consulat d'icellui an. Et tout ce fait, len- demain, les seigneurs consulz les doivent mander quériH^ pour faire le sacrement*^ acoustumé, lequel sacrement doit lire le notaire en son Livre de Coustume, Et si ne les mandent quérir, ung autre jour après. Et ne y doyvent [P 9, r") pas craindre de ce faire.

17. Les Consuls, lorsqu'ils vont en cérémonie, doivent avoir

LEUR COSTUBfE

Item, le notaire doyt adviser les seigneurs Consuls que

«

' Porche. * Consulat. * Pourvu que. ^ * Publient ^ Discours

Entreront. - ^ Commencer. Syndic— » Syndicat.— '< Consulat

** Avec •« Id. Envoyer chercher. ** Serment.

84 DIALECTES JLMCIBNS

soient à joye ou à dealh, ils dojvent porter leurs robbes du consolât pour honneur de la ville, ou pour quelque acte public que se face au Consolât, ou pour entrée ou yssue * de grans seigneurs, ou pour aller leur faire révérence, ou quant vont tout ensemble en aucun lieu ; et ce faisant, font honneur à eulmêmes et à la ville. Et doyvent aller bien acompagnez des bonshommes de la ville et des ouvriers. Et aussi dojvent faire vestir les robbes d'icellui an aux escujers.

18. Id. Dispositions concernant le costume des chapelains

Item. Les deux seigneurs chappellains dojvent avoir chaâbuu trois canes* et demje de draps de Vervjn et doivent estred* une livrée. Et se dojvent aussi vestir le jour de Nostre Dame de Mars.

19. Rameaux. Autrç lettre de communïondb l'évêque

Item* Que devant le jour de Rams^, ledit notaire doit ad- visêr les seigneurs Consulz qu'ils ajent de monseigneur le vi- caire de monseigneur révesquc de Maguelonne la lectre de la licence de la communion que (f* 9, v*^) les ordres des religions de ladicte ville puissent cumerguer * le jour de Pasques ethujt jours devant, et hujt après, en leurs églises, les bonnes gens qui auront dévocion de cumerguer à leur ordre. Et adonc les seigneurs ont acoustumé comunément de commectre au no taire de faire ladicte lectre et la faire contreseigner et sceller, et de le bailler ou monstrer auxdits ordres. Et le Clavaire *, doit distraire cinq solz tournojs que coste * ladicte lectre. Et si adonc ne avoient faitclavaire, ung des seigneurs a acous- tumé le distraire

20. Les consuls assistent a la procession de Saint- Firmin

Item, que le jour de Ramz les seigneurs Consuls en ' leurs robbes du consolât de matin dojvent venir au Consolât, et oujr leur messe, et ouje la dicte messe, s'en aller aveucques leurs escujers, notaire, chappellains et autres serviteurs leurs, à l'église parrochialle de Saint-Fermin, quant sentiront que la

* Sortie. Canne. * Rameaux. * Communion " Receveur municipal. * Goûte. ^ ^ Avea ^ Consulat. * Dans la matinée.

LE CEREMONIAL DES CONSULS 85

messe parrochialle soit près d'achever, et si se font Rams, ojT le sermon et faire les Rams S et se ils se faisoient à Saint Bartholmieu ou ailheurs pour acompaigner (f* 10, r"*) aveucques monseigneur le gouverneur, monseigneur le Baille, et en * les autres vailhans hommes de la ville, la procession de Saint Fermin jusques à Saint Bartholmieu ou ailleurs, se feront les Rams, et ouyr le sermon et Foffice des Rams, et fait roffîce, s^en retournent à Saint Fermin accompagner la dicte procession. Et quant ont accompagné ladicte procession à Tyssue de Tesglise, prendent congié des officiers et s'en vont chascun en son hostel '.

21. Pâques. Les CJonsuls vont au sermon aux Frères- Mineurs. Assistent A la procession

//e»i, que le jour de Pasques, de vespres, lesdits seigneurs Consuls, en leurs robbes, doivent venir au Consolât*, et de mander quérir!^ leurs clercs, lesquels ayent le samedi sainz fait convoyer ' les seigneurs ouvriers et Consulz de mer, et de aveucque leurs chappellains, notaire, cscuyers et bastonniers "^ en leurs verges d'argent, tous ensemble sortent du Consolât, doyvent aller oyr vespres et le sermon à Tung des quatre ordres, et est comunément acoustume ^ de aller aux Frères Myneurs. Et ouy le sermon se tournent * tous ensemble au Consolât, et de (f* lO, r°) donnent congié aux seigneurs clercs, viennent les prévostz de monseigneur Saint Cléophas les convoyer*** de aller à Saint Fermyn, pour acompaigner le corps saint de monseigneur Saint Cléophas à Saint Barthol- mieu, et font ce, aucunes foiz en leur luminaire, et aucunes foiz en le luminaire des seigneurs Ouvriers. Et le lendemain, qui est le lundi de Pasques, lesdictz seigneurs Consul, ouy messe, s'en vont à Saint Bartholomieu pour faire en leurs pavailhon, torches et mehestriers, la procession de monseigneur Saint Cléophas. Et faicte la procession chascun s'en va a son hostel, et le vespre" acompaigné de leurs clercs, ouvriers, consulz de mer, en la forme que le jour de Pasques sont allez à vespres et au sermon, vont icellui jour, et vont aux Prédicateurs. Et

* Hameaux.— Avec. ' Demeure en géuéral.— * Consulat. ^ En- voyer chercher.— « Convier. -' Apparileurs.— * Coutume.^ » Hetournent. '• CoDvier. " Soir.

6

86 DIâLBCTBS anciens

quant sont venuz du sermon, s'en vont acompaigner la proces- sion de Saint Fermin, à aller quérir le corps saint de monsei- gneur Saint Cléophas à Saint Bartholomieu. Et le mardi ne vont pas ensemble en aucun lieu.

22. Après Pâques . Elections des Consuls des métiers. On

SE PRÉPARE POUR LA FÊTE DE ChARITÉ

(F* II, r^). Item. Passé Pasques ledit notaire doit adviser les seigneurs Consulz qui mandent quérir* les Consulz des mes- tiers pour rendre Consulz nouvelz, et rendutz Consulz nou- vels, et quant auront jurez, venir a la cloqua de las campanas tiendront conseil sur la manière de faire les Caritatz *.

23. XIX Avril. Procession de Saint Pierre le Martyr

(aux Frères Prêcheurs)

Item. A XIX d'avril est la feste de Saint Pierre le martir, duquel on a chappelle et autier * aux Frères Prescheurs, le no- taire en doit adviser les seigneurs Consulz le jour devant à vespres, devant que s'en allent soupper, que soient demain à la procession, en leurs robbes, pavailiion ® et luminaire, et leurs menestriers. Au cas que les frères Prescheurs ou prédi- cateurs soient venus, le jour qui est la vigille " de monseigneur Saint Pierre, prier aux seigneurs Consulz qu'ilz leur plaise pour venir. Et s'il demande que la grosse cloche sonne, les seigneurs leur doyvent octroyer, car ainsi est de bonne cous- tume.

24. Dimanche après Pâques, procession de la vraie croix

(A Saint-Benoit)

(F° II, v°). Item^ le dimenche de l'octave de Pasques se fait la procession de la saincte Vray Croix de l'esglise de Saint- Benoit, en laquelle procession doyvent estre les seigneurs, en® leur pavailhon* luminaire et leurs menestriers. Et les pre- vostz les doyvent prier et convoyer *<> le vespre devant.

25. 1*^' MAI. Procession de la sainte-espine (a Notre Dame du Chastel)

Item^ le premier jour de May se fait solempnité de la Sainte

* Envoyer chercher. ' Rendus. * Au son, à l'appel des cloches. Fête annuelle de la Charité. » Autel. « Pavillon. - ' Veille. » Avec. 8 Pavillon. »o Assister au convoi, au cortège.

LB CÉRÉMONIAL DE» CONSULS

Î5<

Espine, de Nostre Dame du Ghastel, et le derrenier « jour d'avril, les chapellans du Ghastel, et les prévostz doivent venir au consolât*, prier aux seigneurs consulz qu'il leur plaise que j viengnent en leur pavailhon, luminaire et menestriers .Et les seigneurs consulz leurs octrojent. Et vont, et aveucques eulx font ladicte procession, en leur pavailhon, luminaire et menestriers.

26. n lyiAi. Procession de la sainte croix des Carmes

Item^ a trojs de maj est la feste de la Saincte Croix des Carmes. Et le notaire doit aviser les seigneurs consulz qu'ils V soient en leur pavailhon (f> 12, r°), mais que' les Carmes soient estez au consolât le jour devant pour prier aux sei- gneurs consulz quilz leur plaise que j viengnent en leurs pa- vailhon, luminaire et menestriers, et les seigneurs consulz leur octrojent.

27. XIX MAI. Procession de saint Yves (aux Augustinsj

ileiriy a xix de may est la feste de monseigneur Saint Yves, et se doit faire la procession en Tesglise des Augustins en la forme que les autres, mais les Augustins dojvent venir aux seigneurs consuls, le jour devant, pour leur en recorder et pour les convoyer*.

28. Vbile des Rogations. Les métiers sont priés

d'assister a la procession

Item, le mardi au vespre* dits en avant se fait une cride* que tous mestiers ayent à apporter lendemain, qui est le di- mecres"^ de Rovaizons®, à la procession, les bandieres* de leur mestier.

29. Les trois processions des Rogations (a Saint-Denis, A Saint-Come et a Saint-Barthélémy)

Item le lundi, le mardi et le mercredi de Rovaizons, autre- ment de flogations, se font trois processions, esquelles pro- cessions vont tous les seigneurs (f* 12, v°), consulz, cenom* que les deux jours premiers, comme sont le lundi et le mardi, ae se porte point de pavailhon" ne luminaire, jusques au tiers

* Dernier. * Consulat.— ' A condition que.— * Convier.— '" Soir.— * Cri.— î Mercre.li,— « Rogations » Banfiières.— Sinon —" Pavillon.

88 DIALECTES ANCIENS

jour qui est le mercredi, et icellui jour se porte le paralhon et le luminaire. Et se partissent* les processions. C'est assa- voir, le lundi, qui est la première, partis de Saint Denis, et * se dit ung solempnel sermon. Et le mardi, qui est la seconde, partis* de Saint Cosme. Et le mercredi, qui estladerrenière*, partis' de Saint Bartholomieu, et se dit ung autre sermont par aucun solempnel maistre en théologie, de quelque soit des quatres ordres de pauvreté, et visant et exortant illec le puple* que chascun se mecte en bon état de l'arme'' et que veillent pour Notre Seigneur qu'il veulhe sauver et garder les armes® et corps, et aussi pour les sointz de la terre, porquoy se font lesdictes processions. Et quant les seigneurs ouvriers partissent* du consolât*** ilz s'en vont àl'esglise de (f*I3, r**) Saint Fermyn, et de la partissent** en** la croix de l'esglise, et de l'accompagnent jusques à l'esglyse dont partys*» la pro- cession. Et aussi le accompaignei^t au retourner. Et le lundi ni le mardi ne y sont pas convoyez ^ les quatre ordres, mais si font bien le mercredi. Et le seigneurs consul doivent man- der par leurs chappellains aux quatres ordres, le mardi au ves- pre**, que le le lendemain viengnent à la procession de Rovai- zons<«. Et se doyventadjouster*' à Saint Fermin.Et quant le mercredi le sermon est dit à Saint Bartholomieu, la proces- sion, les quatre ordres premiers, s'en tirent** vers l'ospital*® que estoit de Saint Bartholomieu, et de à Saint Martin de Prunet, et die illec^^ l'evvangile Saint Jehan; et fait le signe de la croix, s'en retourne la procession, par les Frères Me- nors**. Et aucuns ans vers la Recluse de Lattes.

30. FÊTE DE LA CHARITE, ACHAT DU BLÉ, PREPARATION

DE LA FARINE ET DU GRAIN

Item, au moys de may, est la feste de Charité*', et est as- savoir que le notaire du consolât à l'entrée des seigneurs (f* 13, v°) consultz doit avoir ung livre auquel doit mectre et escripre tous les consulz et gardes de tous les mestiers de la ville de Montpellier, ainsi comme est escript en le cappitot^*

< Partent. * Part. » Id. * Dernière. » Part. Peuple. ' Ame. 8 Id. 9 Partent. 'O Consulat. »' Parlent.— " Avec.— " Part. <* Ck>nviôs. «s Soir. Rogations. «' Réunir. •8 So dirigent. "Hôpital. Là. «' Mineurs. " Dite ci-dessus cantfUz (v p. 19, note 4) '< Chapitre.

LE CEREMONIAL DES CONSULS 89

amont*. Et se dojvent observer toutes les causes qui s'onsuy- vent. CTest assavoir que passé Pasques, devant Charité* quinze jours ou trois semaines, les seigneurs consulz dojvent tenir leur conseil en sonnant la cloche du clocher de Nostre Dame de Tables. Et illec ordonner si se fera Charité, ne si se don- nera pain ou argen, ne de quel poix se fera Jle pain. Et entretant * avoir advisé ung de leurs seigneurs clercz, c'est le licencié, pour faire une collation au peuple, de amonester les gens que payent leurs pompes * de la Charité. Et eulx que ne ont nécessité que ne tremectent leurs gens pour prandre pain ne les occupper aux pouvres gens. Et aux consulz des mestiers que lièvent bien et diligemment la Charité et que facent beau pain (f* 14, r**), et que ne facent fougasse ne au- tres despences excessives, et que tout le pain montent au me- lon ', et que quant viendra le lieu que rendent bon compte et leal à leurs sucesseurs. Et que les seigneurs consulz ou le notaire doit adviser les seigneurs que facent acheter quarante quatre sestiers * de belle thouzelle et froment pour faire mille pains, car de quarante deux ne povoient fallir nul pains de quatre livres 3 gros f. pezant en paste**. Et quant tremec- trontle blé au molin, ung ou deux escudiers'* du consolât** y dojvent aller pour ce que le farine se arreze *^ mieulx, et que aucun larcin ne se commecte par le molinier" ne par autre personne; desquelz quarante-quatre sestiers de blé se dojvent faire vin moliectz*', lesquels se dojvent peser à le aller et au retourner** affin que j soit ce que il doit estre. Et le notaire doit faire pour le poix un albaram*' desdictz viii moliectz. Et les seigneurs consulz dojvent (f* 14, v°)pajer au poix pour chascun molies** cinq deniers tornois en la forme que sont tous les autres previlegiez. Et puis la farine se doit descharger au Consolât*'. Et après, le clavaire*^ doit faire son prefait** aveucques quelque boulengiers, qu'il soit bien habile de pas- ter* le pain, et le arenger au four en telle manière que ne soit

* Là-haut, ci-dessus. * Fèie de charilé.— * En même temps. * Coti- sation pour le paie. s Ce que chacun payait pour les secours mutuels.— Fouace. "* Monceau. - « Sélier. ^ Sorte de froment. ** Pâte.

** Ecuyers. "Consulat.— '* Prépare. *^ Meunier.— *î^ Moutures.

••Retour. «ï Laissez-passer.— Moulures.— '^ Consulat.— ^^ Rece- veur municipal. »* Prix tait. - «« Pétrir.

yO DIALECTES ANCIENS

tenu de lui donner riens, ce non* T argent de quoj se accor- deront. Et quant seront d'accord, le boulengier dessusdit doit faire porter sa farinière et son bois et pastière * au consolât car se doit arrezar^ la paste ', et le gruit', son ou bren' qui saillira" de la farine, le clavaire le doit vendre et apour- fiter* aumieulx qu'il poura. Et quant ce se fera, ung escujer*® ou deux au consolât do j vent la estre à Teure que arrezera'* la paste, pource que la farine ne riens ne se cache ne se perde. Et les seigneurs chappellains doyvent estre au four et bien ad viser que la paste ne la farine ne se perde, et ilz (r 15, r°) doyvent pezer le pain en paste, et quant la pre- mière fournée est faicte, Tung des seigneurs chappellains. cellui qui a la ehappellenie de la chapelle du Consolât, s'envient au consolât, et en la chapelle reçoit le pain de. la première fournée. Et le doit escripre, et aussi toutes les autres fournées doit escripre pour savoir s'il a tout son nombre, lequel nombre est de mille pains et de plus, car les seigneurs consulz n'en gastent guaire** le jour de charité que mangent ensemble. Et le clavaire doit faire acheter ung faich*' de fenoulh** pour mectre desoubz et dessus le pain, affin que le pain ne se soulhe.

31 . Suite. Pose des barrières, enseignes et chambres

DE distribution DU PAIN

Item^ tout ce fait, quant vient cinq ou six jours devant le jour de Charité, le Clavaire du consolât, de la voulenté des seigneurs consulz, doit mander quérir** plusieurs fustiers **', pour ce que ne trouve ung que lui face le marché que lui sem- blera bon pour faire les barrières, lesquelles se font au valat *' de la Dogue** des Péliciers** (f 15, v®), de quoj ce font aval*® près le portai de Saint Gruilhem quatre que valent viii pour les mestieres qui s'ensujvent. C'est assavoir pour le Roy, fustiers et periers'*, pelliciers**, sediers^', blanquiers", canabassiers*',

» Sinon. « Coffre à farine. "^ Pétrin. * Apprêter. » PAte. « Gruau. ' Son « Sortira. ® Trofiter. -- Ecuyer. »* Apprêtera ** Guère. Fagot. " Fenouil. -- Envoyer cher- cher. — *" Charpentiers. *7 Fossé. '^ Dougue. Pelletiers. '0 Là-bas " Ceux qui travaillent la pierre, maçons.— *• Pelletiers. '3 Mar<^hanfls dr» soins. ^^ Tanneurs. *' Mirrhamls de chanvre et canevas.

LE CEREMONIAL DES CONSULS 91

rogiers *, mazeliers *, peyssonniers *, sabatiers *, fabres et borgoi^ '. Et se devisent lesdictes barrières en la forme qui s^ensuit: premièrement la barrière du Roj est dessous le portai ' du Peyrou emprès ' la barrière des fustiers et pej- riers, mais que ' est une cbambre emparsoy "•<>, et n'a que un huelh ** pour donner le pain . Et en icelle donne se le pain, pour le Roy, le trésorieY» du palais . Et sobre la barrière est Tensenhe « de Saint Loys. Et doyvent avoir de pain la somme de xic, ou moins ou plus, selon que auront de gens devant leur barrière. Et empres " icelle est la barrière des fustiers et peyriers, devvers la ville, et est une chambre en- parsoy ** et ne a mais *^ que ung huelh par ou se donne le pain, comme à celle du Roy, en" Fensenhe** de monseigneur Saint Jacques (flô, r*). Et doyvent donner le pain, fustiers et peyriers, ceulx que sont consulz du mestier ledit an et l'ouvrier dudit an aveucques eux, si se veult. Et les autres barrières que sont aval *• en bas se devisent en la forme que s'ensuit : premièrement policiers*^ et sediers** ont demye bar- rière, et ne a mais* que ung huelh*^ par donnent leur pain. Et est ledit huelh devvers la dogue ** que entre huelh et la dogue a une carrière** par passent les gens qui prengnent le pain. Et a deux enseignes. Policiers ont l'enseigne de Sede Magestatis et les sediers ont l'enseigne de TAnonciacion. Et avecques eulx se trouvent les blanquiers '• que ont autre demye chambre. Et est ainsi tout une chambre. Et ont les- dictz blanquiers ung huelh par donnent leur pain. Et tou une carrière *^ toute parsoy*® par ou passon*' les gens. Et icelle chambre ne a aucun moien^^. Et ont enseigne de Saint Anthoine. Et donnent le pain lesdictz blanquiers, Item vien- gnent emprès'* canabassiers ^ et espiciers. Et se tiennent tous en une (f* 16, v*) chambre en ** orgiers '*. Et ont lesdictz ca-

Marchands de graias et principilement d*org)\ Bouchers. * Poissonniers. * Cordonniops. ^ Forg»*Pons ^ Bourgeois. ' Portail. ® Auprès. Pourvu que. ** SAparôment. •* OEil- de-bœul. ** Ens?igne. '3 Auprès. '* Séparément . - '* Plus. '• QËil de-bœuf. " Avec. " Enseigne. Là-bas. - Pelletiei^.

«' Marchands de soies.— " Plus.— «3 Œil. - =* Doviguo ^s Rue . ^ Tanneurs.— " Rue. '* Sôpai-ée. Passent *o Séparation, mur mitoyCii *^ Auprès. Mar-^.hands de chanvro^t canevas. -• 33 Avec

•* Marchands de graines

92 DIALBGTBS ANCIENS

nabassiers et espiciers ung huelh par donnent leur pain en leur carrière ; mais que entre la carrière des blanquiers et icelle des canabasssiers a ung travers^ de postz^, affîn que les gens ne se mesclon' quant prendent le pain de une bar- rière à Tautre. Et par icellui huelh donnent le pain lesdictz canabassiers et espiciers, et ont renseigne de Sainte Cathe- rine. — Item après viengnent orgiers qui se tiennent avec- ques les canabassiers * et espiciers, tous en une chambre, comme dit est amon ' . Et est leur huelh ^ par donnent le pain, et carrière ' pour ce, ont l'enseigne de monseigneur Saint Jehan. Item, viengnent après mazeliers* et pojsson- niers qui ont leur barrière en*® sabbatiers", tous en une chambre, majs que ^^ mazeliers etpojssonniers ont leur huelh de vers les orgiers, deux carrières au mjlieu ou au my *•. Et parla donnent leur pain. Et ont renseigne de Saint Paul. (r 17, r°). Et sont en icelle chambre mesmes sabatiers, mais que ont leur huelh de Tautre part devvors la murailhe, et leur carrière par donnent le pain, et ont renseigne de monsei- gneur Saint Andrieu. Jteîn, après viengnent fabres **, qui ont leur barrière aveucques bourgeois « et laboureurs. Et sont tous en une chambre, et ont leur heulh par donnent le pain, et leur carrière devvers la barrière des sabatiers, et est leur enseigne monseigneur Saint Pierre . Et sont en icelle mesmes chambre les seigneui*s bourgeois et laboureurs, et ont l^ur huelh et carrière emprès *• la murailhe, et icellui liuelh et icelle carrière s'appelle la carrière des Asnes, autre- ment des Azes ". Et icelle carrière doit estre plus large que nulle des autres, en telle guise que ung asne ou une beste en penniers *^ ou banastez ^^ chargées d'enfans puissent large- ment passer par ladicte carrière, sans faire domaige aux bes- tialz^® ne aux enfans. Et est leur enseigne Saint Georges. Jtem icelle z. carrière doit estre plus servie de pain que nulle de les autres, excepté (P 17, v*) celle du Roy, que quant

* Traverse, séparation. ' Planches * Mêlent. Marchands de chanvre. * Là-haut, ci-dessus. « CBil-de-bœuf. ' Rue. « Bou- chers.— ® Poissonniers. *o Avec. ** Cordonniers. •• Avec cette diflérence. '^ Milieu. '* Ceux qui travaillent le fer, forgeron. *5 Bourgeois. *• Auprès.— '^ Anes.— Avec paniers.— '• Corbeilles. «0 Bétail.

hK céRÂllONIÂL DBS CONSULS 93

les autres ne ont trente sacbées \ icelle en doit avoir trente cinq pour les estrangiers qui se trouvent mais ' en icelle que en autre par raison de la carrière ^ qui est plus large que ne sont les autres . Et doit ce estre pour les bestes qui j passent. Item le fustier ^ qui fait les barrières est tenu de faire le pavé amont * au molon ' du pain, la tous les mestiers dojvent mectre et poser le pain. Et y faire le taulier "^ du notaire.

32. Mbssb bt repas au consulat. Le pain est apporte

et distribué par les métiers.

Item, le jour de charité tous les seigneurs consulz se ad- joustent * au consolât , bien matin, pour* ojr leur messe. Et le clavaire du consolât doit avoir fait bonne pouvision *', aux seigneurs de disner. Et se fait le disner au consolât, et se appareille **. Et quant les seigneurs consulz ont oy leur messe, ils mandent ** coucher * * au haster les mestiers, que por- tent leur pain. Touteffois lesditz seigneurs consulz doyvent estre les premiers^ quant font porter le pain, après les menes- triers. Et ce fait lesditz seigneurs consulz s'en tournent^' (f* 18, p*) au Consolât, et boyvent ensemble en*' les sei- gneurs Ouvriers ; et quant ont beu ou demj disné eulx mes- mes en *^ les seigneurs ouvriers, a pic ou a cheval si veulent, vont coucher** ou haster les mestiers qui pourtent leur pain au molon *'. Et non ren mains** en font faire une cride ** publique à voix de trompe, criant en icelle manière :

Barons, mande la court du Hoy noatre sire & tous consulz de mestier que penœ de porter son pain au molon. Et qui contra ce fera, etc.

Et quand ce est fait nonobstant la cride, ilz s'entresmellent entre eulx en" lesdictz seigneurs ouvriers, et vont quérir et acompaigner les mestiers.

(A continuer,) Achille Montel.

* Plein sac. * En plus. * Rue. * Charpentier. » Là-haut. « Monceau. ' Table, bureau. Réunissent. * Consulat. '• Receveur municipal.— '• Provision.— ** Sert.— Envoient ** Pres- ser.— '5 Retournent.— '^ Avec. '^ Id. Presser. '^ A onceau. 10 Néanmoins. ^* Cri public «* Avec

DU aE FINAL

EN FRANÇAIS ET EN LAN^l'E d'oC

(Suito)

V. Z = ;>

Il s'agit ici du ; engagé dans la consonne complexe Ui /mouillée). Ce /, si s vient à suivre, se détache de / pour s'unir à 5 et donner à cette consonne de quoi former un son plus sifflant.

Ainsi, au début, Ihs devint /z dans les deux langues. Le z de cette combinaison fut plus ou moins commun et plus ou moins durable, selon les sources diverses du ; qu'il contenait. Il y a trois cas à distinguer :

A. /z = lius ou lios,

Ex. : * Amiraliu^ amiralz ' (Roland) , *nualius nualz (Saint Thomas), melius melz (Boëce, Eulalie, Passion, Alexis, Ro- land, etc.), *consiltus conselz ' (Passion, Job), filius filz (Alexis, Roland, etc.). A cette première division appartien- nent encore grezilz (Roland), orgoiz (Passion) ou orguelz (G. de Rossillon), tous deux d'origine germanique, et les suivants dont 17, sèche en latin, paraît s être mouillée sous l'influeace des formes du génitif pluriel (twm) ou du pluriel neutre (w)» : fedelz, genttlz^ {KolAXïdj etc.), hustilz (Rois), mortalz (Passion-. C'est aussi très-probablement par une forme telle que * camé- lias, qu'il faut expliquer chameis et chameilz, qui sont les for- mes constantes de Roland et des Rois '.

* das oblique aniraill et amirail. Au cas sujet on trouve aussi, mais une fois seulemenl, amirals. C'est évidemment une faute.

' Consolz, dans Saint Bernard

> Voir ci-dessus, pag. 337, un autre exemple de celle propagation do la mouillure du génitif pluriel au\' autres cas.

* Cas oblique gentill et de même avrill (comme exUl de exilium) ce qui prouve bien qu'au nominatif 2z, dans ces mots, = Ihs.

^ Chamoz, dans Job, et au cas obliqua chamoilh,^ Cf. l'esp. camdlo En provençal et en italien, VI de ce mot est restée sèche.

DU Z FINAL 95

Remarque. La règle générale est que, dans cette première catégorie de mots en Iz, lins (ou lios) soit tout entier néces- saire pour former /z. Mais cette règle ne s'applique dans toute sa rigueur qu'à ceux la voyelle précédant H est autre que I ; car dans plusieurs dialectes, et entre autres le français, le second t des mots en ili a pu quelquefois produire z à lui seul. Ainsi s'expliquent les (ormes filz = filium et ^/lï *, /w (pour iilz] :=-l%liumet * lilii, et peut-être quelques autres qu'on pour- rait relever dans les vieux textes*. Je ne sais si H (ou lil) pour iiiium, donné par M. Brachet {Gramm. histor., p. 153), se trouve effectivement. M. Littrén'en cite aucun exemple, et je ne Tai jamais rencontré'». Quant à ///, il est assez fréquent? mais beaucoup moins que /î/z. A cette dernière forme, M. Gas- ton Paris, dans son édition de l'Alexis, a partout substitué la première, bien que filz (= fîlium, /ilii) soit la seule que présentent non-seulement l'Alexis, mais encore le Roland et les Rois et que ce soit aussi la seule qui ait survécu*.

En provençal, je n'ai pas trouvé de filz pour filium ou filii' Cette forme n'est pas non plus dans la Passion, ni dans

* Cf. le sarde fizu, fizos « pLium, fUios.

* HuslUz (-B * usUUia) est sujet pluriel dans H ois, p. 44.

* M. Littré dit que fils et lis de la langue moderne sont les formes an- ciennes du nominatif, qui par exception ont prévalu sur celles de Taccusa- tif. Je crois qu*Jlest dans l'erreur: fils eilis, pour moi, représentent filj'um), Idjinm), et non fil{iu)s, ^lU{iu)s.

* M. Gaston Paris dit à ce sujet, p. 102: « Ce z parait môme suffire à indi- quer que 17 est mouillée d^nsvelz et melz ; on n'avait pas d'autres moyens pour rindiquerdans filz*; et en note :a Peut-être môme est-ce le désir do faim sentir cette l mouillCo qui a porté notre scribe à écrire le mot ainsi, môme au cas régime, Vs, que z représente proprement, n'a aucun droit d'exister, b Et plus loin, p. 108 : c Je n'hésiterai pas à rétablir au cas régime fii à la place de fiiz, l'intérêt que peut avoir pour la prononciation Torthographe du ms. étant suffisamment préservé, si on signale cette orthographe. > Que z ait pu jamais servir à indiquer le mouUlago d'une l précédente, comme le croit M. Gaston Paris» je ne saurais l'admettre. C'est justement le contraire qui, selon moi, est la vérité : Oans les exom- pl«,»s allégués, le z indique non pas que 1'/ est mouillée, mais qu'elle a cessé de l'être On avait, du reste, un autre moyen bien plus naturel et plus simple d'indiquer le mouillage de 17 dans filz, c'était de redoubler 17, comme le fait le Roland dans exUl^ avriU, gentiU-

96 DTALBCTBS ANCIENS

TAlexandre d'Alberic de Besançon*, qui, à cet égard comme à beaucoup d'autres, ont la physionomie plus provençale que française.

B. fe = clu3 ou clos.

Ex. : "Veclus t;e& (Boêce, Roland), melz (G. de Rossillon, Alexis, Roland, Rois), *trabaclm travalz (saint Bernard), yeri- dus perilz (Roland), *soliclus solelz (Passion), *genuclos genolz (Passion, Bêle Erembors), *oclos o/z* ^Passion), uelz (G. de Rossillon), oelz (Saint Thomas).

Le z provenant de cette source fut, comme celui qui avait lius pour origine, cpmmun aux deux langues, et il se maintint aussi longtemps dans l'orthographe . Mais il n'en fut pas de même de celui qui provenait de la troisième source .

C. & = Its.

Ce cas est de beaucoup le moins fréquent, parce que le groupe // ne s'est mouillé que dans peu de dialectes. En lan- gue d'oc, ce phénomène est le moins rare, il paraît plus particulier aux dialectes du Nord (limousin, dauphinois). En français, les seuls exemples constants qu'on en trouve sont dans la Passion, texte à demi provençal. Ex.:

Passion: jalz^^gallus, mantelzsssmantellos^^ belz, elz {illos\ celz, nulz. Exceptions: els (trois fois), cels (une fois) et l'article dels, alSf constamment. Ni Alexis, ni Roland, ni même Saint Léger n'ont de semblables formes. On trouve elz (illos) dans les Rois, nulz dans Saint Thomas, mais ce sont des exceptions.

Boëce : silz {si illos), pelz (pellis), nulz. Pas une seule excep- tion.

Chartes valentinoises, XP siècle. (V. Meyer, recueil déjà

* Ces deux poëmes onl fil pour fiUum, filz pour fUius ou fUios Ce mot, dans Saint Léger, ne se trouve qu'au nominatif singulier, il est fils, conformément à l'orthographe particulière de ce texte. Voir <â-après.

^ OllSj dans la trad. provençale de Tévang. de saint Jean, parce qu*ici l'( restait mouillée ; et, en effet, dans les formes en z de ce texte. ïl était nécessairement sèche, puisqu'elle s'y est vocalisée en u.

3 A la st. 11, mantenls par«, parce que le groupe II, au lieu de se mouiller, s'était dissimilé enn(. Remarquons à cette occasion qu'en môme temps que Vn de cette forme en explique 1'^, nlle trouve elle-même dans cette «'une conûrmation indirecte de son authenticité.

DU Z FINAL 97

cité, p. 159-165): delz, eh, celz, agnelz (très-fréquent); par exception, une seule fois, agnek.

Cartulaire de Romans (ibid., p. 169) : celz, delz.

Sermons limousins, XIP siècle {ibid,, p. 40-43) : alz, elz, aquelz, auzelz, mais non moins fréquemment par s.

Gérard de Rossillon : cabelz = capillos, mais aussi castels, chevals.

Que le z de pareils mots représentât js, c*est-à-dire une com- binaison de r^ flexionneUe avec un son mouillé propre à 17 ra- dicale et qu'elle perdait dans ce cas, c'est ce que prouvent, ce me semble, les formes de cas régime singulier ou de sujet pluriel vell, elt, sill (Boëce), dell, ckastell, Polverell (Charte valentinoise), ell (trad. de Tévang. de saint Jean), // repré- sente certainement le son complexe dont Ih devint plus tard le signe le plus ordinaire.

OBSBRVATIONS.

L De toutes les notations par z, cette dernière ( Iz^lhs) est celle la valeur du 3 a le plus promptement cessé d'être sentie. Régulièrement, le z y étant, comme je viens de l'expli- quer, le résultat d'une combinaison de 1'^ ilexionnelle avec le/ contenu dans Ih, le mouillage de l'/ne devait avoir lieu qu'au régime singulier et au sujet pluriel. On voit pourtant ce mouillage gagner do très-bonne heure le sujet singulier et le régime pluriel, malgré le z qui devait l'exclure. Boëce n'offre pas d^exemple de cette faute; mais il y en a déjà un dans la Pas- sion {$oleîlz)y un également ( Monteilz) dans la Charte valenti- noise déjà citée. Dans Alexis et Roland, l'abus se propage : on trouve dans le premier oilz, fedeilz à côté de vielz, melz; dans le second, fedeilz^ cameilz{si\issicamelz)^ soletlz, vernieitz^ veillz (concurremment avec velz^ vielz)^ oilz^ orgoilz^ genuilz^ mais toujours melz ou mielz. Mémo proportion dans les Rois. Le mouillage ayant ainsi à peu près partout gagné tous les cas et le z n'étant plus par conséquent que le suppléant de l'^. il était naturel et légitime qu'il cédât à cette dernière lettre une place qu'il avait perdu le droit d'occuper, et c'est en effet ce qui arriva, avec plus ou moins de lenteur et plus ou moins de gé- néralité selon les dialectes.

On trouve déjà miels etfils^ à côté de filzy dans l'Alexandre

9S DIALECTES ANCIENS

d*Alberic de Besançon ; oil$ et orgoiis, à côté de oilz, orgoilz beaucoup plus fréquents, dans les sermons de saint Bernard; et il n'y a plus dès le XJII* siècle, en langue d'oïl comme en lan- gude d*oc, que des traces clairsemées de l'ancienne ortho- graphe par z en de pareils mots. Le 2 a même disparu dans ceux il avait tous droits d'être maintenu, leur / n'ajant pas été remouillée, comme fils, As, mieux, vieux»

IL Quelques dialectes non-seulement ne mouillaient pas Tgéminée, ce qui en français, on l'a vu, était la règle, mais encore asséchaient le Ih ( = /i ou cl) des autres dialectes *. Ainsi s'expliquent dans saint Léger fils, ois {oculos)^ sans comp- ter nulSj ùelSf els. Ce texte, en cela très-différent de la Passion contenue dans le même ms, n'a pas une seule fois z après /.

III.— Reprenons les formes primitives en lz=^lhs, pour con- stater une double modification qu'elles pouvaient subir et qu'elles ont en effet subies dans plusieurs mots :

l°L'/pouvait tomber. Cette chute, dont lis estpeut-être la seule trace que la langue actuelle ait gardée, paraît avoir été fré- quente dans le dialecte bourguignon. Ainsi Job a/12, /iz\ solez, oez (oculoz ), mieZy orguez, chamoz; Saint Bernard, soloz (*soli- culusj.

2^ L'/ pouvait se vocaliser en u (nouvelle preuve, remarquons- le bien, qu'elle avait cessé d'être mouillée). Ce phénomène fut très-fréquent, et il on reste dans la langue moderne d'assez nombreuses traces, dont les plus remarquables sont les pluriels en atix et en eux de plusieurs noms en ail et en eil, pluriels qui resteraient inexplicables, si 17 des formes de régime pluriel en ait et en elz, d'où ils proviennent, avait gardé la mouillure du des formes correspondantes du régime singulier.

Les plus anciens exemples que j'ai relevés de cette vocalisa-

. * Cet assèchement de //i se remarque aujourd'hui dans les dialocles mé- ridionaux de la langue d'oc Ainsi le Janguedocicn dit soulel ou sourde le provençal soal u. II en était déjà probablement ainsi au moyen-ùgo.

' Cette forme est fréquente dans les Rois. C'est du reste, en réalité celle qui a survécu, puisque nous ne faisons pas sentir 'îans la prononcia- tion VI de fils. Job ('ont fUh -- fUii, ce qui, joint à la chute de 17 au cas sujet, prouve biun que \o 2, contr;iiremenlà l'opinion do M. G. Paris, nu pouvait avoir pour rôle d'indiquer que celte l était mouillée.

DU Z FINAL 99

tion en v de 17 résidu de lA devant z appartiennent à la langue d'oc. Ce sont les suivants :

Boëce : eux =(?/z (c(. dans le même texte : silz, petz, nuizj.

Trad. prov. de TËvangile de saint Jean: deuz, euz, aqueux. Le même texte donne ell =r tV/tim, preuve que 17, d'où pro- vient Vu de deta, euz^ aqueuz^ était bien aussi originairement mouillée.

Les premiers textes français, les Poëmes de Clermont, Alexis. Roland, les Rois, Job, Saint Bernard, n'offrent pas d'exemple de cette vocalisation de 17 provenant àe Ih, non plus d'ailleurs que de celle de 1'/ originairement sèche ^. Mais le phénomène dès le XlIP siècle est devenu fréquent, et on trouve alors mieuz, ieuz (oculos), soleuz ou solauz (*foli€ulusJ, travauz^ vermeuz, vieuz^ etc., etc. Le z dans ces mots est naturellement, selon l'habitude qui, je l'ai déjà dit, prévalait à cette date, le plus souvent remplacé par s et déjà même quelquefois par x*. C'est, comme on sait, cette dernière orthographe qui a fina- lement triomphé dans les mots de ce genre, et en général dans tous ceux en au et en eu (excepté ùleu), quelle qu'j soit la source de ces pseudo-diphthongues.

Je donne ici la liste de tous ces mots ou formes en aux et en eux = alz, elz = ails, eïà, qui ont survécu.

Sing. ail, plur. aux :

Ail, aulx; bélail fbestiailj, bestiaux; bail, baux; co- rail, coraux; émail, émaux; plumail, plumaux; sou- pirail, soupiraux ; travail, travaux: vantail, vantaux^. Les

' Un petit poëme dévot du XIl* siècle, publié par M. G. Paris, offre ieuz =^ lelzp}\x?Uiz {Uiium\ On trouve aussi meuz h celé de melz dans Sâînt Thomas.

- L'.T. dans rorlhographe de quelques dialectes au XIU» siècle, par exemple le picard, figure uv à lui seul. Ainsi Herman de Vaienciennes écrit coQSlameiU DeCD ou Dix ( Deus), vix ( = vhis = vils = vedus), Jix (= fius ^ fils=fi'.ius ), àiax ( biatts -.-: bellus\ iex (= ieus =- ocu- loi). Mais le sentiment de cette valeur toute conventionnel' e de Vx s*éiant, à ce qu'il semble, promptement effacé, Vu ne parut plus représenté et on le préposa à Ta*, que l'on maintint néanmoins en lui nttribuant le r41e de suppléant normal do Vs après u. Plus tard, le pédanlisme des XV-XVl* siècles fit encore reparaître 17 dans les mots Vu \ avait rcm- plarô, et l'on eat chevauix, iravaulx. ieulx, etc.

^ Ajoutoas amirattx et métaux, dont le singulier amirait, métail, a également perdu la mouiUuro primitive, ce qui i^nd ces noms identiques

100 DIALKOTES ANCIENS

autres substantifs en ail font maintenant leur pluriel en aiis . Tels sont bercail, portail, camail, détail, poitraiL

Sing. eil, plur. eux :

Œil^ yeux ; vieil, vieux; et de même l'adverbe mieux = mielz = melius.

Normalement, vieux ne devrait servir qu*au pluriel; mais nous l'employons aussi et, aujourd'hui, beaucoup plus souvent que vieil, au singulier. 11 représente alors l'ancien sujet singulier, exceptionnellement conservé, vielz = veclus, et se confond dès lors avec le régime pluriel qui avait nécessairement la même forme. Tous les autres noms en eil font aujourd'hui leur pluriel en eils : soleil, soleils; vermeil^ vermeils, etc. •.

VI

En résumé, s pour ts ou ds, nz pour ns, n avait gardé un son distinct, z pour c doux, z pour ti ou chi, Iz pour Ihs, tels sont les seuls emplois, et les emplois constants, du z finale dans les mo- numents primitifs de la langue d'oïl et de la langue d'oc. Les exceptions, de la Passion aux Rois inclusivement, y sont extrê- mement rares. J'ai noté précédemment, au fur et à mesure, les exemples qui s'y rencontrent de la substitution de 5 ou j? à s . Quant à l'emploi du z en dehors des cas énumérés, on le con- state plus rarement encore que celui de s ou de x pour z, et il est probable que ces infractions à la règle ne sont que des lapsus de scribe. On n'en peut douter pour a^nez = asinus, seule faute de ce genre que l'on remarque dans la Passion, non plus que pour espinaz = spinas, exemple également unique de l'abus du z que présentent les sermons limousins publiés par M. Paul Mejer.— L'Alexis n'en a aucun. On trouve dans Saint Léger (1, 2 ; 9, 2) sancz à côté de sangs et dans Roland mulz fmulusj, mainz (manus), quenz (cornes), fautes excep-

en tout à ceux en o^d^origine, tels que ammal.^W pourrait se faire pour- tant que métal ne fût pas une réduction de mélail et que chacun de ces mots eût une origine dinôronte, savoir : méla\^ melaUum et fnélaU, * metaUeum (cf. maille de*metallea),

' Dans quelques dialectes de l'ancienne langue, celte finale eil se ren- forçait en ail. De solail, solaux;-verniaH, vermaux, etc. Il nous reste une de ces formes en aux «^ eils ^lfins apparaux, dowhloif & signification plus spéciale, du pluriel normal et courant d'appareil.

DU Z FINAL 101

tionnelles et très-clairsemées. Les Rois offlrent muh (comme dans Roland), requierz frequœrisj, vienz (vents), serfz fservusj, concarremment, comme dans Roland, avec les formes cor- rectes beaucoup plus fréquentes. Dans les textes subséquents, grâce à la confusion entre s et f qu'avait rendue facile roubli de la valeur du z, Tabus de cette dernière lettre se pro- page de plus en plus, et on la voit prendre assez souvent la place de Ys, après toutes les nasales ou après toutes les /, et même Fusurper dans tous les cas. C'est ainsi qu'on lit dans Job, texte à d'autres égards si correct : malz, grevalz, queilz, teilz ou queiz teiz fquaUs, taUsJ, spirituetz; dans Saint-Bernard, briez fbremsj, tenz (tempus), viveranz (vivrons), donz(donc), re- zaiz (recipe). Mais ces fautes^ dans ce dernier texte, sont assez rares, la substitution àe skzj étant beaucoup plus fréquente que l'abus du z, ce qui est l'inverse dans Job. On Mipkinz, chanz, prockainz, blanz, cruelz, dans le Roman de Troie * ( ap . Bartsch, 125) ; rienz, suenz, bienz, dans le Châtelain de Coucj {ibid. 227); paradiz, marckiz, miz (missus) dans Garin Lohe- rain (iMi. 53). Parmi les emplois abusifs du z, il faut noter par- ticulièrement celui cette lettre représente une labiale -f- s. Le cas se présente assez fréquemment pour qu'il soit permis d'j voir l'indice d'une tendance assez marquée, dans certains textes du XIII* siècle, à représenter par z la combinaison du s final avec les labiales comme avec les dentales. Quoi qu'il en soit, cette orthographe ne réussit point à prendre pied, et toute trace en a depuis longtemps disparu *.

Il n'en a pas été de même d'un autre abus duz, qui paraît ne s'être introduit qu'au XIV* siècle. Celui-là dure encore : je veux parler de la substitution de cette lettre à 1'; dans les mots nez, chez, rez (àe nasus, casa, rasus), substitution amenée évidemment par un sentiment mal éclairé de la régularité, la sifflante qui suivait l'e dans presque tous les autres mots étant z, ce qui devait être^ puisqu'elle j représentait ts.

Camille Ch\baneau . Cognac, le 30 mars 1874.

* Ce même texte offre concurremment, pour hellos, les Irois orthogra- phes : beauXt beaus^ beauz.

* Bn voici quelques exemples des plus anciens : natiz (nativus), dans r Alexandre d'Alberic de Besançon ; saz (sabs), dans G. de Hossillon; se* (id.), dans les Rois; baiUiz et deiz {debes), dans St. Thomas; corz (corpus).

102 DIALËCTH8 ANCIBN8

P. S, En traitant ci-dessus (IV, z ss /i) de H ûnal atone, j'ai omis de mentionner, avec it, ch (g) et z, une quatrième forme particulière au provençal et résultant, comme celles-ci, du maintien de Vi de cette finale. C'est, pour toti par exemple, ^tuih ^ TA représente un i consonne, comme dans les combi- naisons Ih etnA. De tuth dérive, moyennant la chute du t, tuk, forme beaucoup plus fréquente et qui est constante dans quel- ques manuscrits.

En dehors de ce mot, le maintien, sauf semi-consonniâca- tion, de Vi des nominatifs pluriels en H, est assez rare. On ne le remarque que dans un petit nombre de textes, dont le plus important est Girard de Rossillon (ms. de Paris). Cet t y est toujours représenté par h, et je n'ai pas relevé d'autre exemple que le tuth cité plus haut le t précédent ne soit pas tombé*. Je donne ici ceux dont j'ai gardé note de A -■ ti:

Girard de Rossillon, v. 155: tuk obrah (toti operatij ; car- gah; 198-199, molah, crevantah; 565, entalak; 1038, muh fmutij; morh fmortui);

Ferabras, dans Raynouard, Lex. roman, 1, 306, venguh;

Règle de St-Benoît, dans Bartsch, Ghrest., 225-228: tuh gamih, lieli establih.

M. Diez parait n'avoir pas reconnu l'origine de l'A de ces formes ; car, dans sa Grammaire (trad. fr. I, 376), après avoir constaté que l'orthographe provençale figure quelquefois par A l't consonne, même en dehors des groupes Ih et nh *, il ajoute : H Enfin on trouve A pour ^ final, comme dans crevantah, molah^y, sans faire attention que ce cas rentre dans le précédent. Si A était seulement pour t final, comme il le dit, on trouverait aussi bien tuh, obrah, muh, pour totutn, operatutn, mutum, que pour toti, operati, muti, et cela n'a pas lieu. C. C.

f' juin 1874.

dans Garin le Loherain; tenz [tem^nU) et hriez (brevis), dans St. Bernard ; 8€Z {sapis) dans le Myst. d'Adam; irez (/raèw), dans Villehardoura.

* Voy. P. Meyer, Recueil d'anciens textes^ 141, 120.

^ On peut y ajouter rathz {radius), baihz (*badius), meUM {médius). qu'on lit dans le Donat provençal, bien que le t y provienne de d et que Vi n'y fût pas final.

' Sur cet emploi de Vh en provençal, voir ma Grammaire limousine, tom. IV, p. 79 de cette Revue.

DIALECTES MODERNES

PROVERBES ET DICTONS POPULAIRES

RBCUEILLIS A COLOGNAC

Si le sous-dialecte languedocien simultanément parlé à Cïolognac^, dans les cantons d'Anduze, de la Salle -St-Pierre, de Saint-Hippoljte-du-Fort, et en partie dans ceux de Sumène et de Saint^ean-du-Gard, n^était étudié que chez ceux qui en /ont un usage journalier, à côté de beaucoup de vocables dans lesquels se reconnaît, dès Tabord, la pure langue d'oc, on pourrait en noter un assez grand nombre d'autres qui, sous Tinflaenee du français, se sont complètement transformés; mais ces derniers ne sont devenus ce qu'ils sont que depuis une trentaine d'années. Vers 1840, on trouvait encore, usité à Colognac et dans les lieux circonvoisins, sous une forme moins grossière, il est vrai, presque tout le vocabulaire de l'abbé de Sauvages. On n'y eût pas entendu prononcer alors glouèro pour glorio, memouèro pour memorio, cùunfienso pour fiança, fisanço, cretièn pour crestian, amitié pour amùfaty réso (réseau) pour garbèlo, bando (de terre) poui faisso, fringo, etc. On l'entend aujourd'hui, et malheureuse- ment notre région cévenole n'est pas seule à faire ainsi.

Contre cet entraînement général, qui tend à faire dispa- raître le caractère du languedocien, il est bon de^ réagir sansj retard et de chercher à lui rendre cette naïveté qu'il a en partie perdue.

Quoique altéré, l'idiome de Colognac offre encore beau- coup d'intérêt et mérite d'être examiné avec soin.

' Petit village du oanlon de La Salle-Saint-Pierre, arroDdiflaement du Vigan (Gard).

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Et d*abord il peut nous aider à mieux étudier certains mots d* autres dialectes, qu'on a donnés avec une signification in- complète. Est-il certain, par exemple, que le wallon champi signifie seulement mener paiire ? (Littré, But. de la long, fr., tom. II, pag. lôO.) Nullement. Avant de vouloir dire mener paître, il doit avoir eu le sens plus général exprimé par son parent languedocien, par notre campejà, c'est-à-dire celui de « chasser, pousser devant soi, conduire. »

D peut ensuite éveiller Tattention des esprits sagaces et leur demander d'expliquer ceux de ses mots qu'enveloppe encore quelque mystère. Quel service lui rendrait, en effet, celui qui pourrait nous donner les étjmologies de la Sieugo, coteau boisé ( sur l'un des versants méridionaux de la mon- tagne du Cajrel, au sud-ouest de Colognac ), que je soupçonne fort être une traduction du latin silva; de buégo*^ qui, à Saint- Hippoljte, est un terme employé par les enfants, quand ils veulent dire : u C'est assez ; à sotte question, pas de réponse, passons ; x> - de Lilleto, qui figure dans la ronde :

Al branle de LilleCo, Matante Guilfaaumeto, S'assèto pèr lou sèu : Coucou

qu'on serait tenté de comparer avec la LiUth qui, selon le Talmud, fut la première femme d'Adam et l'une des quatre mères des démons { en hébreu , Liliih, spectre nocturne, qui fait du mai aux enfants); et de gai, « hauteur, élévation, col- line », terme très-familier aux Cévenols, qu'on trouve avec le même sens dans le celtique, le sanscrit, l'arabe et l'hébreu.

Il ne faut pas oublier, enfin, que le languedocien possède à un très-haut degré le sentiment des convenances, et que, sans pruderie, il s'exprime en bons termes sur les choses et même sur les personnes ; qu'on ne croie donc pas qu'il puisse seu- lement s'occuper de ce qui est vulgaire et trivial. Doué de fiexibilité et d'énergie, joignant la précision à la hardiesse des images, il donne la forme la plus concise aux sentences et

' Cf. italien tn'era, chose dite en passant, et vieva, alloDS, allons \ allons doncl ^ Cette ronde existe, à quelques variantes près, à Montpellier.

PROVBRBBS RECUEILLIS A COLOGNAG 105

aax maximes et rend sensibles les grâces de la poésie. À preuve, les dictons : o Estaco tèn », a Trop" cap pan toc », a Que trèpo lèpo », «— « Malos gens sou trop », qa*aurait enviés Tacite, et la propriété qu'il a de traduire presque mot pour mot les vers latins sans trop diminuer leur charme. Qu^on en juge par la version suivante des cinq derniers vers de la première églogue de Virgile :

PamsDs pos embô ieu ti jaire, aquesto nièch. Dessus la broundo fresco : ai de fnicbo maduro, De telos, de calhado, e vel déjà sourtis Lou fum de la masèlo allai dessus l'auturo, E Toumbro del naut mount pau à pau s'espaudis.

Qa^on juge aussi de sa douceur par ce quatrain, en sous- dialecte d'Anduze, que Florîan fait dire par une de ses ber- gères:

Tircis es mort, pecaire I

Ausselous/plonràs-lou ; Flouretos, pèr mi plaire. Tanjùs vostro coulou l

Le langage de Colognac procède à Fordinaire par figures, et, pour donner une idée de notre manière d'être, de nos qua- lités ou de nos défauts, pour rendre les mouvements de Fàme, nos passions, nos sentiments , il se sert des termes qui, dans la vie matérielle, expriment des choses ou des mouvements analogues. D'une jeune personne qui se pare à l'excès, il vous dira qu'elle porte mas e camàs ; d'un enfant qui dépérit à Tue d^œil : « Jamais noun porto clapo en mountagno » ; de quelqu'un qui agit avec lenteur : « Fs vieu coumo l'aigado de Massot (au bout de cent ans, elle fit éclater le tonneau) »; de quelqu'un qui vient de mourir: a Es davalat del cade )> ^ etc.

Cest ainsi qu'il rencontre souvent l'expression la plus juste et la plus heureuse, sinon la plus élégante. Et que serait-ce si, pour augmenter ses ressources, il pouvait recouvrer bon nombre de ces vieux mots qu'il possédait autrefois ?

Pour les lui restituer, j'ai voulu voir sous quelles formes il s'est produit dans le passé en étudiant, à défaut d'autres mo- numents, les noms de personne et les noms de lieu, les chants et les contes, que l'on entend encore pendant les longues veillées de l'hiver, et surtout les proverbes, cette expression pittoresque de l'expérience de nos pères. C'est quelques-uns

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de ces derniers, recueillis à Colognac, que j'offire aujourd'hui à ceux qui s'intéressent à ce genre de recherches.

II n'est guère possible, on le comprendra, de recueillir en ce moment beaucoup de ces dictons généraux et courants qui forment le fond des recueils de la Bugado, de Sauvages et